Le
Musée du quai Branly a invité Philippe Descola,
anthropologue dont le directeur de thèse fût Claude
Lévi-Strauss à qui il a succédé
à la chaire d'anthropologie du Collège de France,
a concevoir une grande exposition d’anthropologie sur
le sujet développé dans sa thèse dans "Par-delà
nature et culture".
Ainsi est née, réalisée en partenariat
avec le musée du Louvre et avec la collaboration de Anne-Christine
Taylor, directrice du département de la recherche
au Musée du quai Branly, l'exposition "La
Fabrique des images" qui décrypte les différentes
représentations du monde.
Ainsi que le résume Philippe Descola, "l’objectif
de l’exposition est de donner à voir ce qui ne
se voit pas d’emblée dans une image" et qui
se décline selon quatre stratégies figuratives.
Une exposition érudite et savante qui est loin d'être
intuitive et en appelle autant à l'ethnologie qu'à
la philosophie et à l'histoire de l'art.
L'homme et son monde
Selon
Philippe Descola, toutes les représentations du monde
et de l'homme sur les cinq continents peuvent se ranger dans
une des quatre catégories conceptuelles et intemporelles
qu'il érige en postulat.
Il s'agit de l'animisme, du naturalisme, du totémisme
et de l'analogisme, au demeurant formant deux symétries,
qui suffiraient à rendre compte de la manière
de représenter le monde jusqu'au début du 20ème
siècle.
Le
parcours de l'exposition organisé donc en quatre sections
se déroule dans une luminosité plus que tamisée
et feutrée ordonnée par la belle scénographie
de Pascal Rodriguez qui met en valeur
la sélection très rigoureuse des oeuvres présentées.
Cartels explicatifs, éléments audiovisuels et
une dernière salle récapitulative permettent au
visiteur néophyte de ne pas se perdre totalement dans
cette sélection rigoureuse d'oeuvres.
D'extraordinaires masques à transformation de Colombie
britannique répondent à la peinture flamande du
17ème siècle.
La chimère, avec un beau florilège de poupées
kachina, est la figure classique de l’analogisme et son
contraire pour le totémisme est constitué d'une
série de peintures aborigènes sur l'empreinte.
A découvrir avec curiosité d'esprit et réflexion
que Philippe Escola espère éveiller en chaque
visiteur. |