C'est un lieu commun de dire que les Velvet Underground font partie des plus grands responsables de l'apparition de nouveaux et importants groupes pop/rock tout au long des années 70, 80 et 90. Bien qu'ils s'insèrent clairement dans la liste des héritiers spirituels de Lou Reed, John Cale et compagnie, les Pavement ont été eux-mêmes les inspirateurs et instigateurs de la constitution de beaucoup de projets musicaux depuis le début de leur activité, en 1989. Leur relation bipolaire avec les guitares et l'ambiguïté schizophrénique de la "non-voix" de Stephen Malkmus ont trouvé des reflets dans le son de groupes comme Radiohead et les Strokes.
Tout ce discours pour souligner le fait que les Pavement appartiennent intégralement à la lignée la plus noble du Rock, avec des ascendants et descendants qui ont une place dans leur panthéon, et ayant signé quelques albums qui ont marqué leur temps, leur génération. C'est la raison pour laquelle je trouvais incompréhensible qu'il n'ait encore été éditée aucune anthologie qui pourrait donner une idée, à ceux qui ne les connaissaient pas, de ce qu'ils étaient. Quarantine the Past : The Best of Pavement vient finalement combler cette lacune et, parce qu'une bonne nouvelle ne vient jamais seule, pour promouvoir ce lancement, le groupe va se réunir à nouveau en 2010 pour une tournée mondiale (la dernière ?). Après s'être investis à titre individuel dans quelques projets musicaux intéressants (Spiral Stairs, Stephen Malkmus & Jicks), les Californiens se remettent à nouveau ensemble pour répandre de la magie sur la scène.
Pour revenir à Quarantine the Past, on y trouve une curieuse concentration d'une majorité de chansons provenant de trois des cinq albums studio que les Pavement ont édités. Les deux premiers, Slanted and Enchanted (1992) et Crooked Rain, Crooked Rain (1994) y contribuent avec chacun cinq chansons : "Summer Babe", "Trigger Cut", "In the Mouth a Desert", "Here" et "Two States" du premier ; et "Cut Your Hair", "Unfair", "Gold Soundz", "Range Life" et "Heaven Is a Truck" du second. Wowee Zowee (1995) fournit seulement "Grounded" et "Fight This Generation", tandis que de Brighten the Corners (1997) ont été choisis "Stereo", "Shady Lane", "Date w/ Ikea" et "Embassy Row". Pour finir, de leur dernier album original Terror Twilight (1999), seul "Spit on a Stranger" a été considéré digne de figurer parmi les 23 musiques de cette compilation.
Des six morceaux restants, cinq proviennent des EPs "Watery Domestic", de 1992 ("Frontwards" et "Shoot the Singer"), "Perfect Sound Forever", de 1991 ("Mellow Jazz Docent" et "Debris Slide") et "Slay Tracks", de 1989 ("Box Elder"). Enfin, Quarantine the Past inclut encore une rareté, qui n'avait été éditée jusqu'à maintenant que dans la compilation de plusieurs artistes "No Alternative", en 1993, et qui était destinée à soutenir les victimes du SIDA : "Unseen Power of the Picket Fence". Ces six musiques, que je ne connaissais pas, se révèlent au niveau des meilleures chansons des Pavement, notamment "Frontwards" et "Mellow Jazz Docent", ainsi que la rareté déjà mentionnée.
La conclusion que je suis tenté de tirer est que nos Californiens, tout comme moi, préfèrent le son low-fi et les guitares velvetiennes qui caractérisent leurs premiers registres, jusqu'en 1995. A partir de cette date on note quelques concessions au pop/rock, en général réussies mais sans atteindre l'excellence de leurs meilleures compositions.
Quarantine the Past est donc un disque indispensable pour ceux qui ne connaissent pas ce qui fut un des meilleurs groupes Rock de la décennie 90 et recommandable pour ceux qui, les connaissant, doutent encore de leur importance dans l'histoire du Rock.
Pavement Forever ! |