Tragi-comédie de Oscar Castro, mise en scène d'Adel Hakim, avec Oscar Castro, Adel Hakim, Anaïs Alric, Anaï Castro Heyman, Catherine Max Martineau, Sylvie Miqueu et Natcha Moyersoen.
Le Théâtre d'Aleph, niché rue Christophe Colomb à Ivry sur Seine - oh pas au fin fond de la jungle de la banlieue comme le pensent les petits marquis de la culture mais à quatre stations de bus de la Bibliothèque Nationale - est un théâtre sans doute unique dans son genre.
Fondé et dirigé depuis plusieurs décennies par Oscar Castro, homme de théâtre chilien, ce théâtre populaire et engagé, qui, la représentation terminée, invite les spectateurs à partager la carbonada, dispose dans son escarcelle d'un répertoire lui aussi unique dans son registre.
Sa dernière création intitulée "La nébuleuse vie de José Miranda" est une tragi-comédie flamboyante et foisonnante écrite par le maître de céans, qui traite entre autres du théâtre, de la religion, de l'art, de la politique et de la liberté.
Elle met aux prises le factotum d'Oscar Castro, le célèbre auteur dramatique José Miranda, qui se trouve malencontreusement enfermé dans une improbable station de métro "Assemblée Nationale" méchamment taguée, un décor à la Enki Bilal revisité par Luc Besson, non seulement avec une émanation satanique, qui a pris les traits de son ami Adel Hakim, mais avec ses propres démons, ses personnages, et, entre autres, la mère Térésa, des juges staliniens et les pensionnaires d'un célèbre bordel du temps de la Commune.
Et c'est son ami, le vrai Adel Hakim, co-directeur du Théâtre des Quartiers d'ivry, qui a parcouru les quelques centaines de mètres qui séparent les deux lieux pour assurer la mise en scène de cette partition baroque toujours sur le fil du rasoir entre fiction et réalité et reprendre son masque de comédien.
Il a élaboré une mise en scène échevelée qui essaime dans tous les registres, de la distanciation à l'hyper réalisme de comics, de l'avant-gardisme à la farce, de la comédie musicale kitsch à la satire constructiviste dans laquelle lui-même, en séduisant et endiablé esprit malin, Oscar Castro, avec sa faconde et son accent à couper à la machette, et les membres de la troupe du Théâtre d'Aleph, Anaïs Alric, Anaï Castro Heyman, Catherine Max Martineau, Sylvie Miqueu et Natcha Moyersoen, laissent libre cours à une fantaisie débridée qui n'est pas exempte de considérations métaphysico-politiques.
Et c'est jubilatoire.