Comédie
de Sacha Guitry, mise en scène de Tristan Petitgirard,
avec Philippe Stellaire, Sandra Valentin, Cybèle Villemagne,
Tristan Petitgirard, Lucie Bataille et Hervé Rey (ou
Christophe Canard en alternance).
Une jolie femme entretenue, qui a le béguin pour un séduisant magicien, lui propose de venir exercer ses talents au cours d’une soirée privée. Tous deux savent à quoi s’en tenir mais la dame a envie de se faire désirer et de croire au fol amour et le monsieur, beau parleur qui a plus d’un tour dans son sac et n’est pas habile que de ses mains, sort le grand jeu. Le lendemain matin, après l’exultation des corps, la réalité et le quotidien reprendront leurs droits car "l'amour, c'est des grand mots avant, des petits mots pendant et des gros mots après".
Tel est l’intrigue de "L’illusionniste" de Sacha Guitry, certes une intrigue cousue de fil blanc, mais qui lui sert de toile de fond à l‘auteur, avec l’esprit, l’intelligence brillante et le verbe caustique qui le caractérisent, à une déclinaison à la fois prosaïquement désenchantée et quasi métaphysique de l’illusion.
En effet, le terme illusionniste, à double sens et au demeurant plus poétique et révélateur que prestidigitateur ou magicien, permet à l’auteur d’aborder deux des thèmes récurrents qui lui sont chers et ont plus d‘un point commun, le théâtre et l’amour.
Car le théâtre, avec l’art du comédien, comme l’amour, qui est une comédie, reposent sur la qualité et le talent de ses interprètes pour créer l’illusion du vrai qui n‘abuse que celui qui veut bien y croire, ce que "L’illusionniste", écrit juste après "Faisons un rêve" qui participe du même argument, démontre avec une lucidité non dénuée d’un certain désenchantement dans cette légère comédie de moeurs. Tristan Petitgirard a monte cette comédie douce-amère de manière classique sans céder à la responsabilisation avec le prologue joliment réussi.
Philippe Stellaire, beau physique, beau timbre et faux airs affectés de Thierry Lhermitte jusque dans la scansion, est parfait dans le rôle de l’artiste ordinaire dans un cabaret de second ordre, dandy à la petite semaine qui vit de cachets chiches et de tournées miteuses, qui se la joue superbe sans pour autant être cependant tout à fait dupe de ses propres tours. De même pour Sandra Valentin, petite brune piquante qui veut rêver d’une grande et luxueuse romance amoureuse entre croisières et palaces autour du monde alors qu’elle nourrit des ambitions de petite bourgeoise. |