Réalisé
par Nicolas Winding Refn. Grande-Bretagne, Danemark. 2010.
Aventure, action. Avec Mads Mikkelsen, Maarten Steven et Jamie Sives.
Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête de Nicolas Winding Refn,
réalisateur danois des thrillers contemporains Inside Job, Pusher et Bronson pour faire un film sur un guerrier Viking ?
J’avoue que vu la qualité des films cités
ci-dessus, et compte tenu du changement radical de sujet et d’époque, ce
projet avait sacrément de la tronche sur le papier.
Rajoutez à cela cette phrase, lue dans mon magazine ciné préféré, je
cite : "une épopée guerrière quittant les rives du classique film de Vikings
pour aborder d’autres terrains plus ambitieux" et une furieuse envie de
courir dans le premier cinéma venu pour le voir m’habitait soudainement.
Cette phrase résume-t-elle le film ?
Certes oui, mais le projet n'était-il pas un peu trop ambitieux justement ?
Disons le tout net, soit vous pouvez être subjugués par ce film, soit vous
pouvez le détester.
Personnellement, j’ai du mal à comprendre les critiques dithyrambiques
de ce film. Si Le Guerrier Silencieux emprunte un peu à Conan Le Barbare (moins
bourrin quand même mais aussi sanglant), le réalisateur essaie surtout de le
rapprocher de projets barrés d’un Werner Herzog et d’un Kubrick réunis,
sauf qu’il n’a le talent ni de l’un, ni de l’autre.
Les 20 premières minutes sont très prometteuses, violente et glauque comme
ces précédents films, image soignée et sombre à la fois pour illustrer les
paysages de Scandinavie où l’action se situe vers l’an 1000 quelque chose
(enfin on présume).
On y découvre un clan de Vikings (ou de gens tout aussi "charmants") qui
organise sur des collines des combats de guerriers à l’état sauvage, d’une
barbarie assez poussée. La violence y est insoutenable, la tension très forte, et notre guerrier
solitaire (Mads Mikkelsen, impressionnant, vous le reconnaitrez il fait
le méchant pas sympa de Casino Royale) très mystérieux va finir par se
rebeller.
La suite va vite s’essouffler, et d’intense, nerveux et stressant, le film
va progressivement devenir contemplatif et surtout très lent. Sur les terrains métaphysiques et mystiques rapidement choisis, le film va
dériver dangereusement jusqu’à sombrer vers des contrées ennuyeuses.
Et j’avoue ne pas avoir tout compris.
Notre fameux guerrier (dont on sent qu’il a juste envie qu’on lui foute la
paix) va embarquer avec des chrétiens rencontrés sur la route. Mais pourquoi les suit-il ?
Et que comprendre de cette scène d’observation sur le bâteau (très
longue) ? En réalité, en filmant la folie humaine et l’inquiétude régnante de manière
très contemplative (des images de paysage fouetté par le vent, des visions rouges hallucinatoires, des ralentis peu convaincants), le réalisateur se
perd en chemin et oublie complètement le scénario.
On parlait au départ d’une éventuelle inspiration kubrickienne ou d’une
folie à la Herzog, malheureusement à la moitié du film le réalisateur va
finalement empiéter sur les plates-bandes assommant d’un Shyamalan (avec
son léthargique Phénomènes) ou d’un Lars Von Trier (son inqualifiable Antichrist).
A l’instar de ces deux films, ce Guerrier Silencieux m’a plongé dans
l’ennui plutôt que la peur.
Dommage car le cinéma actuel a bien besoin de films
expérimentaux.
C’est vital. |