Soirée folk à Roubaix, à la Cave Aux Poètes, soirée intimiste et acoustique. Il faut dire qu'en raison de la disposition étonnante des lieux, il est difficile d'échapper au côté intimiste : la salle fait 5 mètres de profondeur pour environ 15 de large, et le plafond avoisine les 2 mètres de hauteur. Ami claustrophobe, tu peux passer ton chemin.
En régionale de l'étape, Amélie ouvrait cette soirée qui montrait que les blondes ne comptent pas pour des prunes. Seule en scène derrière une guitare qui semble toujours trop grande pour elle, Amélie a alterné les chansons de ses deux premiers albums dans des versions dépouillées. En dernier titre, "Horses" ("un sujet de chanson pour se reconnaître entre chanteurs de folk", dira Amélie) bien plus émouvant que sur Dina Dinah.
Il y avait quelques temps que j'attendais de la revoir. A l'époque de son tout premier ep "Burning Tree To The Monster Mountain", je l'avais vue jouer au Café de la Danse devant une salle qui se remplissait peu à peu pour voir Mick Est Tout Seul, le projet solo de Mickaël Furnon de Mickey 3D. C'était sans se démonter, devant un public peu attentif, qu'elle avait interprété d'une voix douce mais très particulière, ses ballades douces-amères et légèrement surréalistes. Complètement envoûté, depuis lors je suivais attentivement la livraison de ses disques, mais l'occasion de la voir à nouveau ne s'était pas présentée. Aujourd'hui le mal est réparé. Et même si, pendant le concert, elle parle des relations tendues qu'elle entretient avec son label, j'espère la voir à nouveau bientôt. Peut-être même accompagnée de musiciens puisqu'il paraît que la dynamique du groupe lui sied.
Après la prestation d'Amélie, c'est Linnea Olsson, une jeune suédoise, qui rentre en scène. Elle accompagne Ane Brun au violoncelle, mais a aussi écrit quelques titres. La voix de la jeune femme est claire comme l'eau des fjords. Seule au violoncelle, elle utilise des pédales d'effet pour créer des loops. Le résultat est étonnant, en particulier sur le titre "Ocean", entre ballade et sonorités free-jazz dont raffole Didier Lockwood.
Après quatre titres, Ane Brun (prononcez "Aneuh Broune") rejoint Linnea sur scène. La sobriété est de rigueur, le public ne sera pas perturbé par la tenue d'Ane Brun, une longue robe noire qui la fait ressembler à Kelli McGillis dans Witness, le thriller avec Harrison Ford. Les histoires que chantent Ane brun sont essentiellement des amours déçues, portées par de fragiles mélodies. Elle raconte s'être pourtant promise, alors qu'elle écrivait ses premières chansons, d'éviter ce sujet. Mais comment ne pas chanter l'amour lorsqu'on a une voix aussi émouvante. A chaque chanson, elle change de guitare et manque à chaque fois de taper dans le plafond bas avec le manche.
Comme pour Amélie, les versions sont plus dénudées que sur l'album Changing of seasons produit par Valgeir Sigurðsson (producteur de Björk, CocoRosie, Bonnie "Prince" Billie et Antony and the Johnsons). Le public est attentif et calme. La voix d'Ane Brun est apaisante. Pourtant, sur un des morceaux, instinctivement le public commence à claquer des doigts, l'osmose est réalisée entre l'artiste norvégienne et ce public très sage.
En fin de concert, elle expliquera qu'elle a annulé ses autres dates de concert en France suite à un appel de Peter Gabriel qui l'emmène pour sa tournée mondiale, et avec qui elle chantera "Don't Give Up" sur scène. Et c'est en riant qu'elle explique à la petite soixantaine de spectateurs massés dans cette cave que son prochain concert en France se déroulera à Bercy. |