Au
delà du personnage hypersensible et caractériel, parfois
très contreversé, Perry Blake c'est avant tout un
musicien dont les mélodies font mouches, des textes souvent
émouvants et une voix splendide et fragile aux possibilités
multiples.
Perry Blake c'est aussi 4 albums de niveau
pour le moins inégal. Si nous avions tous craqué sur
son premier disque intitulé sobrement
Perry Blake et contenant quelques perles jusqu'à présent
encore non égalées comme "The
Hunchback of San Francisco" pour n'en citer qu'une.
Sobriété vite oubliée au profit de synthétiseurs
trop présents, de cheveux trop décolorés et
de déclarations trop fracassantes (Perry Blake n'est pas
le chouchou de la presse ... ou plus exactement la presse n'est
pas le chouchou de Perry Blake).
Mais qu'importe, les rares apparitions de Perry Blake sur scène
étaient toujours très attendues et jamais décevantes
alors, quand on apprend deci delà qu'il va arrêter
la scène, on s'inquiète. On s'inquiète d'autant
plus quand après un superbe album live , justement, avec
orchestre à cordes intitulé Broken
Statues il sort un piètre California.
California, prédécesseur donc du tout nouveau Songs
for someone, a refroidi un peu tout le monde et a plongé
le brave irlandais dans un relatif anonymat et un insuccès
certain.
Difficile alors de revenir avec un nouvel album sans être
attendu au tournant.
Alors autant le dire tout de suite, ce nouvel album n'est pas du
niveau de son premier disque, ni du niveau de Broken Statues, disque
très fort émotionnellement. Mais Songs for someone
tire bien son épingle du jeu et sans être un chef d'oeuvre
est un disque très beau et très touchant.
Songwriter de haute volée, Perry Blake ne s'est néanmoins
toujours pas débarassé de ces synthétiseurs,
parfois omniprésents au dépit de cordes et de cuivre
que l'on aimerait entendre plus. Ainsi après la courte intro
de "We are not the stars"
on se croirait chez Massive Attack.
Un Massive Attack 100 % pop cependant car la voix de Perry Blake
enrobe la mélodie de sa douceur et transforme le fond plutôt
martial en chanson mélancolique.
Toujours capable de passer du plus aigu au plus grave, la voix
nonchalante de Perry fait des merveilles sur "When
I'm over you" et se surpasse quand il se prend pour
une de ses idoles, Marvin Gaye, sur
"Native new yorker". Toujours
obsédé par une certaines idée de lAmérique,
Perry a truffé ce disque de références, comme
par exemple le "Tropic of Cancer"
cher à Henry Miller.
Mais loin de California et son maniérisme, ce Songs
for someone (mais qui au juste .... ?) renoue avec le côté
songwriter de son auteur qui se permet trop rarement des chansons
comme "The fox in winter",
superbement sobre, dont la voix ne se déguise derrière
aucun artifice sinon une discrète seconde voix sur le refrain
et est accompagné d'une seule guitare acoustique, épaulée
de quelques cordes tout aussi discrètes que les choeurs.
Sans doute la plus belle chanson du disque...
Quant au tube il faut le chercher du coté de "Tropic
of Cancer" parfait morceau pop qui donne envie de chantonner
et de claquer dans les doigts (ce n'est pas forcément un
compliment mais il faut reconnaitre une certaine qualité
à ce titre).
La palme de la chanson "qui fait pleurer dans les chaumières"
revient sans doute à "You're not
alone" avec ses cordes et clavier très justement
dosés, suivi de peu par l'impeccable "We
couldn't decide".
Certes inégal, ce disque semble amorcer un renouveau pour
Perry Blake, un second souffle, de nouveaux horizons sonores peut
être ou bien une identité musicale enfin cernée.
En tout état de cause, souhaitons qu'is revienne sur sa
décision de ne plus jouer live car il serait intéressant
d'éprouver ces chansons dans un resgitre plus minmaliste
et plus proche de la maîtrise naturelle de Perry Blake.
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