Comédie
dramatique de Oscar Castro et Sylvie Miqueu, mise en scène
de Nissim Sharim et Oscar Castro, avec Sylvie Miqueu et Oscar
Castro.
Venir au Théâtre d’Aleph n’est pas le fruit du hasard et le
maître de céans, Oscar Castro, homme de théâtre chilien, dramaturge
et comédien, ne le démentira pas, lui qui évoque les bons esprits
andins qui veillent sur le lieu et qui y amènent ceux qui, venus
une fois, y reviennent fidèlement. Et ébruitent l’adresse comme
en ce moment.
A l’affiche, entre autres opus maison, une comédie intitulée "Comme si de rien n’était" à déguster avec un cœur simple et généreux comme ceux qui vous accueillent dans ce théâtre singulier comme dans une maison ouverte et bienveillante.
Emilio et Suzette. Un couple de comédiens qui a passé de nombreuses années ensemble, à la scène comme à la ville. Ennui, usure, chamailleries, encore un peu de tendresse. Et vlan, Emilio s’éclate la tête dans sa douche en glissant sur le savon. Voilà venu le moment du grand départ, voyage pour l’inconnu pour l’un, libération pour l’autre, à moins que tout ne soit pas si simple que cela
Oscar Castro et Sylvie Miqueu ont écrit à quatre mains et jouent à l’unisson, chacun sa partition, une comédie baroque et métaphysique qui mêle fiction et réalité sous forme d’une tragi-comédie burlesque arrosée d’épisodes musico-kitsch jubilatoires.
Un cocktail détonant et une recette unique et savoureuse dont le Théâtre Aleph semble avoir seul le secret et qui sert toujours les thématiques universelles et intemporelles au centre des préoccupations des hommes.
Car cette comédie aborde non seulement l’énigmatique et mystérieux moment du "passage" quand l’homme, ou l’âme, ou les rémanences organiques des cellules encore en état de stupeur, selon les convictions de chacun, mais également le thème du bonheur, qui tient souvent à si peu de chose, si discret qu’il passe souvent inaperçu et n’existe que rétrospectivement, et celui de l’amour qui est plus tenace qu’il n’y paraît.
Sylvie Miqueu et Oscar Castro, petit bonhomme pétulant avec
son accent à couper à la machette et ses dérapages sémantiques
dans sa langue natale, entraînent le public dans ce temps magique
du théâtre, comme l'indique le sous titre de la pièce, "la vie
et la mort suspendues le temps d’une comédie", avec une comédie
drôle, pertinente et malicieuse qui s’inscrit résolument dans
un théâtre populaire vraiment roboratif qui lave la tête des
postures théâtreuses. |