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Le Dansoir  (Paris)  avril 2010

Carte blanche à Michel Lopez donnée par la ligue d'improvisation française.

L'improvisation, on en imagine des tas de choses. Personnellement, je n'avais été confronté à cela jusqu'à présent que par quelques reportages ou autres récits d'amis ayant séjourné au Québec, pas assez pour en parler, trop pour ne pas avoir d'a priori.

Mais ce soir, pas d'accent québécois, pas de ring ni de tenues de sport. Pas davantage d'arbitre en maillot rayé. A la place, s'il y a bien deux équipes, il n'y aura pas d'affrontement et les arbitres sont remplacés par des jurés très critiques. Le tout sur une grande scène dans un immense magic mirror auquel on pourra seulement reprocher le peu de visibilité pour le public qui n'aura pas eu la chance d'être ni au premier rang, ni dans les boxes surélevés, la scène étant au même niveau que les chaises.

Cet inconvénient mis à part, le lieu est très agréable tenant tant du cirque, que du cabaret. Nous patientons en regardant une jeune fille assise au milieu de la scène qui joue à un jeu de construction en bois élaborant de hautes tours... jusqu'à la chute. Derrière elle, un écran projette d'étranges messages, surmontés d'un numéro de portable. On apprend vite, grâce au flyer distribué à l'entrée, qu'il est de notre devoir d'envoyer un sms au numéro proposé (un numéro normal, non surtaxé, ce qui est plus qu'appréciable) afin que s'ajoute à la ribambelle de messages, le nôtre. L'ensemble constituant par la suite ni plus, ni moins que la base des sujets dans laquelle les comédiens piocheront à l'aveugle par la suite afin de lancer leurs improvisations.

Les comédiens justement, pièce maîtresse d'un spectacle sans décor et sans mise en scène, arrivent sur scène du fond de la salle en claquant des mains et des pieds. Ils se divisent ensuite en deux équipes de six personnes et offrirons à tour de rôles de courtes impros tandis que l'autre équipe se reposera sur un banc au bord de la scène, rappelant ainsi la tradition de l'impro "classique".

Il faut savoir aussi que l'équipe comporte un musicien, d'un côté un saxophoniste accessoirement au ukulélé et de l'autre un accordéoniste accessoirement au melodica. Le décor est planté, le spectacle peut commencer.

Dos à l'écran géant, un des membres de l'équipe doit choisir un thème au hasard en "l'attrapant au vol" parmi tous les sms envoyés par le public. A peine le sujet connu, la troupe démarre son impro. D'abord seul, un des comédiens lance le thème sans concertation aucune avec ses coéquipiers qui, pendant ce temps, tentent en coulisse de comprendre où veut en venir l'instigateur du thème afin de lui venir en aide, dans une mise en scène pour le moins en temps réel puisque l'absence de concertation oblige chacun à deviner le dessein des autres et rebondir dessus pour enrichir la scène.

Cela donne lieu à de curieuses situations et nous aurons droit à une belle démonstration, tout au long du spectacle, des prouesses et des tours de passe-passe dont chaque comédien est capable.

Ainsi se succéderont ce soir là (car improvisation oblige, chaque soirée offrira une vision différente du spectacle) un metteur en scène dirigeant ses acteurs dans une scène absurde dans une langue imaginaire, une mère incestueuse vue à la fois alors qu'elle était enceinte et 20 ans après alors que son fils sort de prison, le maire d'un village accueillant des maliens, des enfants aux parents alcooliques (sur le thème de départ ayant pour titre "touché coulé", il faut avoir l'imagination fertile et galopante) mais aussi des improvisations musicales et des improvisations inspirées du théâtre avant-gardiste.

Dit comme cela, on semble loin des impros que l'on imagine tourner à la gaudriole par facilité et il faut avouer effectivement que l'on est parfois cueilli par plus d'émotion que de rire même si, d'autre part, on rit beaucoup à la fois des situations jouées certes mais aussi, et je crois que c'est une dimension forte dans l'impro, de la situation des comédiens eux-mêmes parfois bien surpris et embarrassés par leurs partenaires.

On rit également beaucoup de la rivalité des très sérieux juges, forcément jamais d'accord mais eux aussi à l'esprit vif et aux bons mots toujours très à propos, parfois justes, souvent de mauvaise fois mais toujours avec un grand sens de la répartie.

Individuellement, les comédiens sont débordants d'énergie et de créativité même si parfois on craint qu'ils ne cèdent à la facilité comme sur le thème, il est vrai difficile, "la pire amibe de Kheops" transformée en une courte chanson ou encore "la fête du slip" traité sobrement en 2 minutes.

Mais la râleuse du sketch "les parisiens", le père alcoolique de "touché coulé" ou le baigneur de "elle est sympa ta soeur mais euh...", offraient au public tant de drôlerie, d'émotion, d'absurdité que l'on pardonnera aisément quelques baisses toutes relatives de régime.

Au final, cet "ÉTAT BRUT ou l’arrogance des muses pubères" est un spectacle qui permet aussi bien de découvrir le théâtre d'impro et se rendre compte que, plus que des clowneries, c'est avant tout du théâtre fait par des comédiens de talent, que de se conforter dans l'idée que le spectacle vivant est aussi ailleurs que dans des théâtres trop beaux ou trop protocolaires. La Ligue d'Improvisation Française en ce sens participe à la démocratisation et la désacralisation de cet art. Mais surtout, on ressort de ce spectacle avec une énergie nouvelle et une bonne humeur et un optimisme rare, raisons déjà largement suffisante pour se laisser surprendre par la Lifi.

 

David         
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