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Interview  (Paris)  avril 2004

Dans un petit café de Belleville, près du Théâtre de la Providence où les Colocs jouent Coming out, nous retrouvons toute l'équipe : le trio de choc composé de Jean Hérédia, Robert Punzano et Jean-Philippe Lagarde, le co-auteur et metteur en scène Patrick Hernandez ainsi que Sophie Bedian leur attachée de presse.

Natures, spontanés et sympathiques, ils nous racontent avec enthousiasme leur attachement au café-théâtre et misent beaucoup sur ce spectacle pour toucher un plus large public.

Quels sont vos antécédents vous qui venez tous les trois de la province?

Jean dit Jano : J'ai commencé dans le Sud avec un trio qui s'appelait Les sales gueules. Le troisième est parti et nous avons décidé avec Robert de tenter l'aventure à Paris. Nous avons passé des auditions et nous avons fait le tour des cafés-théâtres…

Robert dit Robert : …tous les cafés théâtres …

Jano : … et nous avons atterri au Trévise au FIEALD, scène ouverte et nous avons été pris dans l'équipe d'animation. Nous y sommes restés presque 4 ans. Nous avons rencontré Paul et de là est né un spectacle Les colocs avec le best of de ce que nous avions fait pendant ces années. Nous faisons maintenant notre deuxième spectacle qui s'appelle Coming out.

Donc vous avez fait vos classes au FIEALD?

Jano : Oui. Je peux même dire que j'ai appris à jouer au FIEALD car tous les dimanches il fallait apporter des sketches nouveaux. Car l'équipe d'animation ne se contentait pas de présenter. Nous avons appris à jouer et à écrire à toute vitesse.

Cet échéance du dimanche constituait une bonne pression?

Jano : C'est une très bonne école.

Robert ?

Robert : Mon parcours est identique sauf qu'arrivé à Paris, parallèlement j'ai aussi fait du classique. J'ai suivi un cours libre au Conservatoire pour voir autre chose que le comique. J'ai joué pas mal de classique pendant trois ans. En 2001, on a créé le premier spectacle Les colocs. Ensuite nous avons rencontré Patrick Hernandez, qui nous connaissait du Trévise et appréciait ce que l'on faisait, et nous lui avons demandé de nous rejoindre pour l'écriture et la mise en scène de notre deuxième spectacle.

Le registre comique c'est un choix?

Robert : Avec Jano on se connaît depuis très longtemps, depuis 1989 en seconde au lycée et nous faisions les cons ensemble, c'était naturel. Au début quand je l’ai vu, je me suis dit : C’est qui ce clown qui me fait concurrence ?. Du coup, on a fait connaissance et on a créé notre premier duo qui, avant Vice et Versa, s’appelait Les traîtres. Peu de gens le savent mais ce n’était pas officiel c’était un duo qui officiait en fin d’année dans les classes. On faisait de petits sketches et parfois des improvisations et des imitations. On s’est rendu compte qu’on avait la fibre comique. Tout s’est enchaîné ensuite. Il y a eu les Sales gueules, Vice versa, les JeanPaulRobert, les Monocles, projet parallèle pour jouer le Bobo gentilhomme.

Une formation par projet ?

Robert : Non, en fait cela suivait le style ; les Sales gueules c’était un peu brouillon plutôt axé sur l’impro. Les JeanPaulRobert c’était plus carré mais plutôt gros gags, disons cul entre parenthèses, car c’était l’histoire de trois mecs célibataires. Le premier spectacle "Les colocs" s’adressait à un public jeune entre 15 et 25 ans. On plaisait bien aux minettes…(rires). On était un peu les Two be three. Mais maintenant c’est fini…

Jano : …on est des vieux maintenant…

Robert : Pour s’amuser on a monté Les monocles et fait un petit délire en prenant une pièce de Molière pour la détourner un peu dans l’esprit de "Cyrano 2". C’est pas nouveau, c’est pas génial mais nous on s’est éclaté quelques mois.

Et le troisième larron ?

Jean-Philippe Lagarde dit Jeanfil (héhé !) : Le troisième était également au lycée en province mais pas avec eux. Je le regrette d’ailleurs car cela m’aurait permis de progresser plus vite. Je suis arrivé à Paris dans les années 80 à la recherche de pas mal de choses et surtout de faire du spectacle sans savoir vraiment dans quelle discipline. J’ai fait l’école Alice Dona, j’ai chanté et je lui ai cassé les oreilles pendant un an. Après elle m’a conseillé de faire un peu d’écriture et j’ai donc découvert cet aspect du métier avec Claude Lemesle. Mais cela ne me convenait pas vraiment. Donc il y a une dizaine d’années je me suis orienté vers le café-théâtre et j’ai intégré une troupe qui s’appelle La meute avec laquelle j’ai joué "La meute dans ZU" 6 mois au Café de la Gare et nous venons d’achever 6 mois de représentations à la Main d’or. J’ai passé des auditions pour les Colocs et nous avons sympathisé d’où ma présence dans ce spectacle.

Passons le micro à votre metteur en scène et co-auteur pour connaître la manière dont vous avez travaillé…

Patrick Hernandez dit Patrick : Au départ, ils sont arrivés avec un projet qui comportait une ligne directrice et un thème arrêté, le troisième comédien étant d’ailleurs déjà pressenti et certaines scènes étaient déjà écrites. Donc mon travail a plutôt consisté à structurer l’ensemble et à apporter d’autres éléments …

Robert : …je rebondis…surtout des quiproquos, car Patrick est le roi des quiproquos par rapport à nous qui faisons dans le style gros gag, un peu lourdaud. Lui il fait dans la finesse, dans les rebondissements.

Patrick : Je joue plus sur le comique de situation qui s’inscrit dans le registre de ce que l’on peut voir dans le théâtre comique. Je dirais pas le théâtre de boulevard, mais quand même. Tout en préservant, ce qui était primordial, l’esprit et la spécificité des Colocs qui existaient dans le premier spectacle mais qu’ils ont depuis l’origine : de l’humour reposant sur l’absurde qui joue aussi la provocation tout en étant sur le fil du rasoir de manière à éviter de basculer du mauvais côté. Bien sûr, l’absurde n’est pas nouveau, d’autres en font, mais leur particularité est d’y adjoindre la provocation. A certains moments, on retrouve une certaine idéologie. Beaucoup de comiques se contentent du comique ou de l’absurde.

Salve d’applaudissements de la part de la troupe !

Patrick : Petit détail par rapport à la structure : avant j’ai travaillé pour Caméra café pour la 6 et même si j’avais fait d’autres choses avant, ce travail m’a beaucoup apporté au niveau de l’écriture.

Et le théâtre de la Providence ?

Jano : Ça a été une providence héhé !

Robert : Il s’agit d’une grosse coïncidence. Nous avions fait tous les cafés-théâtre avec notre spectacle de duo Vice et Versa, qui marchait bien auprès du public, et tous nous répondaient : C’est rigolo mais pas chez nous !

Donc pas de programmation car votre spectacle ne correspondait pas à l’esprit de la maison ?

Robert : Oui, c’est tout à fait cela. Nous étions un peu désespérés entre guillemets et nous avons eu la chance de rencontrer un ancien du FIEALD et Martin Maguglio a trouvé la Providence pour les Monocles. On a fait connaissance du directeur de théâtre et nous lui avons proposé les Colocs. Il nous connaissait un peu du Trévise et nous avions été programmés sur TF1, Comédie, M 6. Nous avions donc un petit nom dans le milieu underground du café-théâtre et il a accepté Les colocs. C’est un des spectacles qui a le mieux marché en faisant complet tous les soirs pendant une année. On espère que Coming out constituera un tremplin pour nous. Nous espérons améliorer le spectacle pou ravoir en juillet un spectacle carré, de bonne qualité que nous pourrions proposer à une salle plus grande et plus connue.

Comment est perçu le spectacle qui en est à ses tous débuts ?

Robert : Sophie Bedian notre attachée de presse a fait un petit micro trottoir à la sortie du spectacle et les réactions sont positives. Pour le moment, nous n’avons pas encore eu de retour de la part des professionnels.

Jeanfil : Le bouche à oreille fonctionne bien ! Pour le moment nous jouons complet. Et nous comptons sur le bouche à oreille..

Jano : ..oui le bouche à bouche

La pièce est programmée jusqu'à quelle date ?

Robert : Deux représentations par semaine jusqu’à fin juillet.

Et après ?

Robert : Là nous sommes en co-production avec le théâtre. Si cela marche, nous pourrions jouer tous les soirs. Mais notre envie commune est d’affronter une plus grande salle.

Avez-vous d’autres activités ou spectacles à côté de Coming out ?

Jeanfil : Tout est une question de choix. Pour ma part, j’ai un travail salarié à côté. Les gens avec qui je bosse connaissent mes activités théâtrales et je prends mes dispositions pour assurer les représentations.

Robert : A mon arrivée à Paris, j’ai travaillé comme surveillant de lycée. Grâce aux Colocs N°1, on arrivait à joindre les deux bouts avec quelques petits boulots. Mais pour le moment, nous n’arrivons pas à vivre à 100% du théâtre.

Avez-vous d’autres projets en cours d’écriture voire même des projets en tant que comédiens dans d’autres spectacles que ceux que vous écrivez ?

Robert : Grâce au FIEALD, notre esprit est bien rôdé pour les conneries…pardon pour les sketches. Donc dès qu’on a écrit un spectacle , on pense déjà à 2 ou 3 spectacles que l’on pourrait faire. Patrick c’est pareil mais lui c’est 10 ou 15.Sur 2à projets, 19 seront rayés de la liste mais un émergera.

Vous écrivez comment ? Chacun de votre côté,

Jeanfil : Moi je n’écris pas. J’ai parfois de petites idées de temps en temps pour rebondir mais pour le moment je ne me définis pas comme un auteur. J’aimerais et j’espère y parvenir mais c’est un dur travail.

Robert : Jano et moi nous écrivons beaucoup ensemble mais il y a des blocs que l’on écrit seul. Jano s’écrit ses partitions propres à son humour , moi aussi. Parfois c’est Patrick. Et parfois c’est le mélange.

Dans ce spectacle vos personnages sont des archétypes très bien définis…

Robert : …non, non, c’est nous (rires)

Ecrivez-vous chacun votre rôle ?

Jano : Un peu mais nous nous connaissons bien donc nous disons parfois : Tiens je te verrais bien dire ça ! Et parfois, l’inverse. Robert écrit quelque chose pour moi et moi je le sens pas bien dans ma bouche.

Robert : Patrick a très vite su qui nous étions et comment nous jouions et il écrit sur mesure pour chacun de nous. Après, nous on le met un peu en bouche.

Etes-vous encore au FIEALD ?

Robert : Non, nous avons arrêté dès les Colocs n°1. Pour nous consacrer à notre spectacle. Et puis, le public n’aurait pas compris.

Jano : Et puis ça demandait beaucoup d’énergie. Nous manquions de temps.

Les personnages des Colocs vont-ils être récurrents ?

Robert : On espère que non. Pour le moment, Coming out est la suite logique des Colocs n°1. Mais nous espérons que cela sera un pied à l’étrier. On va pas arriver à 90 ans avec les Colocs ! Ou pour les décliner à toutes les sauces comme les Colocs font de la résistance…/.

Jano : Mais pour le moment nous n’avons pas suffisamment joué ce spectacle pour en avoir marre !

Robert : Pour nous c’est une grosse amusade. Quand ça s’arrêtera on le regrettera. De toute façon seuls ceux qui ont vu les Colocs 1 nous connaissent. Pour les autres il s’agit d’un spectacle. Et nous ne parlons pas trop du premier.

Jano : Pour le moment, notre public est nouveau.

Patrick : Dès les premières dates, le spectacle affichait complet donc je pense que le premier spectacle a quand même eu un impact.

Jano : Pour le moment aucun des spectateurs avec qui nous avons discuté ne nous a parlé du premier spectacle.

Comment avez-vous fait la promotion du spectacle ?

Sophie Bedian dite Sophie : Il y a une grosse promo notamment sur les référencements de sites étudiants, gay, en ciblant sur la colocation et Sébastien du théâtre de la Providence a également fait une promo : affichage, tractage, sorties de théâtre…Nous avons démarché les sites de vente de billets sur Internet.

Robert : Le sujet est attractif aussi…

Jano : …le double sujet…

Robert : …oui , il y a le sujet rigolo de la coloc et le sujet du coming out. C’est quand même la première pièce non pas à traiter ce sujet mais du moins à le traiter si ouvertement. Ainsi la pose de Jean Philippe sur l’affiche est sans équivoque…

Jeanfil : On a exagéré à outrance la posture bien évidemment car il fallait que ce soit très caricatural.

Jano : Et puis à Paris le sujet et les problèmes de la colocation sont bien connus.

Robert : Et l’émission de M 6 sur les colocataires avec un générique assez rock….

Jeanfil : …et les couleurs aussi…

Robert : …ressemble à ce que l’on fait…surtout que nous étions passés sur cette chaîne il y a 2 ans. Cela étant c’est de la télé-réalité alors que nous c’est du théâtre et c’est beaucoup mieux !

Jano : Il y a un homo aussi !

Robert : Ce sont des grosses coïncidences…sourire…le futur parlera !

Qu’écrivez-vous en ce moment ?

Robert : Nous n’écrivons pas vraiment des textes. Nous observons et nous avons des idées. Ce sont plutôt des situations que l’on note. C’est un stock d’idées et on puise dedans après.

Jano : Nous avons des idées de courts métrages que l‘on garde car pour le moment nous manquons un peu de temps.

Et il faut garder la main…

Robert…Oui

Jano : Et on s’amuse autant en écrivant qu’en jouant.

Ce n’est donc pas une écriture linéaire mais plutôt de la mosaïque avec des petits morceaux d'idées ou de situations…

Robert : Oui. Cela s’est passé ainsi pour ce spectacle. Et il en a été souvent ainsi. Et toi Patrick ?

Patrick : Moi je me suis adapté comme souvent quand j’ai travaillé avec d’autres personnes. Il y avait un petit aspect commande mais aussi une grande et ancienne volonté de travailler ensemble. Là c’était l’opportunité.

Vous avez une autre actualité que ce spectacle ?

Patrick : J’ai encore des sketches qui passent sur M 6 dans Caméra café. Et comme souvent dans la profession, j’ai plusieurs projets dont il est encore trop tôt pour en parler.

Et pour vous Jean Philippe ?

Jeanfil : Normalement avec la Meute nous devions jouer jusqu’à fin juin mais Dieudonné a repris possession de son théâtre. Le spectacle s’est arrêté et normalement nous reprendrons en septembre mais il s’agira d’un nouveau spectacle. Et je vais sans doute participer à l’écriture. Mais mon grand rêve serait d’avoir un lieu où j’accueillerais les gens dans le cadre de l’évènementiel.

J’ai lu dans une de vos interviews : Je voudrais devenir une espèce de Régine du café-théâtre.

(rires)

Jeanfil : Mais tout à fait. Et à chaque fois que je le dis ça fait rire.

Robert : c’est énorme !

Jeanfil : Ben oui c’est énorme, mais j’aurais grossi d’ici la (rires).En fait ce que je veux, comme disais Robert tout à l’heure c’est un endroit pour faire jouer des gens dont personne ne veut parce qu’ils viennent d’ailleurs et qu’ils ne sont pas connus. Alors moi j’irais voir ce qui se fait et les gens pas connus et ben je les prends, c’est un laboratoire effectivement. Et ce sera du café théâtre, des éléments un peu underground, des films qui ne passent pas ailleurs .. un lieu dans lequel on sait qu’on va s’amuser, où il se passera des choses inédites. Voilà ce que je voudrais faire, tout en participant moi-même en tant qu’acteurs dans certains projets parce que j’aime ça !

J’aimerais qu’il se passe beaucoup de choses dans ce lieu, principalement de la création et de la mise en bouche pour des gens qui ensuite iront voir des choses médiatisées mais qui existerons déjà underground.

Tu as dis que ce serait Un " Gay Café-théâtre Club " ?

JeanFil : Oui c’est ça car tu sais dans le milieu gay il y a pas mal d’endroits avec un club au sous sol des trucs comme ça mais pour moi c’est brouillon, il faudrait que dans un même endroit. C’est à dire un endroit ou si tu as envie d’aller boire un coup ou aller voir un truc nouveau au sous sol tu peux le faire. Et que tu puisses sortir de là en ayant découvert quelque chose…

C’est ambitieux…

JeanFil : Oui mais tu sais, je suis au début d’un truc mais j’espère qu’en acquérant un peu d’expérience et en ayant de plus en plus de relations arriver à réaliser ce projet…

Robert : Y’a du boulot….

Le plus dur étant peut être de trouver un lieu, d’ailleurs La Providence, c’était quoi avant ?

Jano : Une boulangerie, d’ailleurs là où on joue c’était l’ancien four
JeanFil : Mais nous on ne prend pas un four par contre …
Robert : … Sinon on serait grillés …
JeanFil : …mais bon on a encore du pain sur la planche…
JeanFil : … alors la suite … Patrick aide nous on est dans le pétrin !
(fou rire général et salves d’applaudissements).

Parlons des personnages, dites nous à tour de rôle ce que vous avez envie de dire de votre personnage.

Robert : Robert c’est un beauf qui paraît a priori violent, méchant, il a pas mal de cotés négatifs …MAIS qui en fin de compte n’est pas si négatif que cela. Par exemple on a l’impression qu’il est complètement homophobe au début (enfin je sais pas si de l’extérieur on le voit bien) mais on se rend compte finalement qu’il est pas si homophobe que cela. D’ailleurs il le dit, pour lui "pédé" ou "sale pédé" pour lui c’est plus une expression, parce que depuis qu'il est petit il a toujours parlé comme ça. Et c'est un peu du vécu parce que chez nous dans le sud, quand on se dit "pédé" entre nous on le disait sans même savoir ce que cela voulait dire. Moi a Jano je lui disais "Salut pédé ça va ?" et c'était vrai, pour moi ça voulait dire "Alors mec ça va mec ?" ou alors "File moi 5 francs, fait pas le pédé" c'est juste une expression…

Jano : C'est comme quand on dit "Ça va mon vieux" et ben le mec a qui tu parles il est pas forcément vieux.

Robert : Voilà, donc le personnage il est pas foncièrement méchant, il a juste été habitué comme ça et le but c'est quand même qu'il est une certaine évolution. A la fin du spectacle, on se rend compte qu'il accepte bien le fait que Jeanfil soit pédé. Il est beauf, il paraît violent et méchant mais il ne l'est pas en réalité. C'est simplement une grande gueule. Mais comme on dit dans le Sud : "Grande gueule, petit cul, quand tu pètes, on ne te voit plus !". (rire général).

Jano : C'est un personnage de benêt, un peu lunaire, qui a parfois des éclairs de clairvoyance. Il s'écrase devant Robert mais parfois ils e rebelle un peu à la manière de Laurel. Gentil mais sortant parfois une méchanceté gratuite. Dans le premier spectacle, c'était de rebeu de service et il ne comprenait vraiment rien. On trouvait que ça ressemblait à du Djamel ou à du Gad El Maleh. Moi je répondais que j'imitais un de mes voisins ! Et ça donne : Je suis pané l'an dernier sous la pluie ! . Ce sont des expressions comme ça.

Robert : Et il faut pas les sortir de leur complexe!

Jano : C'est vraiment du piqué dans la vie!

Donc quand vous écrivez, vous êtes à l'affût avec toujours une oreille qui traîne et un œil qui observe.

Jano : Je fais du plagiat des gens que je croise dans la rue.

Et pour Jean-Philippe?

Jeanfil : Mon personnage est une folle qui s'assume bien, un peu sans gêne, qui fait irruption dans la vie de deux personnages sans trop se poser de questions. Les états d'âme de ses colocs ne le préoccupent pas vraiment. Il se montre même un peu manipulateur car comme il sent que Jano est celui qui arrange les histoires, il le prend comme confident. Donc une folle sans gêne et un peu mytho car il a vite compris qu'il doit s'inventer des relations dans le showbizz.

C'est un peu un coucou?

Jeanfil : Oui, c'est un peu ça. Un coucou qui s'introduit dans un couple d'hétéros et profitent des bonnes aubaines mais toujours dans la sympathie.

Jano : Et comme les deux autres, il y a des situations où il s'emmêle les pinceaux. Il ne comprend rien.

Jeanfil : Oui, j'ai en commun avec Jano le fait que je n'ai pas capté la situation réelle et je les prends pour des homos.Ce qui crée un double quiproquo.

Vous avez parlé de courts-métrages Il y a des envies de faire du cinéma?

Robert : A la base, c'est le cinéma qui m'attirait. Nous avons commencé par le théâtre et nous avons déjà réalisé des courts-métrages amateurs. Le but reste le cinéma même si le théâtre est devenu une vraie passion. Nous faisons nos armes.

Jano : Je suis très attiré par le cinéma qui offre plus de possibilités que le théâtre et surtout il permet de vraiment peaufiner son travail. Le plaisir du travail c'est le live. Pour le cinéma c'est différent. L'intérêt du travail c'est après le tournage.

Jeanfil : Je n'ai pas une grande expérience mais je me sens plus à l'aise sur une scène, en contact avec le public qui réagit immédiatement.

Votre spectacle est très cadré ou vous vous laissez aller à des petits moments d'improvisation?

Robert : Pour le moment nous ne voulons pas déborder et ce pour plusieurs raisons. D'une part parce que le format d'une heure est impératif car il y a un autre spectacle après nous. Et d'autre part, c'est un peu prématuré. On y pense bien sûr parce que Jano et moi nous nous connaissons bien mais il faut bien roder le spectacle.

Jeanfil : Oui, pour moi c'est plus sage de procéder comme ça.

Jano : On est un peu des gamins donc il vaut mieux pas trop faire d'impro car après on surenchérit l'un sur l'autre et on peut se laisser déborder.


Les Colocs pourraient remplacer Caméra café.

Robert : Nous avions proposé le concept à l'époque et ce à toutes les chaînes mais c'est resté sans réponses. Et les colocataires de M 6, tout en étant différents, ont tué le projet.

Jano : C'était une bonne idée et le public aimait ça. Nous voulions faire un "Friends" à la française et rien ne ressemblait à ce que nous faisions.

Robert : L'idée a été reprise depuis. Sur le câble il y a "Mes pires potes" produits par Nagui. Et sur Canal Plus, dans Groland, il y a une série sur les colocataires également.

Il est peut être difficile d'être novateur en ce domaine.

Jeanfil : Ce n'est peut être pas novateur mais du moins c'est un peu inédit que faire une petite pièce de théâtre dans un format café-théâtre.

Le café-théâtre a connu ses heures de gloire. Mais il y eu du pire comme du meilleur ce qui a entraîné une désaffection du public.

Jano : Je ne sais pas si c'est le pire ou le meilleur qui a desservi le café-théâtre. Ce qu'appréciait au début le public c'était le côté brouillon, amateur du café-théâtre. Dès que c'est devenu plus carré cela ressemblait à du mini-théâtre.

Jeanfil : Il faut réconcilier les deux.

Patrick : La désaffection qui a suivi les fameuses années du Café de la Gare, pour ne pas le citer, est due à la perte de conscience politique. C'est devenu des pantalonnades avec de grosses ficelles juste avec l'humour. Par conscience politique, j'entends simplement le fait d'aborder certains sujets, de toucher à des thèmes un peu plus ambitieux.

Il faut également une certaine qualité d'écriture.

Patrick : Oui. Moi ce qui m'a marqué par rapport aux origines, à Coluche c'est qu'il s'agissait de personnes très engagées au niveau des idées.

Romain Bouteille s'inscrivait dans une démarche très contestataire par rapport au théâtre institutionnel. Mais il faut avoir aussi les moyens de ses ambitions. Il faut être suivi par le public et pouvoir suivre financièrement.

Patrick : Coluche a prouvé qu'on pouvait le faire c'est-à-dire de rester engagé en faisant quelque chose de commercial tout en étant suivi par le public.

Tout le monde ne peut pas être Coluche.

Patrick : Oui mais on peut avoir l'ambition de retrouver ce fond qui manque chez tous les comiques des années 90 qui sont de grands noms aujourd'hui et qui ne se sont jamais impliqués restant toujours dans le domaine commercial. Je pense que ce serait une bonne chose d'y revenir.

Comment pensez-vous concrétiser cette théorie? Avoir un lieu à vous?

Patrick : L'idée du lieu est le rêve de tout comédien. Ce serait l'idéal car avoir un lieu c'est la liberté et la liberté d'expression.

Y a-t-il un début de concrétisation?

Patrick : Pour le moment, nous ne faisons qu'y penser car il y a un problème de finances et d'opportunité…

Robert : Il y a un problème de qualité aussi. 90% des comiques de talent que nous avons connu ne trouvaient de salles alors que bon nombre de théâtres jouent avec des salles vides. Maintenant, il suffit d'avoir de l'argent pour se louer un théâtre même pour y jouer du caca.

Jano : Ça s'est embourgeoisé. Le tremplin n'existe plus.

Robert : C'est comme dans la co-location.

Jano : Cela étant, il y a des acteurs qui ont commencé en étant mauvais et qui se sont amélioré en jouant. Comme Jean Marais. Moi je voulais avoir un lieu comme le Café de la Gare mais tout le monde m'a dit que j'étais fou.

Allez-vous au théâtre?

Robert : Nous allons beaucoup au théâtre. C'est Jean-Philippe qui y va le plus.

Jeanfil : Moi, j'adore. Quand je ne travaille pas je vais voir plein de choses et de manière très éclectique. Le dernier spectacle que j'ai vu c'est "Créatures". Je vais voir des spectacles connus ou pas et je continue d'apprendre. Tout ce qui se passe sur scène m'intéresse. Même un ballet. C'est du vivant et il y a toujours un petit quelque chose à glaner.

Et quels spectacles nous recommanderiez-vous?

Jeanfil : Je recommande "Zapping", un spectacle où il y a de la danse, du café-théâtre…qui est génial et interprété par des acteurs qui sont complets. Et "Créature"s en deuxième…et puis "Coming out" par politesse en troisième.

Jano : Moi j'aime tous les comiques du moment qui ont une certaine notoriété. Tous me font rire. Christophe Guybet, dont je n'ai pas vu le spectacle, me faisait rire au FIEALD.Mais je suis plus cinéma. Le cinéma français n'est pas en très bonne forme. La seule chose qui le sauve c'est le comique.

Robert : Je recommande au public d'aller au Trévise pour les soirées du dimanche du FIEALD parce qu'on peut y voir toute une palette de comédiens. Ensuite il y a Guybet, Mamane à la Bastille dans "One mamane show" qui est très différent de ce que l'on fait mais qui est très percutant.

Patrick : Je confirme pour "Créatures" qui est une pièce qui mérite son succès et le FIEALD qui est l'équivalent, à la mode du jour sans le côté gaucho, de ce qu'était le Café de la Gare. C'est donc un lieu d'expérimentation très intéressant.

Jano : En plus c'est toujours surprenant car il n'y a pas d'audition avant. Du coup on en voit des vertes et des pas mûres. Mais l'équipe d'animation intervient quand il le faut. Quand c'est trop mauvais, on les sort de scène.

Sophie : Je voudrais recommander le spectacle de Emmanuel Vacca qui est souvent en tournée, et donc rarement sur Paris," Ildebrando Biribo" ou "Un souffle à l'âme" qui est l'histoire d'un souffleur qui meurt sur scène et c'est joué à merveille. Il a fait l'école du mime Marceau et il y a de l'émotion, des rires, des larmes.

Jano : Il faudrait faire une promo pour l'ensemble des cafés-théâtres.

Donc allez au café-théâtre!

 

 

A lire sur Froggydelight :

La chronique de la pièce Coming Out

Le site web des Colocs


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"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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