En 2008, nous avions découvert le jeune organiste et compositeur Matthieu Marthouret avec le groupe Talkin' About trio + 1. Avec Playground, il nous surprend de nouveau. Matthieu Marthouret fait partie de la jeune garde de musiciens parisiens, inspirés par la génération Rosenwinkel et Turner, qui développent un jazz décomplexé, très en vogue et qui s’appuient sur le décloisonnement des genres.
Les musiciens de ce quartet se connaissent bien. Marthouret a réuni Manu Franchi, Sandro Zerafa et David Prez pour leur identité musicale propre : le discours compact et le son satiné de Prez, doublés de la guitare mélodieuse et inventive de Zerafa et la sobriété dynamique de Franchi. Les trois musiciens ont d'ailleurs tout compris de la musique du leader. Marthouret a gagné en maturité et a définitivement imprimé sa personnalité de musicien. Il a signé neuf compositions limpides et mélodieuses, qui touchent droit au but, comme une évidence ("Joan's Pendulo", "Tones Stew"), avec des virages inattendus. L’organiste "moderne", à l'instar d'Emmanuel Bex et Sam Yahel, s'écarte volontairement des trivialités inhérentes à l'instrument et déploie des climats variés aux ambiances poétiques et taquines. Son identité à lui tient dans la suggestion : Marthouret dompte le groove et la soul. Plus exactement, il s'en est fait des amis qui n'ont pas besoin de crier ou s'écrier pour exister. Marthouret a dans les doigts une formule magique qui profite au mélomane : il règne une quiétude bienvenue pour l'âme dans Playground.
Chronique originale publiée dans
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