Spectacle
concçu et mis en scène par Rodrigo García,
avec Patricia Alvarez, David Carpio, Amelia Diaz, Ruben Escamilla,
Juan Loriente, Nuria Lloansi, David Pino, Daniel Romero, Victor
Vallejo et Isabel Ojeda.
Rodrigo Garcia, metteur en scène, dramaturge et vidéaste,
a fait de la contestation sociétale, avec notamment le
consumérisme galopant et le décérébrant
matraquage informationnel, son credo théâtral en
choisissant comme il le dit de "combattre depuis l'intérieur
du système" pour "un combat philosophique et
poétique financé par l'argent public" et
a choisi le corps comme lieu de questionnement du monde.
Repoussant les limites de la farce, du grotesque, du burlesque,
du transgressionnel et de l'obscénité, ses spectacles,
dans lesquels interviennent tous les codes performatifs, ressortissent
davantage de la performance-action que du théâtre
au sens traditionnel du terme bien qu'il rejoigne le théâtre
dans le sens où il travaille sur des symboles, qu'il
considère comme les seuls moyens formels de poser des
questions sans toutefois apporter de réponse, et non
sur le réel comme pouvaient le faire certains artistes
actionnistes des années 60-70
Le dernier spectacle en date, "Versus",
qu'il qualifie de "proposition", se présente
comme une sorte de condensé de ses thématiques
récurrentes, dont la nourriture, la passivité,
l'ondinisme et la violence avec l'ambigu rapport bourreau-victime,
qu'il balance sur scène de manière déflagratoire
sous forme de scènes sans linéarité qui
tente sinon d'attaquer les certitudes des spectateurs du moins
de proposer d'autres images pour susciter le doute cathartique.
Plateau dévasté, proférations distanciées
ou pas, simulacre de cuisson d'un lapin vivant dans four à
micro-ondes, substitution d'une femme à un agneau qu'on
sacrifie, singe animé tyrannique et brulôts musicaux
de riot grrl se succèdent générant un flot
de paroles et d'images non consensuels qui sont autant de stimuli
élémentaires et violents que dispense l'extraordinaire
troupe de la bien nommée Compagnie La Carniceria teatro.
Le problème est d'apprécier l'impact de ce mode
d'interpellation. Pour ceux qui découvrent le travail
Rodrigo Garcia, la réponse est parfois la fuite, d'où
les vagues hémorragiques intervenant au cours de la représentation.
Pour ceux qui reviennent, il n'est pas sûr que la répétition
du mode opératoire possède une vertu purgative
car on s'habitue à tout. Quoi que. |