L’histoire
du cinéma est un conte.
C’est tellement vrai que l’aventure n’aurait
pu ne jamais exister. Enfin telle qu’on la connaît
aujourd’hui, telle que nous la relate les historiens.
Car voilà une bien belle idée, faire du cinéma,
un art. On pourrait l’appelé le 7ème Art,
terme dût, il me semble à un critique italien au
début du XXème siècle.
L’exposition de la cinémathèque française
nous offre un tourbillon d’illusions, celui d’un
art forain qui surclassa ses petits camarades. Un art qui trouva
ses racines en France avant d’offrir à Berlin puis
à l’Amérique autre chose qu’une captation,
une représentation théâtralisée,
celui d’un langage et enfin d’un public stable grâce
à la sédentarisation. Le cinéma avait trouvé
son théâtre fixe.
C’est d’ailleurs en 1910 (plus exactement en 1912,
que les frères Pathé décidèrent
de devenir Maîtres de leurs programmation en créant
la première salle de cinéma, le Wepler place Clichy
à Paris).
L’anecdote
passée, l’exposition nous offre à découvrir
les trésors photographiques de la Cinémathèque
et de la collection privée Gabriel Depierre (collectionneur).
Deux cents photographies (rares) pour voyager dans l’usine
à rêves (je ne parle pas seulement d’Hollywood)
qu’est la fabrication d’un film. Les capitales du
cinéma ne se résumaient pas en un seul mot, Hollywood.
Il fallait compter alors avec Paris et Berlin. Deux étapes
à des temps différents du cinéma.
Si Paris a été sans conteste la capitale du cinéma
mondial jusqu’au début de la première guerre
mondiale, le conflit arrêta net ses ambitions, laissant
à Berlin et à Hollywood qui venaient de naître
le passage de témoin, avant naturellement qu’Hollywood
n’accède à la première marche du
podium.
Cette aventure aux lendemains qui chantent est contée
dans l’exposition de la Cinémathèque Française
comme un aboutissement humain et artistique (comme il se doit).
On ne peut pas se tromper, sinon on revient sur ses pas (d’ailleurs
c'est ce que je préfère, porter le regard sur
la photo qui m’a fait de l’œil, quitte à
négliger le parcours, pour bien la voir, comprendre à
travers elle l’évolution du 7ème Art…
Tout en mouvance. Revenir sur ses pas, avancer, s’arrêter
sur le cliché de Lubitsch, voir Fritz Lang sur le plateau
de "Metroplis" ou encore Chaplin sur le tournage de
"La ruée vers l’or" avec Douglas Fairbanks…
Les
pépites sont là, à hauteur humaine, pas
la peine de s’accroupir pour les voir… Elles sont
là dans un ordre d’apparition voulu par les commissaires
Isabelle Champion et Laurent
Mannoni dans une scénographie d’Olivia
Berthon et Julia Kravtsova.
Espace délimité en chapitres, "Photographes
de plateau" grâce à qui ont découvre
l’envers du décor, bien avant le making off et
ses effets promotionnels. "Les Studios" ces immenses
cathédrales vides et pourtant remplies de songes, voir
et juxtaposer Hollywood et Babelsberg. "Lumières"
et l’évolutions de la source lumineuse et du travail
sculptural des directeurs de la photographie sur les visages
de stars, "Les décors", monumental il va de
soi, aussi bien au USA qu’en Allemagne alors qu’en
France le cinéma réaliste donna sa chance à
des architectes et des peintres.
Le
cinéma sans le "Burlesque" ne serait pas ce
qu’il est, une place particulière lui est naturellement
dédiée. Tout comme "La direction d’Acteurs"
et ses grandes gueules mais aussi la synergie, l’osmose
complète entre le metteur en scène et son acteur.
Sternberg-Dietrich par exemple… Il ne faut pas oublier
"les Équipes" indispensable dans le processus
de tournage et de finition d’un film.
Il est loin le temps ou Méliès se retrouvait
homme orchestre de ses œuvres. "le son", arrivé
en 1927 fut, nous le savons par Chaplin, diversement apprécié.
Il imposa d’autres règles, une écriture
différente, une précision qui rendit quoi que
l’on en pense, le cinéma définitivement
adulte.
"Les Caméras", la grande aventure du cinématographe
lumière n’a pas fini de nous émerveiller.
Le cinéma c’est tout cela, cet iceberg invisible
et pourtant présent ans le film. Cette exposition est
à voir jusqu’au 1er août 2010. Plusieurs
cycles de conférences sont au programme ainsi, naturellement
que la programmation de tous les films présentés
à l’exposition.
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