A
destination des lecteurs passionnés par la vie des têtes couronnées,
Michel-Yves Mourou procède à la réédition
actualisée de son grand œuvre, "Princesses
de Monaco", qui se présente comme "l'histoire vraie des
princesses au-delà de l'imagerie people" et "une leçon d'histoires
au féminin à la portée universelle".
Publié aux Editions du Rocher, éditions monégasques, par un
médecin-radiologue citoyen monégasque, qui n'est ni écrivain
ni historien mais président du Conseil de la Couronne et appelé
par la Princesse Grâce à présider aux destinées de la Croix
Rouge monégasque, ce livre ressortit à l'hagiographie et le
parti-pris policé de l'auteur décevra sans doute les lecteurs
en attente de révélations ou même, plus innocemment, d'une biographie
objective.
Cela étant, il n'y a pas tromperie sur la marchandise puisque son auteur ne fait pas mystère de ses motivations indiquant qu'il s'agit d'une étude placée "sous le signe de l'affection et de l'admiration portée à la famille princière" et guidée par "la volonté de participer à la fierté monégasque" pour Monaco, "une nation sur cette terre bénie des dieux". Et cependant, sans doute à l'insu de son auteur, cette écriture lisse comme une peau liftée dont sont gommées toutes les imperfections mais aussi les témoignages sensibles de la vie, finit par agir en creux, tel un révélateur pour qui sait lire entre les lignes.
Précédé d'une étonnante préface de SAS la Princesse Stéphanie de Monaco en forme de panégyrique sur ses implications caritatives, cette galerie de portraits, donc essentiellement féminins, est néanmoins dressée sur une trame historique, certes un peu lacunaire, qui procède du même choix délibéré que celui des princesses retenues, les princesses considérées comme fondatrices d'une dynastie qui a fait du mariage une diplomatie et, bien évidemment, celle qui a illuminé de sa beauté le Rocher du 20ème siècle, la princesse Grâce.
Une dynastie de plébéiens, issue d'un marin-pirate génois qui, exilé au 13ème siècle, s'est emparé d'une forteresse sur un piton rocheux isolé de la terre qui abritait une garnison, qui s'est autoproclamée aristocrate en se dotant d'une couronne princière au 17ème siècle.
Cela étant, malgré l'absence de fortune et les vicissitudes historiques, elle a su conserver son petit royaume et son autonomie à coups d'alliances et de dot, l'argent aimant les titres et réciproquement. Parmi les coups d'éclat, Monaco a su habilement négocier le rattachement à la bonne terre française au 19ème siècle moyennant 4 millions de francs tout en laissant à la charge de la France les frais de désenclavement du Rocher qui mérite bien son titre de royaume doré car placé depuis toujours sous le signe de l'argent dont il a su faire son fer de lance.
Et Michel-Yves Mourou détaille par le menu comment la Principauté de Monaco va devenir le saint siège d'une trinité gagnante, soleil, luxe et casino, et "le lieu d'attraction international, unique au monde, de cité privilégiée faisant rêver la planète entière".
Le temps passe même dans ce lieu idyllique désormais solidement amarré et vient le moment de découvrir le joyau contemporain que fût la princesse au prénom si bien choisi, Grâce Kelly, "la princesse des stars transformée en star des princesses" que la mort prématurée a inscrite dans la lignée des destins de légende, et dont l'auteur, qui ne cache pas son admiration sans borne, fait un portrait dithyrambique.
Bien évidemment, de longs développements sont consacrés au mariage du siècle surmédiatisé. L'auteur présente le Prince Rainier comme "un prince bâtisseur qui veut valoriser à l'extrême le territoire que Dieu et les siens lui ont donné en héritage sacré" et "dont le choix du cœur était aussi celui de la raison" qui s'est avéré "un choix visionnaire".
Et c'est à "Hollywood est le nouveau Versailles à l'échelle planétaire", qu'il cueille "la plus précieuse des fleurs, qui n'est pas une aristocrate-née mais une aristocrate de cinéma et, surtout une aristocrate dans l'âme".
Le lecteur restera sans doute sur sa faim quant aux sentiments de la princesse dont le portrait se limite à celui d'une irréprochable femme de devoir, à ses joies et soucis de mère, à sa passion des fleurs et à sa sincère ferveur chrétienne.
Après ce que Michel-Yves Mourou qualifie "la mort du cygne", le livre se termine sur la génération actuelle des Grimaldi qui ne va pas sans considérations édifiantes.
En attendant de célébrer la prochaine princesse régnante, le choix appelant la légitime circonspection, au regard de la personnalité de celles qui l'ont précédé, du prince Albert qui s'identifie et s'accomplit dans le double défi de son temps : l'environnement, sauver la planète, et l'éthique, faire de la politique respectueuse de la diversité des hommes", l'auteur pose un regard bienveillant sur ses deux sœurs "qui ont en commun avec leur mère la faculté de donner la vie à de beaux enfants, ce qui est un don du ciel, et de les aimer profondément".
Caroline, "princesse d'opéra qui fait penser au Guépard de Visconti", et surtout Stéphanie, "princesse du rock qui fait penser à la Californie", qui s'investit pleinement dans l'action pour la jeunesse car "être sans argent à Monaco, on le dit souvent, c'est peut-être pire qu'ailleurs. En effet, le jeune qui voit son copain de classe avec voiture et bateau peut être tenté de faire des bêtises, et celui qui a tout, vite blasé, peut rechercher des paradis artificiels".
Quelques mots sur le prince régnant dont il faut comprendre la circonspection à choisir sa princesse prince qui s'identifie et s'accomplit dans le double défi de son temps : l'environnement, sauver la planète, et l'éthique, faire de la politique respectueuse de la diversité des hommes". Amen.
Bonne lecture ! Mais ne rêvez tout de même pas trop car l'auteur, qui reste lucide, rappelle que "le conte de fées est tout de même rare au pays des princesses". |