Comédie dramatique de Fabrice Melquiot, mise en scène
de Stanislas Nordey, avec Benjamin Barou-Crossman, David Botbol,
Christelle Burger, Laurent Cazanave, Yoan Charles, Marine De
Missolz, Julie Duchaussoy, Vanille Fiaux, Manuel Garcie-Kilian,
Simon Le Moullec, Julien Polet, Emilie Quinquis, Chantal Reynoso
et Anne-Sophie Sterck.
Pour le spectacle de sortie des élèves de la
dernière promotion de l'Ecole du Théâtre
National de Bretagne dont il est le responsable pédagogique,
Stanislas Nordey a retenu, une partition de Fabrice Melquiot.
Dans ce texte intitulé "399 secondes" Fabrice
Melquiot y tisse des fragments d'histoires individuelles contemporaines
puisés dans les faits divers qui lui paraissent significatifs,
qu'il combine avec des réminiscences de légendes
mythologiques, qui convergent vers une sorte de rite sacrificiel
païen autour d'un événement naturel, l'éclipse
du soleil à laquelle fait allusion le titre, 399 secondes
correspondant à la durée de l'éclipse totale
du soleil intervenue en 2009 à Shanghai, souvent investi
d'une causalité supranormale et d'un symbolisme religieux.
Il y explore le mal être d'individus qui sont dans ce
nouvel âge de la vie récemment inventé qu'est
la post-adolescence, et qui se caractériserait par le
désarroi et la quête du sens de la vie après
la traversée de l'adolescence quand l'indifférenciation
sexuelle et l'indétermination existentielle ne sont pas
encore résolues, un moment de non temps où tout
est possible, dont la fameuse traversée du miroir, avec
une utilisation métaphorique de l'éclipse.
A l'écriture kaléidoscopique et taraudante de
Fabrice Melquiot convient bien la marque de fabrique de Stanislas
Nordey, mise en scène ascétique et distanciée,
pour laquelle en l'occurrence, il a également conçu
la scénographie, une scénographie esthétisante
en prise directe avec l'art contemporain.
Dans un white cube, cercueil céleste au sol jonché
de parsemé d'amas de guirlandes électriques à
la Felix Gonzales-Torres, apparaissent des personnages fantomatiques
tous vêtus à l'identique avec le costume porté
par les danseuses de Pina Bausch dans le "Le sacre du printemps",
robe blanche au demeurant actuellement exposée au Palais
Garnier, ballet dont l'argument est également un rite
sacrificiel païen.
Pour les jeunes pousses du TNB au physique juvénile,
le "passage" officiel dans le métier de comédien,
l'épreuve d'intronisation en quelque sorte, par le biais
de ce texte se révèle un périlleux exercice
de confrontation, tant avec la forme théâtrale
qu'entre eux, comme il est de mise dans cet exercice imposé.
Ce soir-là, deux visages et deux voix au beau timbre
se démarquent, ceux de Julie Duchaussoy et d'Emilie Quinquis. |