Les fans d'Arno ne seront pas déçus par la nouvelle livraison du chanteur de charme made in Belgium. Quant à ceux qui n'aiment pas ses disques, sa voix ou le personnage, ce disque ne les fera sûrement pas changer d'opinion.
Brussld est l'album des mélanges qui font le style d'Arno. Le rock avec des guitares aiguisées, bien sûr, la chanson, le piano ou l'exercice de la reprise décalée. Mais cette fois-ci, on y trouve en plus, quelques sons de la rue, et une ouverture vers des instruments moyen-orientaux.
"Black Dog Day", le jour de la déprime, ouvre l'album sur une rythmique martiale, mais comme mal assurée un lendemain de cuite. Pourtant, rien d'une retraite en rase campagne parce que la voix râpeuse s'impose puissante mixée très en avant. Sur "God Save The Kiss" ou "Brussels", on retrouve le côté plus rock d'Arno, guitares qui crachent, nappes de synthé discordant et mots martelés.
Les chansons en français sont l'occasion de laisser percer l'émotion. Le vaguement surréaliste "Quelqu'un a touché ma femme" et "Elle pense quand elle danse" (à noter une version piano solo de toute beauté sur la version digitale de l'album) sont deux des sommets de ce disque, association d'un clavier délicat, de paroles décalées mais qui viennent tirer l'auditeur par l'oreille, chantées d'une voix râpeuse comme du whisky acheté en station-service. La reprise Bob Marley, "Get up, Stand Up" surprend à la première écoute. Mais Arno se l'approprie tellement qu'on en oublie très vite la version reggae pour cette version romantique, blanche comme un cachet d'aspirine, comme une "désabusion" devant tous ces gens "qui ont deux trous dans leur nez" (dixit Arno) malmenés par la crise et qui semblent totalement knock-outés et résignés.
La livraison d'un nouvel opus discographique – trente-six ou trente-sept, même lui ne le sait pas, en comptant les lives et les compils depuis ses débuts en 1972 avec le groupe Frecklefaces – est avant tout l'alibi d'Arno pour partir en tournée sur scène, et justement pas dans les bars. Il est à parier que les chansons de cet album trouveront la place qu'elles méritent lors de concerts à ne louper sous aucun prétexte. |