Dans
le cadre des expositions consacrées au design, le Centre
Pompidou accueille un designer français à
l'activité très diversifiée, Patrick
Jouin plus spécifiquement convié pour son
travail dans le domaine du design industriel.
Patrick Jouin est considéré comme la figure de
proue du design post-Starck, chez qui il a d'ailleurs débuté,
et représentatif d'un certain design à la française
alliant l'élégance à un raffinement discret.
Pour cette exposition conçue sous le commissariat de
Valérie Guillaume, conservatrice
au Musée national d’art moderne dans la section
architecture/design/prospective industrielle, à l'encensement
narcissique a été préféré
la présentation, sous le titre "La
substance du design", des arcanes du processus créatif
qui est essentiellement collectif en amont, avec ses collaborateurs
au sein de son Agence Patrick Jouin ID, et en aval avec les
artisans et les techniciens chargés de la réalisation.
Patrick Jouin : Design and co
Du matériel urbain aux arts décoratifs, Patrick
Jouin, c'est, entre autres, le vélib et la nouvelle sanisette,
la casserole universelle Pasta Pot créée pour
Alessi et le fauteuil Jules conçu pour le restaurant
Jules Verne d'Alain Ducasse en haut de la Tour Eiffel qui figurent
parmi les créations présentées.
Comme ce fût le cas pour son prédécesseur
Ron Arad, c'est le designer lui-même qui a conçu
la scénographie de l'exposition.
Celle-ci
se développe en deux espaces autour d'un pivot constitué
par un écran panoramique trilobé sur lequel est
diffusé un film qui dévoile, de manière
didactique et synthétique, les étapes du processus
créatif qui est complètement induit par le besoin
exprimé et dépendant de la technique qu'il s'agisse
de l'art du verrier de Murano ou des technologies de pointe
comme la stéréolithographie.
Ce
film réalisé par le photographe, plasticien et
cinéaste, Alain Fleisher comporte
des images d'une très grande beauté, presque émouvantes,
quand elles montrent la "naissance" de la lampe "Bloom"
extirpée de sa gangue de poudre de polyamide ou la chaise
"C2 Solid", conçue comme un tissage de brins
d'herbe, qui émerge de la résine liquide.
Ces deux objets, comme le tabouret "One shot" inspiré
du tabouret de vacher et composé d'un faisceau de tiges
articulées en polyamide qui se déploient comme
un parapluie sans vis ni ressort, sont significatifs de la "patte"
de Patrick Jouin qui, par sa prédilection pour la courbe
et les formes organiques, s'inscrit dans le registre du design
qui a prolongé la stylisation végétaliste
de l'art nouveau.
Inspiration
animalière également avec la chaise Jules, dont
le piètement est similaire à des skis et qui,
de profil, évoque un joli échassier prêt
à l'envol.
La genèse des projets, qui sont parfois de longue haleine,
est présentée dans un espace-matériauthèque
sous vitrines ou sur étagères et dans un second
espace les réalisations sont présentées
sur podium.
A ne pas rater les deux inédits présentés
à cette exposition : la lampe "Bloom" qui s'inspire
de la floraison pour moduler la luminosité et le seau
à champagne Mumm pour lequel le fameux ruban rouge, symbole
la marque, se prolonge en poignée. |