Affiche alléchante, du (trop ?) gros son, de la mèche et des corbeaux comme s’il en pleuvait, retour en image sur la prestation toulousaine du groupe phare du moment…
Le Phare justement… située dans la périphérie toulousaine, cette salle inaugurée en septembre 2007 peut se vanter de proposer l’une des programmations les plus audacieuses et pointues de la région. Presque trop malheureusement serait-on tenter de rajouter, à voir le peu d’enthousiasme suscité par la venue des Londoniens de The Horrors.
C’est donc un public clairsemé et très jeune qui se presse à l’ouverture des portes, pour une soirée qui s’annonce riche en décibels (et non pas en couleurs, car c’est plutôt le noir tendance gothique qui est de sortie !). Surprise de taille, la salle a été modulée en configuration "light", ce qui confirme la première impression.
Il semble que le terrible syndrome du lundi soir ait encore frappé et il devient clairement difficile de faire sortir les gens de chez eux en début de semaine. Il faut également reconnaître que le mois de novembre a été riche en concerts de qualité et ça, on ne va pas s’en plaindre !
Après une longue attente (le temps de se frotter les yeux pour être bien sûr que tout le monde est vraiment arrivé) et Neimo, annoncé comme le renouveau du rock français, ouvre les festivités (capillaires) et va tenter de réchauffer l’atmosphère.
Lookés et maniérés jusqu'au bout des doigts (en l'occurrence très bagués pour le chanteur), les parisiens se présentent dans une configuration minimaliste : chant / guitare / clavier / batterie. La tâche n’est pas aisée, mais ils vont livrer un set honorable, même si l’éventail de leurs références nous saute aux oreilles quasiment sur chaque titre : ça Klaxons à tout va, les Foals et les Strokes n’étant jamais bien loin…
Certes Bruno, le chanteur bodybuildé, en fait des tonnes mais le tout dégage pas mal d’énergie et ils sont manifestement contents d’être là, après leur dernier passage au Saint des Seins fin 2008.
Le batteur, arborant un T-Shirt de leurs potes (et régionaux de l’étape) des Dodoz, tape comme un sourd, pour un résultat qui sonne déjà très fort.
L’annonce de leur dernier titre (ce métier est décidément cruel) ne déclenchera pas des cris désespérés (exception faite d'un ou deux de leurs amis qui tenteront un timide "oh..." de déception) mais le groupe fait preuve d’humour et d’humilité et achève son set sur un "Fight Fight Fight" fort sympathique. 35 petites minutes et puis s'en vont…
Factory Floor, la deuxième-première partie annoncée (curieux concept en même temps), aura la bonne idée de ne pas pointer le bout de son nez, permettant de rester dans une plage horaire compatible avec d'autres activités plus professionnelles.
Après une petite demi-heure de réglages, The Horrors débarquent enfin, avec manifestement l'envie dans les chaussettes. Un jaugeage rapide du public et le groupe, qui a connu des jours plus fastes en écumant les festivals estivaux, va très vite passer en mode automatique.
Le chanteur essaie pendant le premier quart d'heure de se glisser dans la peau de son personnage : apparemment, il n'a pas seulement écouté Joy Division mais a également beaucoup étudié le jeu de scène de Ian Curtis ! Après quelques contorsions épileptiques un peu surjouées ("Mirror’s image", "Three decades"), il se décide enfin à pousser sa voix (à force d'essayer de se faire entendre dans le vacarme ambiant, on comprend ses soucis vocaux qui l'ont poussé à annuler pas mal de concerts cet été).
Faute à une balance très moyenne, le son est en effet saturé, et surtout très très fort, à faire passer les dernières prestations de My Bloody Valentine pour un set acoustique.
Le public, plein d’attente, est un peu sonné et décontenancé ; la production soignée de leur second album passe difficilement l’épreuve de la scène et se retrouve bien chahutée, sauf à être adepte de gros son agressif.
Côté attitude, pas un mot pour le public. Entre le cousin machin (Joshua Third) à la guitare, bien à l’abri derrière son abondante chevelure, et Farris Rotter protégé par une mèche très travaillée, on ne peut pas dire que The Horrors fassent preuve d’un charisme exceptionnel : ils font le boulot, point barre. Seul l’énergique bassiste, monté sur ressorts, surnage et semble prendre son pied en se dandinant en rythme.
"Primary Colours" et "I Can’t Control Myself" tirent leur épingle du jeu et réveillent des fans qui n’attendaient que ça. Puis le magnifique triptyque "New Ice Age", "Scarlet Fields", "I Only Think of You" tout en nuances, laisse enfin le chant libre à Faris Rotter et se taille un joli succès pour ce qui restera le meilleur moment du concert.
Le groupe va ainsi dérouler la quasi intégralité de leur deuxième album, plus leur single "Whole New Way" (figurant uniquement sur l’édition japonaise) avant de finir sur un "Sea Within a Sea" et sa chouette boucle électronique annonçant le déluge à venir.
Après une courte pause, l’heure est en effet venue d’un rappel cataclysmique, consacré à leur premier album Strange House, plus sombre, plus brut, plus noisy. Bassiste et clavier échangent leurs postes et le groupe bascule dans un mélange punk / métal déconcertant avant de finir dans un chaos de hurlements primaires.
Pourtant précédé d'une forte réputation scénique, il semble que le groupe accuse le coup d’une tournée un peu trop longue ; on reste donc sur l’impression mitigée d’un concert un peu décevant et physiquement éprouvant d’intensité, tout en se promettant très vite de ressortir le disque pour vérifier que l’on n’avait pas rêvé. |