C'est à l'occasion
de leur tournée promotionnelle précédant de
quelques semaines la sortie de leur premier album "Mouthful
of love" que nous avons eu l'occasion de rencontrer 2 membres
des Young Heart Attack, à savoir
Steven, bassite et auteur de la plupart
des morceaux, et Jennifer, la voix féminine
du groupe.
Un grand sourire sur leurs visages de jeunes artistes encore timides
et ravis d'être là pour parler de leur travail, bien
loin des clichés des gros bras tatoués revenus de
tout jouant du hard rock FM dans les relais routiers le lons des
highway américaines que l'on pourrait imaginer à l'écoute
de leur premier album, ils nous ont très chaleureusement
accueillis dans le petit salon de Beggars France (merci à
JB) une heure durant et ce en fin d'une journée promo largement
remplie et avant leur départ pour la Hollande pour continuer
cette tournée de presse.
Comment est né Young Heart Attack ?
Steven : On jouait tous dans des groupes différents
au départ, sauf Jennifer qui est une "nouvelle venue".
En fait on voulait faire un groupe de rock, comme bien d'autres
gens.. Chris et moi on a commencé et on a cherché
un bassiste dans nos relations, dans le coin, dans notre ville d'Austin.
Nous n'avions pas d'idée préconçue sur ce que
serait le groupe, plutôt rock plutôt heavy metal...
on voulait juste faire un groupe de rock
Jennifer n'avait jamais été dans un groupe de rock
auparavant. Elle vient plutôt du jazz. Je cherchais une fille
pour faire les choeurs sur les chansons au départ. Enfin
bref, même si elle n'avait pas un passé rock, ça
la tentait et on s'est donc retrouvé à travailler
tous ensemble et à écrire des chansons.
On a travaillé 7 mois durant, en 2001 et on a fait notre
premier show ensuite, au printemps de l'année suivante. On
commençait à bien se connaître. On n'avait pas
des ambitions démesurées si ce n'est partir sur la
route jouer live et essayer de faire un disque.
Ok donc maintenant vous êtes rodés
et vous cherchez une maison de disque, est ce que cela a été
facile ?
Jennifer : Ouais super facile (rires)
Steven : Oui c'est vrai qu'on peut penser que c'est
difficile de trouver un label, avec tous ces groupes etc ... mais
je crois en la musique, en l'amitié et c'est vrai que cela
a été plus facile que ça a pu l'être
auparavant. Nous avons sans doute été au bon endroit
au bon moment.
Mais ce n'est pas pour cela qu’on n'a pas continué
à bosser dur, car nous sommes un jeune groupe, comme un bébé,
et il faut grandir, trouver la bonne direction dans laquelle nous
avons envie d'aller sur disque, écrire de nouvelles chansons,
essayer de s'améliorer en concert, etc. Une fois qu'on fut
prêt alors le manager s'est réellement occupé
de nous... En fait ça me parait fantastique, encore maintenant
(rires).
Sortir un disque était elle donc votre seule
ambition ?
Steven : Oui et voyager autour du monde, pour que
les gens entendent notre musique. Nous ne voulions pas passer notre
temps à faire des petits concerts le week end à Austin.
En fin de compte la chose la plus importante pour nous c'est de
pouvoir devenir des musiciens professionnels, pouvoir vivre de notre
musique.
Vous êtes sur le même label que les
White stripes (XL recording). Cela engendre-t-il une pression supplémentaire,
notamment en terme de performance commerciale ?
Steven : Le label ne nous met aucune pression en ce
sens. XL et Beggars sont très bien pour cela. Bien sur qu'ils
veulent vendre un maximum de disques mais cela ne se fait pas en
dépit de la musique. Cela n'a rien à voir avec certains
gros labels qui veulent vendre à tout prix sans se préoccuper
de la qualité musicale de ce qu'ils vendent. En fait la pression
on se la met plutôt nous pour donner le meilleur de ce que
l'on peut faire.
Votre musique est très rock, voire hard rock.
Parlons un peu de vos influences. Votre bio mentionne les Who, le
MC5, les Stooges ... réalité ou effet marketing ?
Steven : Bien sûr que l'on aime ces groupes.
En fait je crois que tout ceux qui aiment la musique rock aiment
ces groupes. Ce sont des classiques. Mais on ne peut pas dire que
ce soit les seules choses que nous écoutions ou qui nous
ont influencé, il y en a beaucoup d'autre.
C'est vrai que ces 3 là sont vraiment des références
et tout le monde les connaît, c'est donc une façon
de dire "Si vous aimez ces groupes, vous aimerez Young Heart
Attack". Mais nous ne sommes pas limités à cela.
Alors par exemple quel est la dernière chose
que vous avez écouté récemment et qui vous
a plu ?
Steven : Et bien, dans les groupes récents,
je dirais, un groupe anglais qui s'appelle The Libertines et puis
bien sur Elephant des White Stripes qui à mon avis est déjà
un classique du rock
Et AC/DC ? car certains moments de l'album rappelle
vraiment ce groupe notamment les premières secondes de "Mouthful
of love", la première chanson du disque.
Steven : Je ne vais pas dire que je n'aime pas ACDC
mais ce n'est pas ce que je préfère, ils ne sont pas
dans mon top ten de mes albums préférés.
Toi Jennifer tu as un passé plutôt
jazz ...
Jennifer : Oui c'est vrai, jazz, blues, mais je n'en
écoute plus autant que j'en ai écouté. Je suis
beaucoup plus tournée vers le rock maintenant et c'est d'ailleurs
pour cela que j'en fait (rires).
Concernant les chansons, il se trouve que chaque
chanson est chantée à 2 voix mais c'est toujours la
voix masculine qui est en avant et celle de Jennifer qui se contente
des choeurs ? Pourquoi ne pas faire chanter plus Jennifer ?
Steven : On y travaille, on va essayer cela en effet.
Ce n'est pas ce que l'on souhaitait au début, on voulait
juste qu'elle fasse les choeurs mais je pense que sur le prochain
album elle aura plus de partie de chant et nous les mecs on fera
plus de choeurs. (rires).
Qui décide dans le groupe ? Steven, es tu
le leader ?
Jennifer : Oui ! c'est le leader de la bande (rires)
Steven : Non tout le monde participe, les autres
gars écrivent aussi des chansons, Jennifer n'en a pas encore
eu l'occasion mais ça viendra sûrement ... moi je centralise
un peu tout quoi...j'écris l'essentiel des textes et des
musiques.
Tu es le bosseur de l'équipe alors...
Steven : Non pas du tout
Jennifer : Si si !
Cela t'es déjà arrivé de devoir
trancher pour tout le groupe ? de décider qu'une chanson
est bonne ou non ?
Jennifer (toujours hilare) : Oh oui souvent !
Steven : C'est vrai qu'il faut parfois prendre des
décisions et j'ai tendance à m'en charger mais...
Jennifer : Nous avons toute confiance en Steven.
Steven : De toute façon ce n'est jamais arbitraire,
je ne vais pas écarter une chanson juste parce que elle ne
me plait pas, on en discute bien sur toujours !
Donc la porte est ouverte à tout le monde
en ce qui concerne l'écriture, tu ne fais pas barrage ?
Steven : Non pas du tout ! Tout le monde peut écrire
des chansons.
Jennifer : Cela étant j'adore n'être
qu'interprète pour le moment.
Quelle est votre façon d'écrire ?
car certains morceaux pourraient être adaptés de façon
très pop en fait ...
Steven : C'est vrai que l'on fait du rock mais on
attache beaucoup d'importance au songwriting, la façon d'écrire
les mélodies, les harmonies dans l'esprit des années
60, et à chercher tant du coté des Byrds que des Ronnettes,
Buffalo Springfield. C'est important pour nous de faire une musique
rock, énergique mais tout en faisant quelque chose de ...
je ne sais pas comment l'exprimer ... quelque chose de plus construit,
qui tienne tout seul.
D'ailleurs je pense que la plupart de vos chansons
supporteraient d'être jouées seules, en acoustique
...
Jennifer : Oui, il y a de vraies chansons derrière
le bruit
Steven : Mais en fait tu as raison quand tu dis que
cela pourrait être joué seulement avec une guitare
acoustique et je te remercie de le faire remarquer. Je pense que
la raison à cela est que j'écris la plupart des chansons
seul avec une guitare acoustique donc cela donne forcément
de l'importance au songwriting par rapport au bruit.
En revanche, je trouve qu’à l'opposé
de ces chansons, la puissance de certaines autres est incontournable,
notamment je suppose en live. Comme Over and Over qui pourrait ne
jamais s'arrêter.
Steven : Oui c'est vrai que c'est un morceau tout
en puissance que nous prenons beaucoup de plaisir à jouer
live. C'est une pièce maîtresse de nos concerts et,
en fait, l'enregistrement du morceau pour le disque a été
quasiment fait en une seule prise dans les conditions du live.
A propos de l'enregistrement de "Mouthful of
Love", comment se fait il que tout a été enregistré
aux Etats Unis sauf 1, enregistrée en Angleterre . Il manquait
une chanson ? (fou rire général).
Steven : Non pas du tout ! en fait on est arrivé
avec 15 ou 16 chansons en Angleterre et puis celle-là (ndlr
: In Luck), que l'on n'avait jamais enregistré mais que l'on
venait de jouer live, et quelqu'un chez XL recording a dit qu'il
fallait que cette chanson soit sur l'album. Alors on a loué
un studio a Londres et on a enregistré en une après
midi, vite fait bien fait, et mixé dans la foulée.
Et les autres chansons, où sont elle passées
?
Steven : Ce seront des faces B de singles sans doute,
certaines sont vraiment bien, énergiques. On aurait bien
voulu un album avec 23 chansons mais bien sur ce n'est pas possible
surtout pour un premier album. (ndlr: néanmoins cet album
est très court, 35 minutes).
Parlez nous un peu de la chanson "(Take me
back) Mary Jane", au début on dirait que c'est une impro..
Steven : Oh oui, je vais te raconter l'histoire de
cette chanson. En fait on avait pour ainsi dire fini les sessions
d'enregistrements. et un jour après la séance de studio,
on se rend sur le parking, derrière le studio et on a posé
2 petites batteries, Joey en a pris une, moi je me suis mis à
l'autre, Chris le chanteur est arrivé avec une guitare et
on a commencé à mettre des micros...
Il y avait là des chiens, des basketteurs c'était
marrant, c'était l'été à Austin, très
agréable d'être là. On a commencé à
enregistrer, moi je joue pas trop de batterie mais à ce moment
j'avais juste un ou 2 éléments, une cymbale. On a
donc enregistré cela et ensuite on est retourné au
studio pour ajouter un peu de piano, faire la piste de voix et quelques
arrangements, notamment à l'aide de mon frère. En
tout cas c'était vraiment marrant à faire, sur l'album
on entend encore les basketteurs et les bruits de rue...
Est ce que le fait de vivre à Austin est
important pour votre musique ?
Jennifer : Et bien, c'est une question difficile en
fait et je ne peux répondre que "j'en sais rien"
puisque justement je suis de Austin et je ne sais pas si ça
aurait changé quelque chose de vivre ailleurs.
Steven : En fait cela à sûrement une
influence sur la façon dont nous abordons la musique, dont
notre musique sonne mais en même temps certaines personnes
disent que notre album sonne plutôt européen alors
... que penser ?. On ne pense pas à cela mais c'est vrai
que notamment au moment ou le groupe s'est formé c'était
important, c'est également important quand on tourne aux
Etats unis, "c'est un groupe d'Austin" ....
Maintenant que vous avez tout ce que vous espériez
(un label, un album...) que peut on vous souhaiter de plus ?
Jennifer: Avoir assez d'argent pour continuer à
faire de la musique, peut être même avoir un peu d'argent
pour payer notre retraire (rires).
Steven : On veut rester Young heart attack aussi
longtemps que possible, même si nous ne vendons pas des millions
de disques, mais nous voulons continuer à écrire des
chansons, à faire des tournées dans le monde entier.
Les chansons de l'album ont été écrites
il y a longtemps ? C'est de l'histoire ancienne pour vous ?
Steven : La moitié est ancienne mais l'autre
moitié a été écrite en studio. Mais
on a déjà quelques chansons pour le prochain disque
et puis on ne cesse jamais vraiment d'écrire. Parfois on
improvise en studio et puis je reste souvent chez moi vautré
sur mon lit avec ma guitare à regarder la télé
et chercher des nouveaux trucs.
Sur la pochette il n'y a pas de crédit pour
l'écriture, c'est simplement noté "all songs
by YHA", pourquoi ?
Steven : Parce que c'est un travail d'équipe,
même si telle ou telle personne fournit les paroles ou la
musique, la chanson finale n'aurait jamais été ce
qu'elle est si tout le monde n'avait pas travaillé dessus,
donc la chanson appartient à nous tous.
Question évidente, pourquoi ce nom ?
Jennifer : Cela vient d'un ami de Chris, un artiste
dont une oeuvre porte ce nom, ça n'a pas de signification
particulière en fait pour nous au départ.
Dernière question : si vous deviez résumer
votre musique en 3 mots quels seraient ils ?
Steven : Je sais pas ce que ça va donner en
français, mais je dirais " Totally Fuckin' bitchin'
"
|