Seul
en scène écrit et interprété par
Nicolas Vallet dans une mise en scène de Charlotte Andrés.
Le seul en scène, forme exaltante pour l'ego de l'acteur
et exutoire pour le pitre, qui pullule sur les scènes
parisiennes en déclinaisons multiples louvoyant entre
la lecture et le one man show, constitue un exercice bien plus
difficile et périlleux qu'il n'y paraît faute souvent
de sens ou de véritable propos.
Nicolas Vallet s'y colle néanmoins avec un "Malgré
lui" tout à fait réussi et enthousiasmant
qui revêt la forme d'une pièce courte à
un personnage pour laquelle, étant son propre auteur,
il a choisi une entrée en matière originale en
propulsant sur scène une personne inattendue, un homme
de l'ombre qui n'officie jamais sous les feux de la rampe mais
en back stage, aussi discret qu'indispensable, le régisseur
qui vient informer les spectateurs qu'un problème technique
retarde le lever de rideau.
Comme l'incident perdure, il est appelé à jouer
les interludes et de timide, emprunté, peu rassuré,
Régis le régisseur, qui semble avoir été
désigné comme volontaire d'office pour faire patienter
le public et dont il s'avèrera bien vite que…mais
en dire plus déflorerait le "coup de théâtre"
habilement concocté, prend peu à peu de l'assurance
pour investir la scène et de la solitude des régisseurs
au fond des coulisses à l'envoûtement de la scène,
il n'y a qu'un pas qu'il franchit allègrement. Et puisqu'il
y est il y reste !
Usant de nombreux registres, de la commedia dell'arte au mime,
de l'affabulation à la confidence, de la transmutation
du comédien au personnage, du sens certain de la dramaturgie
et d'une jolie écriture très personnelle, riche
d'humour parfois décalé, de sensibilité
et de poétique fragilité, qualités qu'il
sait également convertir en dialogues comme l'attestait
son premier opus théâtral "Comme
si on s'aime", superbe variation autour la rencontre
amoureuse, thème pourtant maintes fois remis sur l'établi,
présentée au Festival Premiers Pas à la
Cartoucherie en 2008, il compose un délicieux et drolatique
salmigondis - au bon sens du terme - thématiquequi est,
avant tout, la formidable déclaration d'amour au théâtre
d'un jeune comédien qui est acteur, auteur, metteur en
scène et aussi, à l'occasion, régisseur
bien sûr.
Doté d'un beau tempérament et d'une exubérance
communicative, que son metteur en scène Charlotte Andrés
a su canaliser sans en ôter la fraîcheur échevelée,
Nicolas Vallet, pour qui la scène est un formidable terrain
de jeu, s'y révèle et s'y épanouit avec
bonheur, pour le sien et celui du spectateur. |