Il aura donc fallu deux ans à Vampire Weekend pour digérer le joli succès de leur premier LP qui les avait soudain propulsés Next Big Thing sur le devant de la scène internationale (bien aidés en cela par quelques singles sympathiques "A-Punk", "Walcott").
Sans (trop) changer une recette qui a plutôt séduit les gourmets, les New-Yorkais passent l’écueil du deuxième album, avec une prise de risque minimum.
A commencer par la pochette jaunie, dévoilant une jolie rousse un peu hébétée par le flash et sponsorisée par une marque de polo très connue. Au premier coup d’œil, on se dit qu’ils n’ont pas dépensé tout leur argent fraîchement gagné dans la créativité de l’emballage, et c’est plutôt encourageant pour le contenu !
Dès les premières notes, le son est immédiatement reconnaissable, pourtant le style reste toujours aussi délicat à définir. "Cocktail Musique" serait un peu réducteur, même si le "Horchata" d’ouverture nous projette illico sous les cocotiers et nous ramène vingt ans en arrière, lorsque le petit Tom Cruise secouait son shaker sur la plage en souriant béatement.
On poursuit la remontée dans le temps avec un "White Sky" qui nous rappelle aux bons souvenirs de Simon & Garfunkel (plutôt Simon que Garfunkel pour être exact, la voix d’Ezra Koenig présentant des similitudes troublantes avec celle de l’ami Paul).
Certes la production est plus léchée, les morceaux plus aboutis que sur leur précédent opus, mais on retrouve avec confort et plaisir ce mélange de sonorités mexico-africaines, de constructions minimalistes et à la fois si complexes, d’instruments variés et parfois surprenants dans leur association (clavecins, synthé basique, cuivres…).
Sur quelques titres, la mayonnaise a du mal à prendre (la monotonie d’un "Taxi Cab", la boîte à rythme déglinguée de "Diplomat’s Son") mais c’est toujours pour mieux rebondir, notamment sur le mariachi (et tube annoncé) "Run", chaloupé à souhait, que l’on se plait déjà à imaginer en version débridée sur scène (ah ces boucles électroniques de fin de titre sont aussi prometteuses que trop courtes et méritent un meilleur sort !).
Le foldingue "Cousins" n’est pas en reste et nous offre 2’25 de fraîcheur (dont le clip capte parfaitement l’esprit déjanté !), sur un fond de guitare effréné.
Contra fait partie de ces disques dont on découvre le potentiel au fil du temps, si tant est qu’on veuille bien leur offrir cette chance (sans parler d’une écoute attentive au casque qui ravira les amateurs de détails, tant l’album est parsemé de trouvailles discrètes).
Pour résumer, la deuxième réalisation des 4 (fantastiques) vampires de chez Beggar’s ravira autant les fans de la première heure (qui retrouveront avec plaisir ce métissage pop décalé), qu’elle continuera d’agacer leurs détracteurs ronchons et allergiques à cette hype musicale. (Allez, je l’ose…) Contra rempli ! |