On connaissait La Maison Tellier de Maupassant, il faut dorénavant compter sur celle des tenanciers Helmut et Raoul Tellier installée en Normandie. Bâti en 2004 par les deux frangins, ce collectif trouve ses fondations aux confins du blues, de la country et de la folk. Peu à peu, la demeure musicale de ces frenchies s'aggrandit, 2010 marquant l'ouverture d'une troisième extension, L'art de la fugue.
Aménagé autour de treize belles pièces, ce nouvel espace au fort potentiel et aux contours d'auberge espagnole offre une vue imprenable sur les plaines de l'ouest des Etats-Unis. Dépositaires français de la tradition folk-rock américaine, les Normands y poursuivent leur exploration musicale du far-west.
L'art de la fugue porte remarquablement son nom tant cet album lorgne vers les grands espaces. L'enregistrement de l'album en campagne brayonne s'inscrit dans cette logique d'ouverture. La musique de La Maison Tellier sent bon le bayou et la ruralité. Aucune nostalgie de l'ancien temps mais bel et bien l'envie de puiser dans le terroir musical et de s'ancrer aux racines originelles.
Conçues dans une logique d'auto-construction, les treize pièces de cette nouvelle bâtisse s'appuient sur des matériaux sonores de grande qualité. Le résultat n'est pas monotone, le contraste est de mise. La décoration elle-même n'est pas uniforme. Lumineuses ou éclairées à la simple flamme d'une bougie, ouvertes vers l'extérieur ou plus confinées, elles présentent chacune leurs propres caractéristiques, leur identité. Chantés en français ou en anglais, les titres défilent telle une déambulation nous invitant à faire le tour du propriétaire.
On lézardera davantage dans certaines pièces et plus précisément dans les "francophones" où la poésie parfois biblique des textes et le chant habité du prédicateur Helmut prennent leur juste mesure. On s'installera donc de longs moments dans la "Suite royale", tube en puissance aux mélodies et orchestrations impeccables. On s'attardera également avec "Babouin", "La Peste" et "Laissez venir", "L'art de la fugue" et le sensible "Il n'est point de sot métier". On adoptera également les célestes anglophones "No name #3" et "Mount forever".
Avec L'art de la fugue, La Maison Tellier nous livre une demeure musicale où il fait bon s'attarder voire s'installer. Aucune contre-façon ou défaut de construction notable mais un espace sonore où chacun trouvera un coin où se poser. Du bel ouvrage ! |