Le
titre est alléchant (sic) et la critique hexagonale plutôt
flatteuse à l'égard du deuxième opus de
ce jeune auteur américain dont les premières pages
sont d'un humour jaune et noir particulièrement iconoclaste
et roboratif.
Ainsi se présente, sous de bons augures, "La lamentation
du prépuce" de Shalom Auslander.
Apprenant qu'il allait bientôt être père,
ce dernier, élevé dans la pure tradition juive
orthodoxe avec laquelle il affirme, devenu adulte et névrotique,
avoir pris ses distances tout en restant totalement inféodé
à une foi aveugle et paranoïaque en un Dieu vengeur
et peu miséricordieux, entreprend un récit autobiographique
pour tenter de solutionner l'affreux dilemme qui l'assaille,
à savoir s'il fallait ou non circoncire le futur bébé
s'il était de sexe masculin.
La nature même de ce dilemme en dit long sur les ravages
des préceptes théologico-culturels inculqués
durant l'enfance au sein de communautés particulièrement
autarciques et peu tolérantes telles que celle dont l'auteur
va narrer les dogmes et préceptes par le menu. Préceptes
et dogmes qu'il va volontairement transgresser avec une détermination
farouche pour tester le courroux divin et un sens certain de
la dissimulation. Rebelle, velléitaire, certes mais en
ménageant quand même ses arrières par rapport
à un microcosme certes étouffant mais qui ne connaît
d'autre réponse à la contestation que le bannissement.
La lecture de la longue litanie (sic) des règles juives
qui confinent souvent à l'absurde finit par devenir laborieuse
et les provocations récurrentes du jeune homme mou du
gland (re-sic) qui les transgresse, qui fume, et pas que du
tabac, qui boit, qui mange pas cacher, qui se veut pornographe
et qui vole dans les magasins avec un systématisme éprouvant
virent du comique au pathétique.
Tout comme la posture du personnage qui se présente
comme un hybride de Woody Allen et Philip Roth. Mais à
suivre les sillons que ces deux-là ont raclé jusqu'à
l'os, il ne glane pas grand chose et après quelques pages
prometteuses, telles le concours des bénédictions
et la condamnation de l'onanisme ("A peu près neuf
Holocauste à chaque branlette"), tout tourne un
peu à vide.
Et puis comme les mauvaises et arbitraires critiques sont souvent
plus porteuses pour un spectacle qu'une critique dithyrambique
qui peut engendrer la déception, cette entreprise de
pilonnage de l'orthodoxie juive n'aura sans doute pas l'effet
escompté d'autant que le narrateur a conservé
la foi. Et personne ne peut affirmer, comme les grands saints
ont souvent été de grands pêcheurs, que
Shalom Auslander ne retournera pas sa kippa. |