Comédie
romantique écrite et mise en scène de Nicolas
Bedos, avec Mélanie Laurent et Jérôme Kircher.
Le dernier opus en date du jeune auteur dramatique-metteur
en scène Nicolas Bedos, dont l'écriture et la
direction d'acteurs ont parfois suscité de sévères
critiques, devrait faire l'unanimité.
En effet, cette "Promenade de santé", qui
narre, de manière légère, acidulée
et douce-amère un double sujet grave - l'idylle entre
deux pensionnaires d'une clinique psychiatrique - se révèle
une belle réussite.
Ce spectacle de format court, une heure chrono, repose sur
un heureux mélange des genres et renouvelle les codes
de la comédie romantique, car s'il y a humour et romance
Nicolas Bedos l'immerge dans le contexte générationnel
très contemporain de jeunes adultes désaxés
qui ont brûlé trop tôt et trop vite leur
jeunesse et applique à ce coup de folie amoureuse un
dénouement inattendu, une intrigue resserrée et
des scènes ping-pong réduites à l'essentiel
dramaturgique au sens premier du terme et rythmées par
des dialogues ping-pong peaufinés et percutants.
Un coup de foudre entre fous donc, dans un établissement
médico-psychiatrique polyvalent, maison de repos, centre
de cure et asile psychiatrique, mais apparemment pas des psychotiques
souffrant de pathologies lourdes, plutôt atteint de folie
douce.
Elle est artiste, danseuse étoile, atteinte de nymphomanie
joyeuse et de grande fatigue psychique qui nécessitent
des cures de sommeil à répétition. Pseudo-looser
complètement toqué, il cultive une posture bukoswkienne,
alcool, drogues et sexualité débridée.
La confrontation, assurée par une mise en scène
nerveuse de l'auteur, est d'autant plus incisive, convaincante
et réjouissante que la distribution est judicieuse et
l'interprétation parfaite. Pas de surprise s'agissant
de Jérôme Kircher, comédien dont le métier
et la présence sur scène sont choses acquises,
et dont le jeu qui allie toutes les qualités d'intelligence,
de finesse et d'émotion, transcende, en lui insufflant
une sorte de poésie désenchantée, un personnage
qui pourrait verser dans la caricature.
En revanche, elle révèle Mélanie Laurent,
connue jusqu'à présent comme actrice de cinéma,
qui pour sa première prestation scénique, certes
dans un rôle écrit sur mesure pour elle par Nicolas
Bedos, est éblouissante de grâce, de fantaisie
et de densité darmatique.
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