Entre le Paradiso d'Amsterdam et un festival jazz à Barcelone, l'irlandaise Imelda May faisait pour la première fois halte dans une salle parisienne, le Réservoir. Pour ceux qui ne connaissent pas ce lieu, le Réservoir tient plus du club, avec son long comptoir de bar, ses tables et ses chaises en bois, ses banquettes, son atmosphère un peu sombre, lustres avec verroterie au plafond, et un décor où se côtoient des miroirs aux bordures dorées, un cheval de manège, et les photos des artistes passés sur scène (Robert Smith ou Thom Yorke) lors des Music Planet 2Nite de Ray Cokes pour Arte. La salle est tellement petite que les artistes sont obligés de se faufiler derrière le bar pour rejoindre les loges qui se trouvent en haut de d'un escalier en colimaçon.
Imelda May, repérée par Jools Holland, renouvelle le genre rockabilly par une voix très chaude, teintée de jazz, mais reste fidèle aux attitudes pin-up année 50's et à la musique de Gene Vincent, Eddie Cochran et Elvis Presley. Elle a remporté, cette année, le titre de meilleure artiste féminine aux Meteor Music Awards, équivalent irlandais de nos victoires de la musique.
Ce soir-là, l'ambiance était rockabilly sur scène, mais aussi dans le salle. Dans la salle, presqu'autant de curieux venus voir la diva dublinoise que des vrais rockers dont la banane souvent avait disparu en même temps que les cheveux, mais dont les rouflaquettes, tatouages et abdos Kronembourg montraient qu'ils avaient passé beaucoup de temps à côté des jukeboxes.
Sur scène, Imelda May, robe tigrée hyper-moulante, chaussures à talons (très) hauts, queue de cheval et petite banane en tourbillon, était entourée de quatre musiciens qui semblaient sortir d'un film sur la mafia irlandaise. Mais chacun d'entre eux excellait à son instrument : David Priseman, à la trompette ou trompette bouchée se lançait dans des solos étourdissants, Steve Rushton à la batterie et Al Gare à la basse électrique ou à la contrebasse proposaient une rythmique tout aussi impressionnante que dansante, et Darriel Higham (alias Monsieur Imelda May à la ville) à la guitare électrique enflammait les cordes de sa gretsch 6120.
Durant le set, tous les titres des l'album Love Tatoo auront été interprétés, en plus de certains de son précédent album No Turning Back, sorti sous le nom d'Imelda Clabby. En rappel, Imelda May jouera son single "Johnny got a boom boom", troquant son tambourin pour un bodhran orné d'un triskell. Devant le public qui avait abandonné les fauteuils pour se lever et taper à tout rompre dans ses mains, elle reviendra pour interpréter en reprise "Tainted Love" de Gloria Jones puis "My Baby Left Me" du King Elvis.
Il est à parier que lorsque l'album d'Imelda May sera distribué en France par Universal (pour l'instant, on ne le trouve qu'en import), elle repassera dans une salle autrement moins intime, mais plus à la dimension de son talent. |