Spectacle
conçu et mis en scène par Amos Gitai d'après
La Guerre des Juifs de Flavius Josèphe, avec Jeanne Moreau,
Tamar Capsouto, Yahel Doron, Shahar Even Tzur, Amos Gitai, Shredy
Jabarin, Jerome Koenig, Alexei Kotchetkov, Menachem Lang et
Mireille Perrier.
Le grand spectacle "sons et lumières" du cinéaste
israélien Amos Gitai présenté en ouverture
de la 63ème édition du Festival d’Avignon
dans le cadre de la magnifique carrière Boulbon, et durement
éreinté par la critique, est programmé
en ce début d'année pour quelques représentations
au Théâtre National de l'Odéon dans une
version manifestement plus cheap.
Avec "La guerre des fils de lumière contre les
fils des ténèbres", il a souhaité,
comme résonance au conflit israléo-palestinien,
faire entendre un texte datant du 1er siècle, celui de
Flavius Josèphe rabbin devenu historiographe au service
de l'empire romain qui exalte la résistance juive tout
en louant la grandeur de l'envahisseur romain lors de l'annexion
d'Israël dans l'Antiquité.
Le spectacle revêt le caractère d'une lecture
mise en espace polyglotte, en français, hébreu
et anglais, et polyphonique avec plusieurs officiants dont l'acteur
américain Jérome Koenig, l'israélien Shredy
Jabarin, la comédienne française Mireille Perrier
et Amos Gitai lui-même, ponctuée de très
beaux chants yiddish dispensés par Menachem Lang et d'intermèdes
post-rock joués par Alexey Kotchetkov au violon et Yahel
Doron à la guitare.
En fond de scène, des braseros et une tourelle métallique,
qui servira au percussionniste Shahar Even Tzur, évoquent
les cités assiégées dont le destin est
relaté dans cette chronique historique "diplomatique"
et factuelle qui décrit notamment le fameux siège
de la citadelle de Massada qui fut à l'origine de la
diaspora juive.
Amos Gitaï a fait appel à Jeanne Moreau, comédienne
à la scansion si atypique, à la voix si singulière,
une de ces voix qui, pour ceux qui y sont sensibles, pourrait
transcender le bottin, qui s'avère une récitante
de choix pour porter, de manière distanciée à
l'extrême, un texte dépourvu de tout dynamisme
épique
L'ensemble de ces prestations morcelées et juxtaposées,
pâtissant d'un système de surtitrage peu judicieux,
ressortit davantage au spectacle formel de commémoration
qui n'arrive pas vraiment à impliquer le spectateur et
devient inévitablement, sur la longueur, fastidieux sans
pour autant remettre en cause la prestation sans faute de chacun
des intervenants. Ce soir-là sans doute manquait-il la
grâce… |