La
Maison Européenne de la Photographie
a invité le grand photographe américain Elliott
Erwitt, à l'hiver de sa carrière, à
constituer sa propre rétrospective.
Pour ce "Personnal Best",
il a sélectionné plus d'une centaine de clichés
parmi ses préférés qui constituent pour
le néophyte un bien intéressant vademecum d'une
oeuvre qui s'étend sur 60 années.
Elliott Erwitt est un des derniers dinosaures de la photographie
: il a rencontré Edward Steichen, Robert Capa et Roy
Stryker, il est membre de l’agence Magnum Photos depuis
plus d'un demi siècle. Photographe professionnel qui
dit avoir la photographie pour hobby, il a fait le tour du monde
et tout photographié sauf la guerre ("parce que
c'est dangereux").
En dehors de ses photographies commerciales et personnelles,
Elliott Erwitt a également réalisé des
films documentaires et des émissions comiques pour la
télévision. Son talent ? L'humour (à la
question "Comment vous êtes-vous formé à
la photographie ?", il répond pince sans rire :
"J'ai lu les instructions sur la boîte") et
l'instinct pour saisir l'instant décisif si cher à
Henri Cartier-Bresson dont on le dit son héritier.
Elliott Erwitt : Photographe urbain
Elliott Erwitt est un photographe urbain dans les deux sens
du terme car il aime la ville et les gens...et les chiens.
Et si sa sélection privilégie les clichés
joyeux et drôles, sans se dispenser de ceux qui sont très
connus (comme le baiser retenu pour la publicité Leica),
il y distille des images plus graves comme celles qui témoignent
de la ségrégation raciale.
Parmi
ses thématiques récurrentes, les enfants, avec
des portraits saisis sur le vif toujours emprunts d'un perceptible
second degré, et les chiens, surtout les petits, photographiés
à ras de truffe pour une vision très caninisée
de la réalité.
Au gré de la visite, se profile une photo emblématique
de Paris telle que l'imaginaire français voit l'imaginaire
américain : des amoureux enlacés sur fond de Tour
Eiffel avec un Gene Kelly anonyme qui se la joue "Singing
in the rain".
Et puis des célébrités.
Non loin de Jackie Kennedy saisie le jour des funérailles
officielles de JFK, le portrait de celle qui, un an auparavant,
chantait "Happy birthday Mister President".
Marilyn Monroe sur le tournage de "Les désaxés"
de John Huston ou seule et souriante dans l'intimité. |