Musicien, Pierre Bondu
a d'abord mis son talent au service des autres,parmi lesquels et
non des moindres Dominique A, Miossec ou Katerine. Aujourd'hui avec
l'album "Quelqu'un quelque part" il quitte le backstage
pour venir en auteur-compositeur-interprète investir la scène
musicale française.
Sincère, spontané et attaché à la qualité
des relations humaines plus qu'au show-bizz, il a accepté
de nous accorder cette interview en dehors du timing contraignant
des campagnes promo.
Merci aussi à Léa de PIAS d'avoir intercédé
en notre faveur.
Etes-vous réellement autodidacte ?
Pierre Bondu : En réalité, j’ai
fait du piano quand j’étais jeune, solfège et
piano entre 6 et 8 ans. Ma mère jouait du piano ainsi que
mes deux sœurs. J’évoluais donc dans une ambiance
musicale. Au bout de 2-3 ans, j’en ai eu marre parce qu’en
fait le piano ne me plaisait pas comme instrument et les cours de
piano ne m’intéressaient pas. J’ai donc laissé
tomber la musique et ce n’est revenu qu’à l’adolescence.
J’ai appris la batterie, la guitare et je me suis remis au
piano. Quand je dis autodidacte, c’est parce que je n’ai
pas suivi le cursus Conservatoire. Je n’ai pas repris de cours
de piano, mais en revanche j’ai pris des cours de guitare.
L’écriture de la musique je l’ai appris par moi-même.
Autodidacte aussi car je sais écrire une
partition pour un orchestre, pour les cordes après avoir
appris seul en ayant acheté des partitions d’orchestre
de symphonies qui me plaisaient, car je viens de la musique classique,
même en tant qu’auditeur. A partir de ces partitions,
j’écoutais, je lisais la partition, je m’arrêtais
et je faisais des déductions. J’essayais de comprendre
comment s’organisaient les différents instruments.
Au delà de cela, j’ai une petite facilité. Je
n’ai pas l’oreille absolue, c’est-à-dire
l’oreille qui permet de différencier les notes, mais
j’ai une oreille timbrale. J’arrive aisément
à entendre les différentes couches d’instruments.
Ce n’est pas extraordinaire mais ça m’aide beaucoup
et notamment dans l’écriture.
Vous savez donc lire et écrire la musique
ce qui devient rare.
Pierre Bondu : A ce niveau là, je ne l’utilise
que pour moi. Je travaille aussi beaucoup à l’oreille.
Je suis un peu entre les deux. Si j’écris c’est
parce qu’on est obligé d’avoir une partition
à donner aux musiciens d’orchestre. Si ce n’était
pas nécessaire, je n’écrirais pas. C’est
un support pratique. Quand je travaille mes chansons, mes arrangements,
je les fais au piano et surtout dans ma tête et à l’oreille.
Comment travaillez-vous et à un moment donné,
quand le travail de composition, de création est achevé,
y a-t-il une matérialisation sur un support quelconque, papier,
bande… ?
Pierre Bondu : Oui, tout à fait. La plupart
du temps j’utilise un magnétophone et un petit ordinateur
des années 80 qui me servait surtout à mettre en place
des rythmes. Et je viens juste d’acheter un ordinateur. C’est
surtout au piano que je trouve les idées. Elles me viennent surtout
au piano et dans la tête, ça chante. En ce qui concerne
les arrangements, ça vient assez facilement, ça chante
tout de suite. J’ai une mélodie avec des accords, je
cherche au piano et j’entends en fait ce que cela pourrait
devenir avec un orchestre, des violons. La mise en forme est plus
ou moins rapide.
Par exemple, Caravelle, le premier morceau de cet
album, est un instrumental qui m’a demandé beaucoup
de travail car il comporte un développement mélodique
sur 2 minutes et demie. Il a donc fallu un travail d’arrangement
pour le renouveler, le développer de manière cohérente.
Mais les arrangements sont relativement aisés et mon récent
investissement informatique va vraiment me faciliter la vie sur
ce point là. J’ai le sentiment que l’ordinateur
est la version moderne de la partition. Ce qui permettra à
des personnes qui ne sont pas forcément de très bons
musiciens de faire de la musique.
Vous commencez donc par écrire la musique
et ensuite vous y ajoutez les paroles ?
Pierre Bondu : Oui, tout à fait.
J’ai lu dans l’article qui vous était
consacré dans Libération que vous vous astreigniez
à écrire selon des horaires de bureau ce qui paraît
étonnant voire même curieux.
Pierre Bondu : En ce moment, je fais un peu une pause
parce que je suis un peu fatigué. Mais oui, c’est vrai.
J’aime bien me lever tôt le matin et respecter des horaires.
Ça doit venir de l’enfance, parce que j’ai été
en pension très jeune, on se levait à 6 heures et
demie, donc j’ai gardé ces habitudes. Et puis j’aime
bien cette idée de partir de chez moi comme les autres personnes
qui vont au travail. C’est un truc social que j’aime
bien. J’aime bien me caler sur des horaires normaux. Je ne
sais pas pourquoi. Ça doit sans doute me rassurer. L’écriture
des chansons et de la musique revêt un caractère artisanal,
donc comme tout artisan on doit se lever et aller travailler.
Et simultanément, ça permet d’être
rigoureux. Même en travaillant tous les jours, il y a des
jours moins prolifiques que d’autres. En m’imposant
des horaires, je m’obligeais à rester devant mon piano
ou ma guitare jusqu’à midi. Même si rien ne venait,
je me forçais pensant qu’une toute petite idée
pouvait naître et me servir, peut être pas dans l’instant
mais pour une autre chanson.
Et peut être aussi pour éviter les
écueils de la liberté, de l’oisiveté
et…de la paresse ?
Pierre Bondu : Oui. A la base je suis profondément
paresseux. Je ne suis pas un grand travailleur. Et donc paradoxalement,
je travaille beaucoup pour compenser.
Ce second album vous a-t-il demandé beaucoup
de travail en terme de temps ou aviez-vous un peu de stock ?
Pierre Bondu : Je n’avais pas de stock. Cet
album m’a demandé beaucoup de travail pour trouver
l’idée, disons les deux idées essentielles du
disque. J’avais des mélodies et des chansons mais je
ne savais pas comment les mettre en forme. Je ne voulais pas qu’elles
soient juste juxtaposées. Je n’arrivais pas à
imaginer un disque composant une entité.
Je suis très attaché à l’idée
de global du disque, même en tant qu’objet, je ne suis
pas attaché à l’idée de single. Pour
moi l’album doit avoir un début, un milieu et une fin
et donc une cohérence interne. Donc au début j’avais
quelques chansons avec des mélodies.
La mise en forme est venue quand je me suis dit qu
je prendrais un clavecin sur pratiquement tous les morceaux qui
créera des phrases mélodiques en réponse à
des mélodies de voix ou autres. Et le second point réside
dans l’utilisation d’un orchestre à cordes. Ce
sont les deux points de départ pour habiller les chansons.
La difficulté résidait dans la détermination
du sens où je voulais aller. Parce que pour moi un album
est vraiment une aventure. L’ordre des morceaux est également
important pour s’insérer dans une pièce globale.
Après, cela ne me gêne pas que l’on extrait des
singles.
Mais cette cohérence ne constitue-t-elle
pas un inconvénient en ce sens qu’elle fige l’album
et implique qu’en live les morceaux soient joués dans
le même ordre ?
Pierre Bondu : Non. Car pour moi le live est quelque
chose de totalement différent. Pour moi le live est moins
important que l’album. Ainsi quand j’ai enregistré
l’album jamais je ne pensais à ce que cela donnerait
en concert. Je ne me dis jamais ça je ne le fais pas parce
que ce sera impossible de le faire en scène. Ainsi cela ne
constitue pas un frein pour faire l’album. Ce sont deux exercices
différents. L’album s’écoute dans une
certaine intimité. Et quand les chansons sont bien composées
elles se tiennent sur scène.
Vous les avez déjà testées
sur scène ?
Pierre Bondu : Oui dans une formation quatuor à
cordes-guitare pour laquelle j’ai fait de nouveaux arrangements.
L’intérêt est d’oublier un peu ce qui s’est
fait sur disque et d’explorer d’autres directions. J’ai
également envie de les jouer plus pop avec une batterie.
Je jouerais avec cette formation jeudi 25 mars 2004 en première
partie d’Alain Chamfort à la Cigale. En juin, je serais
en première partie de Dominique A dans une formation différente,
un peu moins statique, avec deux guitares acoustiques et une boîte
à rythmes et je jouerais sans doute également du piano.
Votre premier album Ramdam est sorti il y a 5 ans
et vous le jugez très sévèrement, disant notamment
: Je faisais le malin. Quelles sont donc les circonstances de ce
premier album ?
Pierre Bondu : J’ai de l’affection pour
cet album car c’était moi à ce moment-là.
Ce qui m’embête est que je ne me sens pas en accord
avec lui de la même manière qu’avec le second.
J’ai le sentiment que, tant dans le fond qu’en la forme,
j’étais un peu une anguille. Je n’appelais pas
un chat un chat, même si paradoxalement c’est le titre
d’une des chansons. Quand je dis que je faisais le malin,
c’est dans le sens où l’album était composé
de morceaux un peu hétéroclites et j’essayais
de prouver à tout le monde que je pouvais jongler avec tous
les instruments. Je pense surtout que j’avais un peu peur
d’être simple.
Cinq ans cela correspond au temps qui passe, à
la maturation…
Pierre Bondu : En fait, cet album est prêt depuis
2 ans. C’est ce qui est hallucinant parce qu’après
il faut le sortir. Je suis sur une petite maison de disque et il
a donc fallu du temps avant de rencontrer les gens de PIAS. Et en
3 ans, depuis Ramdam, j’ai changé, j’ai mûri.
J’ai eu des difficultés pour écrire des textes
jusqu’au moment où j’ai constaté qu’il
valait mieux que je parle de choses personnelles. Quand j’ai
admis cet état de fait, tout est devenu plus simple même
si parler simplement de soi pour être compris par tous n’est
ni évident ni facile. Je voulais éviter le côté
un peu hermétique du premier album. Avec le second, c’est
plus au premier degré tout en laissant des zones d’ouverture
avec des choses plus légères ou plus poétiques.
Je voulais également agrémenter mon propos en parlant
des éléments, de la nature.
Vous avez toujours voulu faire de la musique de
manière professionnelle ?
Pierre Bondu : Oui, tout à fait.
Vous avez mis votre savoir au service de Dominique
A à Miossec, en passant par Katerine, Anna Karina, Françoiz
Breut. Comment les avez-vous rencontré et quels ont été
les apports réciproques ? Et cela n’entraîne-t-il
pas inévitablement une sorte de perméabilité
?
Pierre Bondu : Ce sont avant tout des aventures humaines.
Tous les gens avec qui j’ai eu l’occasion de travailler
sont vraiment des rencontres. A la base, on s’est croisé
et on s’est apprécié. Après, il est évident
que ces personnes ont chacune, très différemment,
des qualités artistiques évidentes. Et il est toujours
plaisant en débutant d’avoir à faire avec des
gens qui ont de la personnalité. On est attentif à
ce qu’ils font. J’ai surtout fait des arrangements pour
eux, ce qui fait que j’arrivais un peu après l’écriture.
C’était plutôt un travail d’habillage.
Mais c’était surtout une façon de passer un
moment ensemble. Et ce que je retiens de cette période ce
n’est pas du tout ce que nous avons fait au plan musical mais
les moments passés ensemble à discuter, à s’amuser,
à faire les cons aussi, des moments de vie tout simplement.
Y a-t-il eu un peu de vampirisation ?
Pierre Bondu : Non, je ne pense pas car nous sommes
chacun très différents. Chacun a son orgueil, sa manière
de travailler, ses qualités.
Le fait d’avoir travaillé avec eux
vous a-t-il aidé pour sortir votre album ?
Pierre Bondu : Non. Hélas ! J’ai un ami
qui est un peu connu et qui cependant cherche depuis plus de deux
ans une maison de disque. Et aujourd’hui la crédibilité
n’est plus dans la presse spécialisée mais dans
les ventes de disques.
Le disque est devenu un produit de consommation.
Pierre Bondu : Complètement mais il l’a
toujours été. Mais économiquement ça
se resserre. Il est très difficile de vendre de la presse
aujourd’hui et l’influence de la presse spécialisée
sur la vente de disques est très faible. Les rapports entre
tous les intervenants ont de ce fait changé. Et le fait
d’avoir travaillé avec des artistes connus ne change
rien au fait que je suis jugé sur le disque que je propose.
En revanche, ma liberté est conditionnée
par la vente de disques. Et de la vente de cet album dépend
aussi la suite de mon travail. Mais je n’ai pas de problème
avec ce schéma. Je souhaite vendre des disques car je suis
passé par des phases, sans faire de misérabilisme,
dures où je devais faire plein de petits boulots à
côté pour vivre. Je sais que si cet album se vend bien
je pourrais me consacrer uniquement à la musique. Je disposerais
de plus de temps. Mais depuis un an, ça va bien. Ainsi mes
collaborations en tant qu’arrangeur me permettaient de gagner
un peu d’argent tout en restant dans la musique.
Vous vous êtes également essayé
à la musique de films en écrivant la bande son du
film "La répétition" de Catherine Corsini.
S’agit-il d’un hasard, d’une simple expérience
ou d’un exercice qui vous intéresse particulièrement
et que vous souhaitez renouveler ?
Pierre Bondu : J’aimerais beaucoup continuer.
Il s’agissait d’une première expérience
qui s’est avéré un peu difficile car Fabrice
Dumont, le compositeur qui s’est occupé de la partie
électronique, et moi sommes arrivés un peu tard sur
le projet. Le film était déjà au montage donc
il y avait des impératifs d’urgence et Catherine Corsini
changeait souvent d’avis. Mais je suis très satisfait
du résultat. D’ailleurs sur mon site, qui est ouvert
depuis peu, j’ai mis en ligne toutes les musiques faites à
cette occasion car on ne les retrouve nulle part.
Bien évidemment, je souhaite renouveler l’expérience
car je suis venu à la musique par le cinéma, par la
musique de film. Ce sont les films que je regardais quand j’étais
petit, ceux de Verneuil par exemple.
Cela n’est pas étonnant car vous avez
un grand talent de compositeur et les deux morceaux instrumentaux
de votre album font vraiment penser à des bandes son. En
faisant abstraction des paroles, on peut se faire la même
réflexion à l’écoute des autres morceaux.
Pierre Bondu : Je le pense aussi. Il y a une atmosphère
qui se dégage du disque qui se rapproche d’un climat
musical cinématographique. Il porte un peu la marque de fabrique
des BO des films des années 60-70 en particulier notamment
avec le traitement des cordes. Et puis j’aime bien quand la
musique raconte une histoire. Quand elle plante un décor
et alimente une interaction avec le propos, ce que dit le texte.
Je recherchais cela. Je suis content si c’est entendu comme
tel.
Le format du film se prêterait très
bien à votre souci de cohérence et de globalité.
Pierre Bondu : J’espère. Car, pour moi,
la musique de film n’a pas évolué dans le bon
sens. A une époque, le compositeur était complètement
associé à l’élaboration du film. Quand
on lit la biographie de Truffaut c’est flagrant quand on voit
ses rapports avec Georges Delerue. Le compositeur était présent
à toutes les étapes depuis le scénario. Alors
que maintenant le compositeur arrive souvent à la fin et
la musique est davantage une pièce rapportée qu’un
des éléments du film. Je trouve cela dommage car j’adore
le cinéma. Moi ça me plait et ça aide d’être
présent dès le début.
Effectivement, les compositeurs auxquels vous faites
allusion étaient des compositeurs de musique de films à
part entière. C’était leur métier. Alors
qu’aujourd’hui les bandes sons sont souvent des simples
extraits d’albums.
Dans les articles qui vous sont consacrés,
votre voix est souvent comparée à celle d’Etienne
Daho. Partagez-vous ce sentiment et Etienne Daho est-il un chanteur
que vous appréciez ? Et que pense-vous de cette tendance
qu’a la presse de procéder par référence
avec des articles connus?
Pierre Bondu : Ça ne me gêne pas. Déjà
parce que j’apprécie Etienne Daho Comme chanteur. Humainement,
je le connais un tout petit peu et le peu que je sais de lui me
plaît beaucoup. C’est quelqu’un d’hyperactif,
très curieux, un vrai fan de musique. C’est donc une
comparaison qui ne me gêne pas du tout et qui me gêne
d’autant moins que je la comprends. Effectivement, bien que
nous n’ayons pas exactement la même voix, nous évoluons
dans un registre vocal similaire, celui des non-chanteurs.
J’aurais aimé avoir une voix de crooner,
une belle voix, une voix de chanteur. Je n’en ai pas mais
j’ai un timbre de voix qui me permet de raconter des histoires,
ce qui d’ailleurs me convient bien. La comparaison se situe
là ; nous avons de voix qu’on dit blanches.
En ce qui me concerne je trouve que votre
voix se rapproche davantage de celle de Jean Louis Murat, Jean Louis
Murat jeune.
Pierre Bondu : On m’en a parlé plusieurs
fois. Murat c’est différent. C’est un super chanteur.
C’est un chanteur. Je pense qu’il a choisi délibérément
d’avoir ce grain. Dans sa voix on entend un chanteur. Je ne
sais pas comment l’expliquer ; je l’entends en fait.
Par ailleurs, il peut se permettre plein de choses. Il chante vraiment
du ventre alors que moi tout se passe dans la gorge. J’espère
qu’avec les concerts je vais progresser sur la voix, essayer
de poser la voix de manière plus adroite, plus judicieuse.
Donc ces comparaisons ne me gênent pas.
Ces références ne sont pas négatives.
Pierre Bondu : Effectivement. Je préfère
qu’on me compare à Etienne Daho plutôt qu’à
Bézu !
Parler de Jean Louis Murat amène la question
suivante. Vous avez fait appel à Stéphane Prin pour
la production de votre album. Or Stéphane Prin est l’ingénieur
du son et mixeur des deux derniers albums de Jean-Louis Murat (Le
Moujik et sa femme et Lilith) . Comment avez-vous été
amené à travailler avec lui et quelle a été
sa contribution ?
Pierre Bondu : Je l’ai rencontré
la première fois, il y a quelques années, alors qu’il
était assistant au studio Davout, où j’ai d’ailleurs
enregistré l’album. On se connaissait un peu. Les années
ont passé et j’ai vu qu’il avait participé
aux albums de Murat et qu’il était devenu ingénieur
principal. Il me restait un très bon souvenir de lui, au
plan humain. Nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes
appréciés. J’ai constaté que c’était
un très gros bosseur, un lève-tôt comme moi.
Et comme nous n’avions pas un gros budget pour le disque,
5 jours de studio seulement, il fallait vraiment travailler de manière
concentrée et intense et ne pas craindre de passer des journées
entières en studio et j’ai pensé à lui.
Quant à lui, il avait apprécié
mes maquettes. Nous nous sommes vus régulièrement
pendant deux mois pour parler, prendre un café, pour préparer
le travail avant d’entrer en studio. J’ai eu la même
démarche avec les musiciens pour les côtoyer avant
d’enregistrer. Je leur donnais des disques que j’aimais
pour qu’ils voient les ambiances qui me plairaient. Ensuite
tout s’est déroulé très vite. Avec Stéphane
c’était super et je suis très attaché
à ce moment de vie partage. C’est un très bon
souvenir à la fois humain et professionnel.
Et il a fait un excellent travail surtout avec les
moyens limités dont nous disposions par rapport à
tout ce que j’ambitionnais de faire et qui était un
peu disproportionné par rapport au budget et au temps impartis.
Il a rempli sa mission à 200%. Il était clair que
j’étais le commandant du navire mais j’étais
en écoute des suggestions et je validais. Stéphane
a eu de bonnes idées et c’est la raison pour laquelle
il figure comme co-réalisateur sur le disque.
Vous disiez que vous donniez des disques aux musiciens.
Ecoutez-vous beaucoup de musique ?
Pierre Bondu : Non. En fait, j’en écoute
souvent mais pas de musiques différentes.
Quelles sont vos influences musicales patentes ?
Pierre Bondu : Pour cet album, clairement c’est
Ennio Morricone que j’ai redécouvert il y a environ
2 ans quand un ami m’a offert la compilation "Molto Mondo
Morricone" qui comportait des morceaux moins connus. Pour moi,
c’est un des premiers compositeurs vivants de musiques de
films et même au delà. Il a un sens harmonique et un
sens mélodique. Ces dernières compositions sont moins
convaincantes. Mais toute la période 60-70 est géniale.
N’ayons pas peur des mots, c’est génial.
Il m’a influence dans le sens où j’ai
vraiment essayé de retravailler mélodiquement et harmoniquement
les chansons. J’ai essayé d’en faire quelque
chose d’assez sophistiqué musicalement même si
cela ne s’entend pas ainsi. Si on les joue à la guitare
il y beaucoup d’accords. Cela peut paraître prétentieux
de dire cela mais j’étais vraiment à la recherche
permanente de l’enrichissement. Et en cela, Morricone est
très fort. Sa manière d’écrire a donc
fortement influencé idéologiquement le disque. Et puis
aussi musicalement au niveau de l’orchestration et par l’utilisation
du clavecin.
Qu’y a-t-il sur votre platine en ce moment
?
Pierre Bondu : J’adore le dernier album de Air…mais
j’ai tendance à rester un peu bloqué sur les
choses que j’aime. Quand quelque chose me plait, ça
dure des mois. J’écoute, je décortique les morceaux.
En ce moment, je réécoute Berlioz dont c’était
le bicentenaire de la naissance. J’écoute aussi le
dernier album de Dominique A que je trouve terrible.
Quelle est votre actualité immédiate
?
Pierre Bondu : Les concerts. Des premières
parties de Chamfort le 25 mars avec le quator de cordes, d’Hélène
Noguerra les 11,12 et 13 mai avec 2 guitares et de Dominique A du
23 au 26 juin aux Bouffes du Nord.
Même si cela paraît un peu prématuré,
avez-vous déjà d’autres morceaux en stock pour
un éventuel futur album ?
Pierre Bondu : J’en ai quelques uns mais non
encore finis.
Avez-vous envie de faire un autre album très
prochainement ?
Pierre Bondu : Oui. Très rapidement je ne sais
pas. Mais j’ai très envie d’en faire un autre
et peut être partir explorer ailleurs. Sans utiliser des cordes
par exemple. Je souhaite faire une pause en ce qui concerne l’aspect
arrangement. J’ai envie de m’orienter vers quelque chose
de plus épuré.
…
Pierre Bondu : Ça n'a pas l’air de vous…ravir
?
Non. Au contraire. Je trouve que votre écriture
musicale se prête tout à fait à cet exercice.
Et même de faire un album instrumental.
Pierre Bondu : J’aimerais aussi mais dans le
cadre d’un film. Il faut que j’y réfléchisse….Parce
que vous n’avez pas aimé les textes ?
Je suis moins convaincue par les textes. Et vous
avez opté pour un registre mélancolie urbaine sur
les petits bonheurs et malheurs de la vie quotidienne dans lequel
il paraît difficile de se démarquer.
Pierre Bondu : Oui, c’est vrai. Ce n’est
pas original pour un sou. Je vous l’accorde. Mais en fait
ce n’était pas mon souci. Je voulais me débarrasser
de certaines choses qui se passaient dans ma vie…
…une catharsis…
Pierre Bondu :…pas complètement. C’était
une façon d’être en accord avec ce que je pensais.
Après, je suis totalement d’accord avec vous. Il y
a tellement de choses à dire et à raconter. Tout reste
à dire surtout en français. Il faut aller vers ça.
Mais j’avais besoin de ça à ce moment là
et je ne le renie pas.
Si vous ne disposiez que de trois mots pour qualifier
votre musique, quels seraient-ils ?
Pierre Bondu : En accord avec moi…en accord
avec lui (avec le disque)…avec ses qualités et ses
faiblesses.
Donc celui là vous le revendiquez ?
Pierre Bondu : Haut et fort !
|