Comédie
de René de Obaldia, mise en scène de Thomas Le Douarec
et Pierre Forest, avec Michèle Bourdet, Thomas Le Douarec
et Pierre Forest.
"L’amour à trois de René de Obaldia se présente
comme un "vaudeville burlesque et salutaire". Adaptation
libre de deux de ses pièces Pour ses beaux yeux et Le grand
vizir, elle illustre une variation classique sur le couple mais
dénonce aussi les travers de notre époque.Ce qui donne
deux parties : une satire et une comédie.
Vouant une haine féroce à la télévision,
qu’il considère comme la huitième plaie d’Egypte
qui conditionne le mental aboutissant à un nivellement universel
par le bas, Obaldia nous livre une satire pleine d’humour
des jeux télé, véritable réquisitoire
contre le savoir vénal qui occulte la vraie culture et contre
la quête de notoriété exhibitionniste.
Ainsi l’épouse coquette s’ennuie avec un mari
passionné de jeux télévisés qui ne nourrit
d’autre ambition que de gagner au jeu Superkrak au point où
il engage un entraîneur professionnel qui en coucou opportuniste
prend bien vite place dans son lit. Mais l’entraînement
à outrance débouche sur un séjour en HP.
Ensuite, Obaldia nous entraîne dans la comédie pastiche
du drame classique. Après sa guérison, le mari se
découvre une nouvelle passion le théâtre dans
lequel il entraîne la femme et l’amant pour une représentation
déjantée d’un drame antique. Pendant que l’épouse
prépare son plat fétiche, le gratin d’endives,
l’amant-conseiller et le mari-roi déclament jusqu’au
moment où une malencontreuse lettre révèle
à ce dernier son infortune.
Mais comme dans les vaudevilles du 19ème siècle,
tout est bien qui finit bien car l’amour à trois reste
une recette éprouvée : le cocu s’accommode fort
bien de l’amant à domicile qui lui évite les
infidélités extra-conjugales erratiques à l’extérieur
d’autant plus lorsque l’enfant paraît !
La distribution des rôles est parfaite : Michèle Bourdet
incarne avec légèreté et mutinerie la coquette,
au tempérament bouillonnant, croqueuse de sexe, et reine
régicide.
Co-metteur en scène et metteur en scène de "Arrête
de pleurer Pénélope", Thomas Le Douarec fait
aussi l'acteur et croque avec talent et plaisir évident les
escrocs beaux parleurs, égratignant au passage les animateurs
télé, avant d’enchaîner sur une composition
délirante de vizir aux faux airs de bossu cher à Jean
Marais, toute en démesure échevelée. Quant
à l’époux bonhomme et au roi retors, c’est
Pierre Forest qui s’y colle et nous en livre une interprétation
magistrale.
La mise en scène dynamique et efficace, le rythme soutenu
et l’interprétation tirée au cordeau donnent
un spectacle jubilatoire où l’on s’amuse de manière
intelligente sans gros rires. Dommage que vous n’y étiez
pas !
Le spectacle s’arrête pour quelques mois, la jolie
comédienne ayant un vrai ventre bien arrondi mais reprendra
en septembre. Alors, vous aurez une deuxième chance !
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