Comédie
sdramatiques de Eugene O'Neil, mise en scène de Guy Freixe,
avec Alain Carnat, Jean Darie, William Darlin, Fabrice de la
Villeherve, Kelly Rivière, Anne-Sophie Robin et Cédric
Weber.
Guy Freixe, comédien, metteur en scène et fondateur
du Théâtre du Frêne, qui a pour vocation
de faire un théâtre populaire, propose un voyage
en trois actes au sein de l'univers dramaturgique de Eugene
O’Neill, Prix Nobel de littérature, pionnier du
théâtre américain et chantre du réalisme
symbolique.
Il a composé ce triptyque de pièces de jeunesse
pour former une "variation musicale autour des thèmes
de la mer, de l'or et des rêves" qui révèle
des conflits psychiques profonds sous un premier niveau narratif.
En effet, l'intrigue de "La corde" tourne autour
du magot d'un vieux père tyrannique qui rudoie sa fille
restée à la ferme et attend le retour de son fils
prodigue qui s'est embarqué au long cours, "Soif"
créée pour la première fois en France,
qui narre la fin tragique de trois rescapés d'un naufrage
qui se battent pour une gorgée d'eau et "L'endroit
marqué d'une croix" a pour personnage principal
et invisible un vieux capitaine qui attend le retour de son
bateau naufragé parti à la recherche d'un trésor.
En ce qui concerne le réalisme psychologique, bien
sûr le conflit père-fils, l'appel du large et du
rêve, la fièvre de l'or qui corrompt tout, sous-tendent
ces récits aux allures de contes populaires mais la mise
en scène de Guy Freixe, le décor soigné
et ingénieux en planches brutes et en terre de Raymond
Sarti qui se transforme à l'envi en vieille ferme délabrée,
en radeau de sauvetage et en grenier-vigie et le jeu tout en
nerfs et en humeur des comédiens font davantage pencher
la balance vers le théâtre naturaliste.
Le niveau narratif reste donc prégnant, les personnages
confrontés à des situations extrêmes, la
misère, la mort, la folie, ont toujours des réactions
d'animal pris au piège incapable d'une raisonnement prospectif
à long ni même à moyen terme, leur caractère
est à peine esquissé et les opus successifs sont
trop courts pour que le spectateur puisse se plonger dans l'analyse.
Ainsi, les personnages de "La corde" sont obnubilés
par l'existence du magot caché du père dont ils
pensent que la découverte les sauvera de leur précarité
sans chercher une solution autre qui les amènerait à
prendre leur destin en main.
Cela étant, le travail réalisé par la
compagnie et notamment les acteurs sur scène parfaitement
investis dans leur rôle est en totale adéquation
avec ce registre théâtral qui semble chercher un
second souffle. |