Alison Mosshart des Kills, Jack Lawrence des Raconteurs, Jack White des White Stripes et Dean Fertita des Queens of the Stone Age ont décidé, comme ça, d'enregistrer une dizaine de morceaux, en marge de leur groupe respectif.
Mon sentiment est que... waouh, il s'agit là d'une véritable bombe mêlant des univers blues, rock garage et psyché typiquement américain.
Ce Horehound dévoile de sacrés bonnes compos, où chacun se lâche à fond, sans calcul.
Ça commençe les doigts dans la prise, ça envoit sec sur de terribles envolées/rugissements de guitares "hendrixiennes" ("60 Feet Tall").
Sur "Hang you from the heavens", autour de la voix rock et sensuelle de Alison Mosshart, une rage rock'n'roll se déploit et l'on découvre alors un Jack White déchaîné sur les fûts, martyrisant aussi bien les cymbales que les caisses. La guitare grasse derrière accompagne plus les accélérations de Jack que l'inverse.
Le groupe délaisse une chouille l'energie pure pour se laisser aller sur une bizarrerie telle que "I cut like a buffalo". Dicté par l'orgue de Dean Fertita, semblant hésiter entre tournure reggae, ambiance film d'horreur et inquiétante ballade étiquettée The Doors, ce morceau est bien secoué comme il faut, d'autant qu'à deux, Jack et Alison y livrent une joute vocale étrange.
Décidément, c'est encore la batterie qui fait sa loi sur "Treat me like your mother" (quel titre ambigu !), intenable, partie dans tout les sens, juste accompagnée d'un clavier au son bizarre.
Jack, White et Alison ne chantent pas, ils nous assènent plutôt un rap furieux à la Beastie Boys, à la limite de l'engueulade (voir le clip).
Que dire de ce "Rocking horse" où on se délecte littéralement de cette ambiance âpre des vieux rock-garage posés à l'ancienne façon The Cramps, à peine perturbé par ces embardées nerveuses à la guitare. Quelle vraie reprise du folkeux "New pony" de Dylan.
Ici, place à un rock'n'roll furieux, je m'extase devant les riffs et solos de guitares (encore "hendrixiens") du membre de Queens of the Stone Age, avec toujours et encore ces changements de rythme et roulements délicieux à la batterie.
Grâce à un bon clavier, un batteur tripant, et des accords à la guitare subtils, l'inquiétant et expérimental "3 birds" montre aussi que le groupe peut aussi livrer un dub des plus aboutis.
La galette se termine en douceur, la grande classe, par "Will there be enough water" envoûtant blues caverneux à la Van Morrison, où Jack White reprend le manche sûr d'une guitare acoustique magique.
Avec un peu d'imagination, en fermant les yeux, un vieux Jack Daniels à la main, on se croirait dans la chaleur moite de la Louisiane.
Vite torché en quelques semaines, ce Horehound – qui, au passage, a dévoilé au grand jour un Jack White démoniaque à la batterie – est-il un gros pavé dans la mare du rock alternatif actuel ou juste un gros boeuf jouissif entre potes autour de quelques verres ?
Ces quatre furieux seraient prêts à se remettre au boulot cet hiver pour un deuxième opus, à ce qu'on dit.
Dans la pure tradition américaine, vont-ils nous faire un album de Noël ?
Si oui, il sera probablement censuré. |