Préalable
à la visite et indispensable dans la bibliothèque
personnelle de tout amateur d'art au rayon "Beaux Arts",
le catalogue de l'exposition "James Ensor" qui se
déroule au Musée d'Orsay sous forme d'une excellente
rétrospective organisée par le Museum of Modern
Art de New York, en collaboration avec le Musée d'Orsay
et la Réunion des Musées Nationaux.
Le catalogue intitulé "James
(art) Ensor", avec le jeu de mot en clin d'oeil
lié au détournement ironique opéré
par l'artiste sur une critique relative à la présence
d'un hareng saur qui deviendra son totem, se présente
sous forme bipartite classique.
La partie relative au catalogue, intitulée "Une
modernité", comporte donc, traditionnellement, la
reproduction des oeuvres exposées sous des formats variés.
Elle est précédée d'une partie consacrée
aux essais qui est particulièrement intéréssante
dans la mesure où certains sont plus spécifiquement
consacrés à des focus, tels celui de Michel
Draguet, directeur général des Musées
royaux des Beaux arts de Bruxelles, sur le rapport et l'utilisation
par Ensor de la matière picturale un théâtre
de matière, des féroces "truellages"
à la recherche de la lumière, et ceux plus spécifiques
de Robert Hoozee, directeur du Kroninklijk
Museum vor Schone Kunsten à Gand sur les paysages et
la "vision de la nature" par Ensor, ou de Xavier
Tricot historien de l'art, auteur du catalogue raisonné
des peintures de James Ensor sur "James Ensor wagnériste".
Hervig Todts, conservateur au Kroninklijk
Museum vor Schone Kunsten à Gand, se penche sur le regard
de James Ensor sur les artistes qui l'ont précédé
et ses contemporains.
Par
ailleurs, les autres essais traitent de la vie et de l'oeuvre
de James Ensor in situ dans son siècle ce qui permet
une approche réaliste et sensible de l'oeuvre d'un peintre
méconnu du grand public, à l'exception, peut-être,
de ses toiles aux masques et amèrement critiqué
de son temps.
Ainsi, dans celui au titre synthétique "Le carnaval
de la modernité", Susan M. Canning, professeur de
l'histoire de l'art au Collège de New Rochelle à
New York, analyse l'ensemble de l'oeuvre de Ensor, même
si elle est très identitaire, comme représentatif
de la nature de l'expérience moderne.
Quant aux commissaires de l'exposition, Anna
Swinbourne, conservateur au Museum of Modem Artde New
York, propose un voyage biographique dans l'oeuvre de Ensor
et Laurence Madeline, conservateur
au Musée d'Orsay, raconte les péripéties
du hareng saur, symbole de l'art-Ensor pour les critiques, qu'il
détournera habilement dans, écrit-elle, "un
processus de martyrisation et de dramatisation" comme catalyseur
de son sentiment de persécution pour leur tenir front.
Elle entraîne également le lecteur à la
découverte de la maison de James Ensor à Ostende,
qui est devenue un musée, sur les traces de ce qui fut
le 'tout-monde" de son oeuvre.
Enfin, dans un ultime essai intitulé "Ensor est
fou, Ensor est mort, Ensor est éternel : le peintre et,
son image", elle dresse un très joli et admiratif
portrait polymorphe du peintre au 112 autoportraits. |