Monologue
adapté et interprété par Mireille Perrier
d’après le texte de Stefano Massini.
Créé en 2009, le spectacle "Anna Politkovskaïa
: non rééducable" mis en scène et interprété par Mireille
Perrier à partir d'un texte du dramaturge italien Stefano
Massini prend une dimension symbolique par sa programmation
à la Maison des Métallos en 2010, année de la Russie.
La journaliste russe Anna Politkovskaïa, grand reporter pour le journal indépendant d'opposition Novaïa Gazeta, avait été classée comme "non rééducable", c'est-à-dire une incorrigible avec lequel l'Etat ne peut dialoguer, et ses articles, qui dénonçaient les violations des droits de l'Homme dont se rendaient coupables les forces en présence en Tchétchénie, les mensonges officiels du gouvernement russe comme les arcanes de l'insurrection tchétchène, bien que consistant en de simples recensions de faits bruts, sans avis, sans opinion ni commentaire, considérés comme des actes de propagande contre l'Etat.
Sur son opportun assassinat intervenu le 7 octobre 2006 à Moscou, Vladimir Poutine a déclaré qu'il s'agissait d'un crime horrible et cruel qui était plus préjudiciable aux autorités établies à Moscou et en Tchétchénie que ses publications dont l'influence sur l'opinion russe aurait été insignifiante.
Stefano Massini a élaboré à partir d'une compilation de notes, d'interviews et correspondances, un memorandum theatral, pour non pas "vénérer la tombe de la journaliste morte, mais d’entretenir le feu de son combat vivant", qui rend hommage au courage, à l'engagement et à la détermination d'une femme seule notamment dans un conflit complexe, où les deux camps sont quasiment renvoyés dos-à-dos du fait des exactions commises. Il aborde sans détours des thématiques essentielles comme les droits de l'Homme, la liberté d'expression, la liberté de la presse, la désinformation étatique et le terrorisme d'Etat.
Anna Politkovskaïa était intelligente et connaissait les risques encourus : ceux qui usent de la parole comme levier de la propagande et de la désinformation savent bien qu'elle est aussi un instrument de la vérité et de la liberté, raison pour laquelle elle fait peur et pour laquelle les intellectuels et les journalistes figurent toujours au premier rang des assassinés dans tous les régimes totalitaires.
Seule sur une scène vide et noire, Mireille Perrier porte également une parole, et ce au plus juste, la parole d'une femme dont l'itinéraire farouchement déterminé, un destin tragique au sens antique, revêt presque le caractère d'une chronique d'une mort annoncée. Elle est bouleversante sans v erser ni dans le sentimentalisme, ni dans l'expressionnisme. Et là, les mots font parfois défaut pour traduire le coeur qui s'étreint d'indignation et d'émotion. |