Philosophe
et journaliste, Edgar Kosma publie un premier opus littéraire
qualifié "roman" et intitulé "Eternels
instants", qui fera sans doute le bonheur des lecteurs
qui aiment doubler le plaisir de la lecture d'un questionnement
permanent tant sur l'objet littéraire qu'ils tiennent
entre les mains que sur son contenu.
En effet, cette narration fictionnelle existentielle et réflexive
à partir de la saga familiale des Eugen, de trois générations
d'hommes orphelins, début d'une suite alphabétique,
Armand père de Bernard père de Cédric,
tous atteints d'un syndrome mathématique à la
Paul Valéry, relève également de l'essai
conceptuel, de l'exercice stylistique et de la variation philosophique
sur la condition humaine.
Cette variation, qui s'arc-boute sur les thématiques
du destin, de la prédestination, du hasard autant que
de la fatalité et d'un déterminisme quasi génétique,
traite du triptyque classique qui continue d'agiter penseurs
et philosophes et d'épuiser les postulants aux classes
préparatoires : le temps, la vie et la mort.
Edgar Kosma aborde ainsi, dans une fiction très distanciée,
de nombreux et vastes sujets, parfois abscons, tels le temps
comme flux scandé selon trois dimensions, le passé,
le présent et le futur, le temps physique et la temporalité,
la vie succession d'instants comme une suite de chiffres ("Une
existence n'est finalement rien d'autre qu'un flux temporel
savamment ordonné"), l'existence qui précède
l'essence, la temporalité de la vie biologique d'un individu
et la perpétuation de la vie à l'infini par le
mécanisme de la reproduction.
Au bout de la lecture, le lecteur fera sans doute sienne la
réflexion de l'auteur sise dans le prologue : "Que
sais-je ? A vrai dire pas grand-chose à propos des devenirs
potentiels des choses. Ni d'ailleurs à propos de quoi
que ce soit". Peut-être pas de quoi faire comme C
: "C'est donc, en partie, pour ne pas à avoir à
répondre à des questions vides que Cédric
Eugen remplit des carnets de lettres et des classeurs de chiffres." |