Pour ce début de printemps 2010, le Musée National Gustave Moreau qui augurait en 2007 une vocation expographique avec "Féeriques visions" consacrée à la mise en résonance de l'esthétique commune du peintre Gustave Moreau et de l'écrivain Joris-Karl Huysmans, propose un second opus intitulé "Gustave Moreau - L'homme aux figures de cire".
Conçu sous le commissariat conjoint de Marie-Cécile Forest, directrice du Musée Gustave Moreau et Anne Pingeot, conservateur honoraire au Musée d’Orsay, il propose de découvrir, à partir de la collection unique de quinze sculptures en cire jamais exposées et détenue par le musée, de découvrir l'oeuvre sculpté du peintre.
Pour
installer cette exposition au sein des collections permanentes
dans la maison familiale de Gustave Moreau transformée en musée
par la volonté de ce dernier et dont la muséographie, avec l'accrochage
foisonnant du 19ème siècle demeuré inchangé depuis l'origine,
ce qui ne va pas sans difficulté, il a été, à nouveau fait,
appel au scénographe Hubert Le Gall
qui excelle dans cet exercice.
En l'espèce, cimaises beige et violine, passe-partout rouge
et vitrine à l'ancienne s'insèrent heureusement dans cet hôtel
néo-classique de la Nouvelle Athènes.
La sculpture pour exalter sa science dans le rythme et l’arabesque des lignes
Enrichie des prêts du Musée d’Orsay, du Musée des Beaux-Arts de Lyon et du Musée des Beaux-Arts de Troyes, l'exposition présente un nombre importants de sculptures, peintures, dessins et photographies pour révéler l'oeuvre sculpté de l'artiste qui s'y est consacré comme à la peinture et y voyait un art plus puissant pour célébrer le rythme et l'arabesque des corps qui sont au coeur de ses thématiques picturales.
Mais
comme le suggère le critique Philippe Dagen qui évoque, avec
l'utilisation des termes de poupée et de fétiche, une représentation
fantasmatique bellmerienne, l'appétence de l'artiste va sans
doute au-delà de la simple tridimensionnalité.
Piste confortée par la sublime représentation divinisée de
Salomé habillée de gaze qui rayonne de magnétisme érotique et
exalte la "patte" très terrienne et charnelle de l'artiste.
Admirateur
de Michel Ange, grand collectionneur de plâtres antiques qui
sont présentés dans une nouvelle pièce ouverte au public, Gustave
Moreau, dessinateur, aquarelliste, peintre, se confronte de
manière intense et totale au modelage en cire, ébauche de sculptures
en bronze - jamais concrétisées - qui ne furent jamais exposées.
Outre la monstration d'oeuvres rares, le deuxième intérêt
de cette exposition est de montrer, et démontrer grâce à l'étude
radiographique réalisée par le Centre de recherche et de restauration
des musées de France, que la sculpture ne revêtait pas un caractère
accessoire.
Gustave Moreau procédait également à des recherches techniques
en utilisant un amalgame personnel à base de cire, ce qui donne
aux figures cette belle couleur rouge restituée dans toute sa
densité grâce à leur restauration, et une armure métallique
ou en bois complète qui, contrairement à la pratique usuelle
de son temps, ne se limite pas à quelques tiges directionnelles
mais constitue une véritable et réaliste ossature utilisant
même un mannequin en bois.
Les
cires, notamment en déclinaison de ses thématiques récurrentes
qui mettent en scène des figures mythologiques et bibliques,
sont accompagnées de dessins et à aquarelles à proximité des
toiles correspondantes.
Le visiteur pourra également apprécier les qualités graphiques
du peintre dans une sélection de magnifiques dessins inédits
pour des projets de sculpture.
A voir absolument pour un autre regard sur l'oeuvre de Gustave Moreau et une immersion hors du temps et du monde dans un univers fascinant qui mêle mysticisme et onirisme. |