Il y a quelques rares groupes comme Yo La Tengo que l'on suit depuis des années, presque innombrables, dont on possède albums, singles et t-shirts en tout genre.
Des groupes qui peuvent tout se permettre et que l'on ne lâcherait pas même si leurs albums n'étaient plus que des rééditions de chutes de studios de ces 20 dernières années. D'aileurs, sans doute même que l'on adorerait ça !
Quoi qu'il en soit, on ne rate pas plus un concert de Yo La Tengo qu'un supporter de foot ne ratera la France en finale de coupe du monde et nous étions nombreux ce soir là au Bataclan dans le même cas. Même si le balcon était vide, les fans étaient venus nombreux pour cette messe païenne et sonique.
Et alors que nous, disciples de la sainte Trinité Ira/Georgia/James, arrivons tranquillement dans le bataclan, nous voilà cueillis et accueillis par une première partie dans la grande lignée des premières parties de l'histoire du rock.
C'est en effet une partie du staff de Yo La Tengo, si l'on en croit ce que nous disent ces deux quinquagénaires délicieusement drôles, énergiques et touchants.
Lui fait la cuisine, elle s'occupe de leurs vêtements (T-shirts, jeans, etc.).
On apprend également qu'ils se sont mariés peut-être un peu à cause de Yo La Tengo. En effet, ils se sont rencontrés à l'un de leurs concerts.
Quoi qu'il en soit le show de Wreckless Eric et Amy Rigby est à la hauteur de leur humour très british (et en français dans le texte) : décapant et réjouissant.
Ils tenteront une version "plus désaccordée" (selon Eric) de "You Tore Me Down" des Flaming Groovies, chanson que Yo La Tengo avait déjà reprise sur leur album Fakebook.
Après cette parfaite mise en condition, idéale à la fois après la journée de boulot et la pluie battante qui nous attend dehors, les Yo La Tengo arrivent discrètement sur la grande scène du Bataclan sur laquelle le trio est à mon goût disposé de façon à se retrouver très éloignés les uns des autres, ôtant cette intimité propre à ce groupe.
Mais ce n'est qu'une impression et la complicité des Américains ne tarde pas à se faire sentir et se communiquer au public de toute façon déjà conquis. Ca commence doucement, avec Kaplan au clavier qui ne tardera pas à donner de la voix, Hubley étant installée bien loin derrière sa batterie, dos à un décor reprenant les boutons de la pochette de leur nouvel album sorti en septembre.
Après cette introduction en douceur, Ira Kaplan empoigne sa guitare et les choses sérieuses commencent.
La pop de Yo La Tengo, celle qui grince, qui bruite, qui rocke sur d'incroyables mélodies rythmées par l'inimitable jeu de batterie de Georgia remplit le Bataclan, nos oreilles et nos coeurs. Kaplan arc-bouté sur sa guitare fait frémir ses amplis, virevolter son instrument sous le regard impassible de ses camarades de jeu.
Le groupe alternera tout au long du concert les titres du nouveau disque, trop neuf encore, et les valeurs sûres, de presque toutes les époques déchaînant l'enthousiasme du public partagé entre le bonheur jubilatoire de voir (et d'entendre) Kaplan jouer avec ses pédales d'effets et maltraiter sa guitare (le roadie avait fort à faire pour refaire une santé aux guitares aussi souvent et rapidement) et l'émotion lorsque Georgia s'avance gauchement sur scène pour quelques superbes versions acoustiques.
Toujours très concentrés, les trois compères ne pourront davantage contenir leur joie lorsque le duo de la première partie les rejoindra sur scène pour une rock endiablé, riants de l'énergie dévastatrice de Wreckless Eric.
Pour finir, le facétieux Ira proposera au public de choisir les titres du rappel mais je le soupçonne de n'en avoir fait qu'à sa tête pour notre plus grand bonheur de toute façon.
Bonheur définitivement comblé lorsqu'il nous dédicacera, tout sourire, vyniles et t-shirts. La classe jusqu'au bout... |