Comédie
de Léa Fazer, mise en scène de Céline Brunelle,
avec Jean-Philippe Azéma et Thierry Gary.
On comprend vite pourquoi ces deux-là, perchés sur leur drôle de machine, un tourniquet pour aire de jeux de maternelle version adultes, sont amis : ils jouent dans la même catégorie des bas du front, des handicapés de la vie, des naïfs irréductibles, des ravis de la crèche qui se posent des questions existentielles à propos du triangle des Bermudes appliqué aux chaussettes dépareillées, projettent de s'enquérir, un jour, de la définition de la bielle et se perdent en conjectures sur la jouissance féminine. Alors, quand ils se rencontrent et se mettent à deviser à bâtons rompus, cela donne Porte de Montreuil,
un véritable collier de perles que Léa Frazer a enfilé avec une jubilation roborative et une plume extrêmement cocasse, et qui s'inscrit résolument dans la veine des diablogues de Roland Dubillard.
Ces soliloques philosophico-prosaïques constituent également une riche partition bardée de loufoquerie, d'absurde, de nonsense et de drôlerie, pour deux clowns comédiens pince sans rire qui, en l'occurrence, sous la direction millimétrée de Céline Brunelle, sont irrésistibles.
Sur scène, ce désopilant cornet à deux boules, une pistache et une fraise, est campé de manière foudroyante par deux comédiens aguerris, Jean-Pierre Azéma, le fanfaron bêlant et Thierry Gary, l'anxieux dubitatif glougloutant, qui campent ces deux pauvres hères empêtrés dans leurs incertitudes avec un vrai sens du burlesque. |