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Interview  (Paris)  mars 2004

Musicien, Pierre Bondu a d'abord mis son talent au service des autres,parmi lesquels et non des moindres Dominique A, Miossec ou Katerine. Aujourd'hui avec l'album "Quelqu'un quelque part" il quitte le backstage pour venir en auteur-compositeur-interprète investir la scène musicale française.

Sincère, spontané et attaché à la qualité des relations humaines plus qu'au show-bizz, il a accepté de nous accorder cette interview en dehors du timing contraignant des campagnes promo.

Merci aussi à Léa de PIAS d'avoir intercédé en notre faveur.

Etes-vous réellement autodidacte ?

Pierre Bondu : En réalité, j’ai fait du piano quand j’étais jeune, solfège et piano entre 6 et 8 ans. Ma mère jouait du piano ainsi que mes deux sœurs. J’évoluais donc dans une ambiance musicale. Au bout de 2-3 ans, j’en ai eu marre parce qu’en fait le piano ne me plaisait pas comme instrument et les cours de piano ne m’intéressaient pas. J’ai donc laissé tomber la musique et ce n’est revenu qu’à l’adolescence. J’ai appris la batterie, la guitare et je me suis remis au piano. Quand je dis autodidacte, c’est parce que je n’ai pas suivi le cursus Conservatoire. Je n’ai pas repris de cours de piano, mais en revanche j’ai pris des cours de guitare. L’écriture de la musique je l’ai appris par moi-même.

Autodidacte aussi car je sais écrire une partition pour un orchestre, pour les cordes après avoir appris seul en ayant acheté des partitions d’orchestre de symphonies qui me plaisaient, car je viens de la musique classique, même en tant qu’auditeur. A partir de ces partitions, j’écoutais, je lisais la partition, je m’arrêtais et je faisais des déductions. J’essayais de comprendre comment s’organisaient les différents instruments. Au delà de cela, j’ai une petite facilité. Je n’ai pas l’oreille absolue, c’est-à-dire l’oreille qui permet de différencier les notes, mais j’ai une oreille timbrale. J’arrive aisément à entendre les différentes couches d’instruments. Ce n’est pas extraordinaire mais ça m’aide beaucoup et notamment dans l’écriture.

Vous savez donc lire et écrire la musique ce qui devient rare.

Pierre Bondu : A ce niveau là, je ne l’utilise que pour moi. Je travaille aussi beaucoup à l’oreille. Je suis un peu entre les deux. Si j’écris c’est parce qu’on est obligé d’avoir une partition à donner aux musiciens d’orchestre. Si ce n’était pas nécessaire, je n’écrirais pas. C’est un support pratique. Quand je travaille mes chansons, mes arrangements, je les fais au piano et surtout dans ma tête et à l’oreille.

Comment travaillez-vous et à un moment donné, quand le travail de composition, de création est achevé, y a-t-il une matérialisation sur un support quelconque, papier, bande… ?

Pierre Bondu : Oui, tout à fait. La plupart du temps j’utilise un magnétophone et un petit ordinateur des années 80 qui me servait surtout à mettre en place des rythmes. Et je viens juste d’acheter un ordinateur. C’est surtout au piano que je trouve les idées. Elles me viennent surtout au piano et dans la tête, ça chante. En ce qui concerne les arrangements, ça vient assez facilement, ça chante tout de suite. J’ai une mélodie avec des accords, je cherche au piano et j’entends en fait ce que cela pourrait devenir avec un orchestre, des violons. La mise en forme est plus ou moins rapide.

Par exemple, Caravelle, le premier morceau de cet album, est un instrumental qui m’a demandé beaucoup de travail car il comporte un développement mélodique sur 2 minutes et demie. Il a donc fallu un travail d’arrangement pour le renouveler, le développer de manière cohérente. Mais les arrangements sont relativement aisés et mon récent investissement informatique va vraiment me faciliter la vie sur ce point là. J’ai le sentiment que l’ordinateur est la version moderne de la partition. Ce qui permettra à des personnes qui ne sont pas forcément de très bons musiciens de faire de la musique.

Vous commencez donc par écrire la musique et ensuite vous y ajoutez les paroles ?

Pierre Bondu : Oui, tout à fait.

J’ai lu dans l’article qui vous était consacré dans Libération que vous vous astreigniez à écrire selon des horaires de bureau ce qui paraît étonnant voire même curieux.

Pierre Bondu : En ce moment, je fais un peu une pause parce que je suis un peu fatigué. Mais oui, c’est vrai. J’aime bien me lever tôt le matin et respecter des horaires. Ça doit venir de l’enfance, parce que j’ai été en pension très jeune, on se levait à 6 heures et demie, donc j’ai gardé ces habitudes. Et puis j’aime bien cette idée de partir de chez moi comme les autres personnes qui vont au travail. C’est un truc social que j’aime bien. J’aime bien me caler sur des horaires normaux. Je ne sais pas pourquoi. Ça doit sans doute me rassurer. L’écriture des chansons et de la musique revêt un caractère artisanal, donc comme tout artisan on doit se lever et aller travailler.

Et simultanément, ça permet d’être rigoureux. Même en travaillant tous les jours, il y a des jours moins prolifiques que d’autres. En m’imposant des horaires, je m’obligeais à rester devant mon piano ou ma guitare jusqu’à midi. Même si rien ne venait, je me forçais pensant qu’une toute petite idée pouvait naître et me servir, peut être pas dans l’instant mais pour une autre chanson.

Et peut être aussi pour éviter les écueils de la liberté, de l’oisiveté et…de la paresse ?

Pierre Bondu : Oui. A la base je suis profondément paresseux. Je ne suis pas un grand travailleur. Et donc paradoxalement, je travaille beaucoup pour compenser.

Ce second album vous a-t-il demandé beaucoup de travail en terme de temps ou aviez-vous un peu de stock ?

Pierre Bondu : Je n’avais pas de stock. Cet album m’a demandé beaucoup de travail pour trouver l’idée, disons les deux idées essentielles du disque. J’avais des mélodies et des chansons mais je ne savais pas comment les mettre en forme. Je ne voulais pas qu’elles soient juste juxtaposées. Je n’arrivais pas à imaginer un disque composant une entité.

Je suis très attaché à l’idée de global du disque, même en tant qu’objet, je ne suis pas attaché à l’idée de single. Pour moi l’album doit avoir un début, un milieu et une fin et donc une cohérence interne. Donc au début j’avais quelques chansons avec des mélodies.

La mise en forme est venue quand je me suis dit qu je prendrais un clavecin sur pratiquement tous les morceaux qui créera des phrases mélodiques en réponse à des mélodies de voix ou autres. Et le second point réside dans l’utilisation d’un orchestre à cordes. Ce sont les deux points de départ pour habiller les chansons.

La difficulté résidait dans la détermination du sens où je voulais aller. Parce que pour moi un album est vraiment une aventure. L’ordre des morceaux est également important pour s’insérer dans une pièce globale. Après, cela ne me gêne pas que l’on extrait des singles.

Mais cette cohérence ne constitue-t-elle pas un inconvénient en ce sens qu’elle fige l’album et implique qu’en live les morceaux soient joués dans le même ordre ?

Pierre Bondu : Non. Car pour moi le live est quelque chose de totalement différent. Pour moi le live est moins important que l’album. Ainsi quand j’ai enregistré l’album jamais je ne pensais à ce que cela donnerait en concert. Je ne me dis jamais ça je ne le fais pas parce que ce sera impossible de le faire en scène. Ainsi cela ne constitue pas un frein pour faire l’album. Ce sont deux exercices différents. L’album s’écoute dans une certaine intimité. Et quand les chansons sont bien composées elles se tiennent sur scène.

Vous les avez déjà testées sur scène ?

Pierre Bondu : Oui dans une formation quatuor à cordes-guitare pour laquelle j’ai fait de nouveaux arrangements. L’intérêt est d’oublier un peu ce qui s’est fait sur disque et d’explorer d’autres directions. J’ai également envie de les jouer plus pop avec une batterie. Je jouerais avec cette formation jeudi 25 mars 2004 en première partie d’Alain Chamfort à la Cigale. En juin, je serais en première partie de Dominique A dans une formation différente, un peu moins statique, avec deux guitares acoustiques et une boîte à rythmes et je jouerais sans doute également du piano.

Votre premier album Ramdam est sorti il y a 5 ans et vous le jugez très sévèrement, disant notamment : Je faisais le malin. Quelles sont donc les circonstances de ce premier album ?

Pierre Bondu : J’ai de l’affection pour cet album car c’était moi à ce moment-là. Ce qui m’embête est que je ne me sens pas en accord avec lui de la même manière qu’avec le second. J’ai le sentiment que, tant dans le fond qu’en la forme, j’étais un peu une anguille. Je n’appelais pas un chat un chat, même si paradoxalement c’est le titre d’une des chansons. Quand je dis que je faisais le malin, c’est dans le sens où l’album était composé de morceaux un peu hétéroclites et j’essayais de prouver à tout le monde que je pouvais jongler avec tous les instruments. Je pense surtout que j’avais un peu peur d’être simple.

Cinq ans cela correspond au temps qui passe, à la maturation…

Pierre Bondu : En fait, cet album est prêt depuis 2 ans. C’est ce qui est hallucinant parce qu’après il faut le sortir. Je suis sur une petite maison de disque et il a donc fallu du temps avant de rencontrer les gens de PIAS. Et en 3 ans, depuis Ramdam, j’ai changé, j’ai mûri. J’ai eu des difficultés pour écrire des textes jusqu’au moment où j’ai constaté qu’il valait mieux que je parle de choses personnelles. Quand j’ai admis cet état de fait, tout est devenu plus simple même si parler simplement de soi pour être compris par tous n’est ni évident ni facile. Je voulais éviter le côté un peu hermétique du premier album. Avec le second, c’est plus au premier degré tout en laissant des zones d’ouverture avec des choses plus légères ou plus poétiques. Je voulais également agrémenter mon propos en parlant des éléments, de la nature.

Vous avez toujours voulu faire de la musique de manière professionnelle ?

Pierre Bondu : Oui, tout à fait.

Vous avez mis votre savoir au service de Dominique A à Miossec, en passant par Katerine, Anna Karina, Françoiz Breut. Comment les avez-vous rencontré et quels ont été les apports réciproques ? Et cela n’entraîne-t-il pas inévitablement une sorte de perméabilité ?

Pierre Bondu : Ce sont avant tout des aventures humaines. Tous les gens avec qui j’ai eu l’occasion de travailler sont vraiment des rencontres. A la base, on s’est croisé et on s’est apprécié. Après, il est évident que ces personnes ont chacune, très différemment, des qualités artistiques évidentes. Et il est toujours plaisant en débutant d’avoir à faire avec des gens qui ont de la personnalité. On est attentif à ce qu’ils font. J’ai surtout fait des arrangements pour eux, ce qui fait que j’arrivais un peu après l’écriture. C’était plutôt un travail d’habillage. Mais c’était surtout une façon de passer un moment ensemble. Et ce que je retiens de cette période ce n’est pas du tout ce que nous avons fait au plan musical mais les moments passés ensemble à discuter, à s’amuser, à faire les cons aussi, des moments de vie tout simplement.

Y a-t-il eu un peu de vampirisation ?

Pierre Bondu : Non, je ne pense pas car nous sommes chacun très différents. Chacun a son orgueil, sa manière de travailler, ses qualités.

Le fait d’avoir travaillé avec eux vous a-t-il aidé pour sortir votre album ?

Pierre Bondu : Non. Hélas ! J’ai un ami qui est un peu connu et qui cependant cherche depuis plus de deux ans une maison de disque. Et aujourd’hui la crédibilité n’est plus dans la presse spécialisée mais dans les ventes de disques.

Le disque est devenu un produit de consommation.

Pierre Bondu : Complètement mais il l’a toujours été. Mais économiquement ça se resserre. Il est très difficile de vendre de la presse aujourd’hui et l’influence de la presse spécialisée sur la vente de disques est très faible. Les rapports entre tous les intervenants ont de ce fait changé. Et le fait d’avoir travaillé avec des artistes connus ne change rien au fait que je suis jugé sur le disque que je propose.

En revanche, ma liberté est conditionnée par la vente de disques. Et de la vente de cet album dépend aussi la suite de mon travail. Mais je n’ai pas de problème avec ce schéma. Je souhaite vendre des disques car je suis passé par des phases, sans faire de misérabilisme, dures où je devais faire plein de petits boulots à côté pour vivre. Je sais que si cet album se vend bien je pourrais me consacrer uniquement à la musique. Je disposerais de plus de temps. Mais depuis un an, ça va bien. Ainsi mes collaborations en tant qu’arrangeur me permettaient de gagner un peu d’argent tout en restant dans la musique.

Vous vous êtes également essayé à la musique de films en écrivant la bande son du film "La répétition" de Catherine Corsini. S’agit-il d’un hasard, d’une simple expérience ou d’un exercice qui vous intéresse particulièrement et que vous souhaitez renouveler ?

Pierre Bondu : J’aimerais beaucoup continuer. Il s’agissait d’une première expérience qui s’est avéré un peu difficile car Fabrice Dumont, le compositeur qui s’est occupé de la partie électronique, et moi sommes arrivés un peu tard sur le projet. Le film était déjà au montage donc il y avait des impératifs d’urgence et Catherine Corsini changeait souvent d’avis. Mais je suis très satisfait du résultat. D’ailleurs sur mon site, qui est ouvert depuis peu, j’ai mis en ligne toutes les musiques faites à cette occasion car on ne les retrouve nulle part.
Bien évidemment, je souhaite renouveler l’expérience car je suis venu à la musique par le cinéma, par la musique de film. Ce sont les films que je regardais quand j’étais petit, ceux de Verneuil par exemple.

Cela n’est pas étonnant car vous avez un grand talent de compositeur et les deux morceaux instrumentaux de votre album font vraiment penser à des bandes son. En faisant abstraction des paroles, on peut se faire la même réflexion à l’écoute des autres morceaux.

Pierre Bondu : Je le pense aussi. Il y a une atmosphère qui se dégage du disque qui se rapproche d’un climat musical cinématographique. Il porte un peu la marque de fabrique des BO des films des années 60-70 en particulier notamment avec le traitement des cordes. Et puis j’aime bien quand la musique raconte une histoire. Quand elle plante un décor et alimente une interaction avec le propos, ce que dit le texte. Je recherchais cela. Je suis content si c’est entendu comme tel.

Le format du film se prêterait très bien à votre souci de cohérence et de globalité.

Pierre Bondu : J’espère. Car, pour moi, la musique de film n’a pas évolué dans le bon sens. A une époque, le compositeur était complètement associé à l’élaboration du film. Quand on lit la biographie de Truffaut c’est flagrant quand on voit ses rapports avec Georges Delerue. Le compositeur était présent à toutes les étapes depuis le scénario. Alors que maintenant le compositeur arrive souvent à la fin et la musique est davantage une pièce rapportée qu’un des éléments du film. Je trouve cela dommage car j’adore le cinéma. Moi ça me plait et ça aide d’être présent dès le début.

Effectivement, les compositeurs auxquels vous faites allusion étaient des compositeurs de musique de films à part entière. C’était leur métier. Alors qu’aujourd’hui les bandes sons sont souvent des simples extraits d’albums.

Dans les articles qui vous sont consacrés, votre voix est souvent comparée à celle d’Etienne Daho. Partagez-vous ce sentiment et Etienne Daho est-il un chanteur que vous appréciez ? Et que pense-vous de cette tendance qu’a la presse de procéder par référence avec des articles connus?

Pierre Bondu : Ça ne me gêne pas. Déjà parce que j’apprécie Etienne Daho Comme chanteur. Humainement, je le connais un tout petit peu et le peu que je sais de lui me plaît beaucoup. C’est quelqu’un d’hyperactif, très curieux, un vrai fan de musique. C’est donc une comparaison qui ne me gêne pas du tout et qui me gêne d’autant moins que je la comprends. Effectivement, bien que nous n’ayons pas exactement la même voix, nous évoluons dans un registre vocal similaire, celui des non-chanteurs.

J’aurais aimé avoir une voix de crooner, une belle voix, une voix de chanteur. Je n’en ai pas mais j’ai un timbre de voix qui me permet de raconter des histoires, ce qui d’ailleurs me convient bien. La comparaison se situe là ; nous avons de voix qu’on dit blanches.

En ce qui me concerne je trouve que votre voix se rapproche davantage de celle de Jean Louis Murat, Jean Louis Murat jeune.

Pierre Bondu : On m’en a parlé plusieurs fois. Murat c’est différent. C’est un super chanteur. C’est un chanteur. Je pense qu’il a choisi délibérément d’avoir ce grain. Dans sa voix on entend un chanteur. Je ne sais pas comment l’expliquer ; je l’entends en fait. Par ailleurs, il peut se permettre plein de choses. Il chante vraiment du ventre alors que moi tout se passe dans la gorge. J’espère qu’avec les concerts je vais progresser sur la voix, essayer de poser la voix de manière plus adroite, plus judicieuse. Donc ces comparaisons ne me gênent pas.

Ces références ne sont pas négatives.

Pierre Bondu : Effectivement. Je préfère qu’on me compare à Etienne Daho plutôt qu’à Bézu !

Parler de Jean Louis Murat amène la question suivante. Vous avez fait appel à Stéphane Prin pour la production de votre album. Or Stéphane Prin est l’ingénieur du son et mixeur des deux derniers albums de Jean-Louis Murat (Le Moujik et sa femme et Lilith) . Comment avez-vous été amené à travailler avec lui et quelle a été sa contribution ?

Pierre Bondu : Je l’ai rencontré la première fois, il y a quelques années, alors qu’il était assistant au studio Davout, où j’ai d’ailleurs enregistré l’album. On se connaissait un peu. Les années ont passé et j’ai vu qu’il avait participé aux albums de Murat et qu’il était devenu ingénieur principal. Il me restait un très bon souvenir de lui, au plan humain. Nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes appréciés. J’ai constaté que c’était un très gros bosseur, un lève-tôt comme moi. Et comme nous n’avions pas un gros budget pour le disque, 5 jours de studio seulement, il fallait vraiment travailler de manière concentrée et intense et ne pas craindre de passer des journées entières en studio et j’ai pensé à lui.

Quant à lui, il avait apprécié mes maquettes. Nous nous sommes vus régulièrement pendant deux mois pour parler, prendre un café, pour préparer le travail avant d’entrer en studio. J’ai eu la même démarche avec les musiciens pour les côtoyer avant d’enregistrer. Je leur donnais des disques que j’aimais pour qu’ils voient les ambiances qui me plairaient. Ensuite tout s’est déroulé très vite. Avec Stéphane c’était super et je suis très attaché à ce moment de vie partage. C’est un très bon souvenir à la fois humain et professionnel.

Et il a fait un excellent travail surtout avec les moyens limités dont nous disposions par rapport à tout ce que j’ambitionnais de faire et qui était un peu disproportionné par rapport au budget et au temps impartis. Il a rempli sa mission à 200%. Il était clair que j’étais le commandant du navire mais j’étais en écoute des suggestions et je validais. Stéphane a eu de bonnes idées et c’est la raison pour laquelle il figure comme co-réalisateur sur le disque.

Vous disiez que vous donniez des disques aux musiciens. Ecoutez-vous beaucoup de musique ?

Pierre Bondu : Non. En fait, j’en écoute souvent mais pas de musiques différentes.

Quelles sont vos influences musicales patentes ?

Pierre Bondu : Pour cet album, clairement c’est Ennio Morricone que j’ai redécouvert il y a environ 2 ans quand un ami m’a offert la compilation "Molto Mondo Morricone" qui comportait des morceaux moins connus. Pour moi, c’est un des premiers compositeurs vivants de musiques de films et même au delà. Il a un sens harmonique et un sens mélodique. Ces dernières compositions sont moins convaincantes. Mais toute la période 60-70 est géniale. N’ayons pas peur des mots, c’est génial.

Il m’a influence dans le sens où j’ai vraiment essayé de retravailler mélodiquement et harmoniquement les chansons. J’ai essayé d’en faire quelque chose d’assez sophistiqué musicalement même si cela ne s’entend pas ainsi. Si on les joue à la guitare il y beaucoup d’accords. Cela peut paraître prétentieux de dire cela mais j’étais vraiment à la recherche permanente de l’enrichissement. Et en cela, Morricone est très fort. Sa manière d’écrire a donc fortement influencé idéologiquement le disque. Et puis aussi musicalement au niveau de l’orchestration et par l’utilisation du clavecin.

Qu’y a-t-il sur votre platine en ce moment ?

Pierre Bondu : J’adore le dernier album de Air…mais j’ai tendance à rester un peu bloqué sur les choses que j’aime. Quand quelque chose me plait, ça dure des mois. J’écoute, je décortique les morceaux. En ce moment, je réécoute Berlioz dont c’était le bicentenaire de la naissance. J’écoute aussi le dernier album de Dominique A que je trouve terrible.

Quelle est votre actualité immédiate ?

Pierre Bondu : Les concerts. Des premières parties de Chamfort le 25 mars avec le quator de cordes, d’Hélène Noguerra les 11,12 et 13 mai avec 2 guitares et de Dominique A du 23 au 26 juin aux Bouffes du Nord.

Même si cela paraît un peu prématuré, avez-vous déjà d’autres morceaux en stock pour un éventuel futur album ?

Pierre Bondu : J’en ai quelques uns mais non encore finis.

Avez-vous envie de faire un autre album très prochainement ?

Pierre Bondu : Oui. Très rapidement je ne sais pas. Mais j’ai très envie d’en faire un autre et peut être partir explorer ailleurs. Sans utiliser des cordes par exemple. Je souhaite faire une pause en ce qui concerne l’aspect arrangement. J’ai envie de m’orienter vers quelque chose de plus épuré.

Pierre Bondu : Ça n'a pas l’air de vous…ravir ?

Non. Au contraire. Je trouve que votre écriture musicale se prête tout à fait à cet exercice. Et même de faire un album instrumental.

Pierre Bondu : J’aimerais aussi mais dans le cadre d’un film. Il faut que j’y réfléchisse….Parce que vous n’avez pas aimé les textes ?

Je suis moins convaincue par les textes. Et vous avez opté pour un registre mélancolie urbaine sur les petits bonheurs et malheurs de la vie quotidienne dans lequel il paraît difficile de se démarquer.

Pierre Bondu : Oui, c’est vrai. Ce n’est pas original pour un sou. Je vous l’accorde. Mais en fait ce n’était pas mon souci. Je voulais me débarrasser de certaines choses qui se passaient dans ma vie…

…une catharsis…

Pierre Bondu :…pas complètement. C’était une façon d’être en accord avec ce que je pensais. Après, je suis totalement d’accord avec vous. Il y a tellement de choses à dire et à raconter. Tout reste à dire surtout en français. Il faut aller vers ça. Mais j’avais besoin de ça à ce moment là et je ne le renie pas.

Si vous ne disposiez que de trois mots pour qualifier votre musique, quels seraient-ils ?

Pierre Bondu : En accord avec moi…en accord avec lui (avec le disque)…avec ses qualités et ses faiblesses.

Donc celui là vous le revendiquez ?

Pierre Bondu : Haut et fort !

 

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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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