Comédie
de Jean Canolle, mise en scène de Jean-Laurent Silvi,
avec Axel Blind, Marina Cristalle, Jean-Laurent Silvi, Denis
Souppe, Frédéric Guignot, Niels Adjiman et Jacques
Ciron.
La jeune Compagnie Les Comédiens de la Petite Comédie,
créée par Jean-Laurent Silvi, jeune comédien
et metteur en scène formé à l'école
de Jean-Laurent Cochet, présente en création parisienne
à la Pépinière Théâtre "La
jument du roi" une comédie irrésistible signée
Jean Canolle, scénariste et auteur dramatique récemment
décédé qui connut la notoriété
dans les années 60, créée il ya juste un
demi-siècle et qui n'a pas paris une ride.
Cette pièce se présente comme une aimable variation
truffée d'humour conçue à partir d'un fait
historique, à savoir le mariage non consommé du
roi Henri VIII d'Angleterre avec la princesse Anne de Clèves.
Deux personnages bien différents au physique comme au
mental dont la cohabitation rendue inexorable par un mariage
politique n'est pas des plus réussie.
Elle, grande autrichienne solidement taillée, que le
roi surnommait "la jument des Flandres", vieille fille
sur le retour simultanément bas bleu et bonnet de nuit,
confite dans l'ignorance des choses du sexe. Lui, grosse barrique
paillarde. Deux contraires qui, contrairement au dicton populaire,
ne s'attirent pas du tout et Jean Canolle en fait son pain béni
notamment pour l'épisode le plus épique de leur
brève vie conjugale qu'est celui de la nuit de noces.
Lui, sans élan, elle réclamant néanmoins
d'être troussée pour que son honneur soit sauf,
et un troisième larron dans le lit matrimonial qui n'est
autre que le conseiller chargé de traduire les propos
des deux protagonistes, chacun ne comprenant pas la langue de
l'autre, ce qui abouti à des dialogues désopilants.
Voilà pour l'intrigue. Pour le style, mieux vaut se
référer à la note de présentation
de Jean-Laurent Cochet qui en fait une synthèse parfaite
: "… de la paillardise rabelaisienne à la
tendresse de Musset. Tout l'esprit français au service
de l'humour britannique".
Sur scène, les comédiens, dont la quasi totalité
sont issus du fameux "cours Cochet", dispensent un
pur moment de bonheur et de divertissement.
Aux côtés de Jacques Ciron, inénarrable
chancelier flegmatique, Niels Adjiman, en peintre Holbein portraitiste
officiel du roi qui usait déjà du correcteur d'image,
Frédric Guignot et Denis Souppe en politiques concurrents,
tous très drôles et très justes, un trio
de choc particulièrement à l'aise et techniquement
sans faille.
Impossible de résister à la verve et à
la drôlerie de Marina Cristalle, Axel Blind et Jean-Laurent
Silvi, qui appartienne l'équipe pédagogique de
Jean-Laurent Cochet et qui sont la preuve éclatante de
la pertinence de l'enseignement de ce dernier. |