Double piqûre de rappel, pour moi en cette deuxième soirée du festival des Femmes S'en Mêlent, deux ans après ma dernière visite à la Cartonnerie pour Tender Forever justement, et une semaine après la soirée lorraine de cette édition du festival. Autant le dire tout net, c'est bien le présence de Mélanie Valera qui m'aura motivé à faire la route. L'affiche ce soir semble plus cohérente que ce qu'elle avait pu être le week-end précedént à Metz, où la tempête avait suivi un doux début de soirée.
C'est The Rodeo qui ouvre le bal. La jolie Dorothée écrit tout, accompagnée de son backing band masculin. Flanquée d'un premier album – Music Maelstrom – tout juste sorti, la jeune femme tient déjà bien la scène. L'inspiration folk féminine bien digérée est très présente, mais parfois tout dérape, et c'est en petites touches plus soniques que les morceaux se subliment. C'est logiquement que le concert finira sur son "On The Radio" qu'on a actuellement l'occasion d'entendre sur lesdites radios.
C'est avec une grande impatience que j'attends ensuite Tender Forever après deux ans expatriée aux Etats-Unis, semble-t-il lassée de la France.
Toujours avec beaucoup d'humour et avec une multitude d'anecdotes – allant des aléas de l'atterrissage de son avion pour son retour en France à des conseils avisés de sa maison de disques, de son amourette malheureusement passée avec Beyoncé à de l'attente dans les toilettes feminines lors d'un concert de Justin Timberlake – que Mélanie Valera occupe la scène, et toujours comme moyen de rebondir sur un élément du concert ou alimenté par celui-ci.
Le concert sera finalement plutot centré sur les titres de ses deux premiers albums et peu sur son No Snare sorti le 8 mars. On retrouve donc avec plaisir l'esprit bricolo, syncopé et les rythmes donnant immédiatement envie de bouger de ses débuts qui ont peut-être un peu quitté sa dernière production. Finalement, un concert de Tender Forever, c'est simplement un bon moment de musique simple et accrocheuse, mené par quelqu'un de quelconque et racontant sa vie quotidienne.
C'est Jessie Evans qui aura la tâche de clore la soirée. Comme pour Duchess Says il y a deux ans, l'exercice sera compliqué. Les deux artistes partagent un univers particulier, non conventionnel et difficilement accessible pour le néophyte. Par chance, Jessie Evans attire d'abord l'oeil par ses tenues originales et souvent théatrales ou sexy, son attitude et ses mouvements ajoutant une touche d'étrangeté à ce qu'il y a à voir.
Et puis le duo qu'elle forme avec Toby Dammit nous amène à de nouvelles découvertes musicales : Toby joue de la batterie de manière tellement méticuleuse tandis que Jessie joue du saxo comme rarement on a l'occasion d'en entendre, naviguant entre le groupe de jazz d'un club glauque et une instrumentalité presque tribale. Cependant, l'attitude peu participative du public incitera Jessie à aller descendre de scène, chercher le public et l'inviter à quelques danses.
C'est à la Cartonnerie de Reims qu'il fallait être ce samedi soir pour avoir envie de bouger extatiquement, pas en discothèque. On en redemande, vite ! |