Dans
une petite ville tranquille, une femme sans histoires, qui rentre
tranquillement à pieds d'une soirée entre amies,
est retrouvée grièvement blessée par balle
aux abords d'un cimetière. Pas d'indice flagrant, pas
de mobile apparent, pas de témoin.
Victime innocente d'un tireur fou ou dommage collatéral
d'un événement inconnu, voilà l'alternative
évidente qui se présente au commissaire Claesson,
qui mène l'enquête une enquête interminable,
dans "Soins définitifs", personnage récurrent
de l'auteure suédoise Karin Wahlberg.
Soins définitifs puisque la blessée, bien qu'opérée
avec succès par l'épouse de ce dernier, succombera
de manière inexpliquée avant même d'avoir
quitté l'hôpital.
Mais pour arriver à ce décès suspect,
qui relance l'enquête en la doublant d'une accusation
de faute professionnelle à l'encontre du chirurgien qui
est intervenu, et qui se trouve être l'épouse du
commissaire, l'auteur maniant avec talent l'art de la digression
et de la narration descriptive digne d'un feuilletoniste balzacien
rémunéré à la ligne, le lecteur
patient devra arriver à la 200ème page d'un roman
qui en compte près de 600 au terme duquel interviendra
le dénouement bien décevant d'une énigme
convenue.
Affiché comme un thriller, éventuellement un
thriller sous neuroleptique, "Soins définitifs"
ressortit davantage du roman d'enquête, une enquête
lente et sans rebondissement, idéal pour occuper les
longues journées du pays du soleil de minuit, qui s'inscrit
par ailleurs dans la lignée d'un certain polar nordique dans
lequel tout fonctionne au ralenti, instillé dans un cadre
plus large, celui d'une peinture psychologique ancré
dans la réalité sociale.
Ainsi, au gré de narrations croisées et d'indices
parcimonieusement délivrés, sont délivrés
en détail la biographie, la vie quotidienne et les états
d'âme de chacun des personnages, qu'ils soient protagonistes
ou figurants, le souci de précision prosaïque allant
jusqu'à la marque de l'eau bue.
Cela étant, à défaut de haleter au rythme
d'une intrigue palpitante, l'espérance d'une péripétie
constitue un aiguillon comme un autre pour tourner inlassablement
des pages écrites dans un style policé et sans
aspérité et découvrir, par le menu, la
société d'un pays qui n'est pas que celui de Bergman
et d'Ikéa. |