Bien que les beat box, ordinateurs, ou guitares électriques soient rois sur la scène musicale moderne, des albums dont la guitare acoustique est l’instrument principal continuent de voir le jour. J’en dénombre notamment trois sur les douze derniers mois, et pas des moindres.
Biréli Lagrène Gipsy Trio (Dreyfuss Jazz, août 2009)
Tout d’abord Biréli Lagrène, grand artiste de tradition manouche qui a déjà derrière lui plus de vingt ans de profession et de très nombreux albums à son actif. L’artiste ayant commencé à jouer de la guitare à quatre ans, on n’est pas surpris du doigté agile qu’il manifeste. Très inspiré par Django Reinhardt, il en est devenu le digne représentant aux yeux de certains.
Dans un style jazz manouche, son dernier album Gipsy Trio reprend deux titres de Biréli Lagrène, mais surtout des classiques du jazz comme "Lullaby of Birdland", "Limehouse Blues", "Tiger Rag", un morceau pop rock ("Something" de George Harrison) ainsi que d’autres chansons telle que "Singin’ In the Rain", et sans oublier évidemment un titre de Django Reinhardt ("Micro"). La guitare de Biréli Lagrène, dont le talent est véritablement impressionnant, apporte à chaque morceau une version enlevée et pétulante, pour un résultat toujours sympathique.
Nelson Veras Solo Session Vol.1 (Bee Jazz, octobre 2009)
Ensuite, deuxième guitariste remarquablement talentueux, Nelson Veras. Plus jeune que le précédent, puisqu’il n’a que 32 ans, et seulement quelques albums déjà édités, mais malgré tout une grâce incontestable dans ses notes. Sur Solo Session Vol.1, il reprend des morceaux des grands artistes brésiliens Chico Buarque ("Windows" , "A Ostra e o Vento"), Tom Jobim ("Triste", "Corcovado", "Wave") et Milton Nascimento ("Lilia"), ainsi que d’autres compositeurs comme John Coltrane, R Rodgers, Chick Corea et John Lewis. Imprégné d'une ambiance intimiste, l’album a été entièrement enregistré en solo dans l’appartement parisien de Nelson Veras. Le doigté velouté de l'artiste apporte à l’oeuvre un raffinement qui nous enveloppe et nous porte vers un moment de contemplation.
Gianmaria Testa Sol Dal Vivo (Harmonia Mundi, février 2010)
Enfin, Gianmaria Testa, dans un registre différent des deux autres, puisque la guitare, toujours instrument principal, accompagne délicatement les textes de l’artiste italien. Solo dal Vivo, premier album live de l’artiste, est l’enregistrement intégral d’un concert en solo à Rome en 2008 et reprend les morceaux de ses albums précédents, édités entre 1995 et 2006, ainsi qu’une version de "La nave" D’Angelo Ruggiero. De sa très belle voix suavement rocailleuse, l’artiste délivre une vingtaine de chansons d’une douceur et d’une finesse à faire fondre l’auditeur de plaisir. A moins d’avoir assisté au concert, les applaudissements et discours d’introduction et de transition ont un effet moins séducteur, mais l’album reste dans l’ensemble un beau moment de détente, qui se termine agréablement avec une chanson inédite enregistrée en studio "Como al cielo gli aeroplani". |