Je me demande si beaucoup de gens se souviennent de Douchka. D'ailleurs, vous en souvenez-vous ? Cette jeune petite française qui, dans les années 80, "représentait" Walt Disney en France, c'est-à-dire qu'elle chantait en compagnie de Bernard et Bianca, Pluto ou Minnie quelques ritournelles issues de l'univers Disney, courtement vêtue bien souvent de quelques jupettes à faire se dresser les bonnes consciences d'aujoud'hui et faire pâlir l'épilatrice de Britney Spears.
Mais cette jeune lolita, devenue jeune fille puis jeune dame, s'est vite retrouvée jeune retraitée du monde tellement merveilleux du petit Mickey impérialiste et mercantile. Business is business, au-delà de 20 ans tu ne fais plus rêver les enfants et faire bander leurs parents, ce n'est pas le créneau cocotte. Vexée, la demoiselle ne s'est alors pas privée de se lancer dans ce deuxieme créneau. Gloire et déboire, chez Mickey on connait bien visiblement et aujourd'hui c'est l'histoire de Bobby Driscoll que choisit de nous raconter Benjy Ferree sur son deuxième album. Imaginez un peu, Jean-Louis Murat (par exemple) écrivant un album sur Douchka ? Ça serait aussi drôle que... disons Renaud qui chanterait des ballades irlandaises.
Pourtant, ce Come Back to the Five and Dime Bobby Dee Bobby Dee ne prête pas à rire et est même un très chouette album, qui tombe parfaitement bien pour cette fin d'année avec son côté conte chargé de mélancolie et ses mélodies guillerettes.
Bobby Driscoll était l'enfant star des années 40/50 chez Disney, remercié ensuite pour ne pas avoir su rester un enfant, fricotant du côté de la Factory avec ce cher Andy pour finir prématurément dans un recoin de New-York, en junkie SDF de 31 ans.
De quoi faire un sacré biopic bien tristounet... Mais pour l'heure, c'est donc sur disque que Benjy Ferree rend hommage au premier Peter Pan de l'histoire.
Moins country que son précédent disque, Come Back to the Five and Dime Bobby Dee Bobby Dee sonne quand même parfois un peu cowboy ("When you're 16") mais fait surtout la part belle à un rock qui sent bon les early 60's tendance Beach Boys avec des mélodies enjouées et attractives. Un rien rock, un brin folk on passe d'un titre à l'autre avec plaisir et sans lassitude, même si de ce fait l'album semble parfois manquer de cohésion, comme entre le rock énergique de "Great Scott !" et "Zipperface Blues", ballade country aux chœurs tendres comme de la guimauve ou encore "Fear" presque glamour rock façon Queen en pleine forme !
Pourtant, même si l'histoire de Bobby Driscoll ne nous passionne pas, on passe un bon moment en compagnie de Benjy Ferree qui sait nous amuser autant que nous émouvoir.
Au final, cette curieuse comédie musicale tient les promesses d'un artiste prometteur, capable d'écrire de belles chansons un peu rétro et nostalgiques tout en faisant fi des clichés du genre en jouant astucieusement sur le mélange des genres justement.
Et puis Douchka, euh pardon, Bobby méritait bien au moins cet hommage.
"Tired of being good" comme le dit Benjy sur le drôle de gospel introductif. Alors, plutôt que d'acheter les DVD Disney à vos enfants, faites-vous plaisir avec Come Back to the Five and Dime Bobby Dee Bobby Dee.
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