Louis.
Quel chanteur se cache derrière ce seul prénom ?
Un nouveau "héros" de la télé-réalité
? La nouvelle idole des enfants ? Pourtant à l’écoute
"D’apparence en apparence"
, le premier extrait de son premier album éponyme, on imagine
Louis en jeune homme grave, à l’instar de sa voix,
romantique et ténébreux à souhait, bien loin
de la télé-réalité justement !
C’est pleine de ces interrogations, la curiosité toute
aiguisée par les conseils d’un ami musicien, que je
me suis rendue au Nouveau Casino, mercredi dernier, bien décidée
à percer le mystère Louis et prête à
aller au-delà des apparences…
Après une première partie assurée par le très
énergique groupe Aladin dont la
prestation trop courte à mon goût m’a laissée
sur ma faim et que j’aimerais revoir (Fred ce message est
pour toi !) puis par Stéphane Mondino,
au style plus convenu, Louis arrive sur scène.
Très vite, il va s’emparer de la scène et du
public avec une belle énergie. Alors que je m’attendais
à un concert intimiste, aux accents mélancoliques,
c’est un cocktail de vitalité et d’enthousiasme
que va nous servir Louis. Il va pendant une bonne heure jouer les
différents titres de son album dont bien sûr D’apparence
en apparence , bissant les plus rythmés ("Leylie
Brown" et "Club dancing")
en emmenant la foule en chœur dans son sillage. Tantôt
émouvant, tantôt empreint de bonne humeur, il égrène
ses chansons, mêlant poésie et émotions variées.
Il sait solliciter son public qui le suit, tout à lui…
D’une grande générosité, c’est
pourtant derrière une large frange qui lui tombe dans les
yeux qu’il se cache. Cela ne l’empêche pas d’observer
les moindres réactions de son public. Ses yeux ne cessent
de parcourir l’assistance pour se réconforter peut
être. Hésitant dans ses attitudes, remettant sans cesse
le micro en place, on sent qu’il veut bien faire.
Mais que Louis se rassure, sa fraîcheur et les larges sourires
qui ne quittent pas son visage, contribuent largement à séduire.
Pourtant Louis n’est pas un nouveau venu. Chanteur du groupe
Glam-Rock IKA, il a écumé
pendant deux ans les scènes parisiennes au sein de cette
formation qui fait parler d’elle pour ses prestations scéniques.
Sa retenue n’est que plus attachante.
Mais n’oublions pas sa voix, chaude et grave, d’une
grande sensualité. Loin de rechercher les prouesses techniques
dont il serait largement capable, Louis préfère chuchoter,
chanter dans un soupir, privilégiant l’émotion
au détriment de la performance pure. Il fait résonner
les mots dans un murmure. Quel délice pour les oreilles !
N’oublions pas non plus ses compositions car Louis est avant
tout un auteur-compositeur. Ses textes sont bien ficelés,
leur structure varie d’une chanson à l’autre.
On sent qu’il a choisi chaque mot, l’a pesé,
ressenti, pour en saisir la musicalité. Ses mélodies
enfin, graves ou légères mais toujours très
colorées, posées au piano, à deux ou quatre
mains, apaisent ou électrisent. Louis réalise la prouesse
de ne pas faire rimer légèreté avec futilité,
ce qui est plutôt rare !
Daniel Darc, dont le dernier album
Crèvecœur est unanimement et à raison salué
par la critique, son premier fan, est là pour le soutenir.
Présent dès le début de la soirée pour
écouter les deux premières parties, c’est avec
une attention toute particulière qu’il assiste à
la prestation de Louis, au premier rang d’abord, ensuite discrètement
installé sur la scène. Il croit en Louis et va même
prendre le micro pour nous le crier et lui promettre un bel avenir.
Quel "parrainage" ! Chapeau !
D’aucuns diront que Louis est la "suite logique des
Cohen, Gainsbourg et Daho" (France Inter). Joli compliment
s’il en est mais lourd héritage à porter ! Je
ne me risquerais pas à de telles comparaisons, de peur que
Louis ne croule sous la pression ou ne s’endorme sur ses lauriers.
Louis a un style bien à lui, non dénué d’influences
mais il fait preuve d’originalité et d’un optimiste
qui apporte un nouvel éclairage à ces influences.
En ce qui me concerne, je me suis empressée d’aller
acheter son CD pour prolonger ce joli moment et depuis, je l’écoute
en boucle ! Vous l’aurez compris, je suis littéralement
tombée sous le charme, d’ailleurs Louis, si tu lis
ces quelques lignes…
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