Comédie
dramatique de Maxime Gorki, mise en scène de Gérard
Desarthe, avec Julien Bouanich, Leslie Bouchet , Anthony Boullonnois,
François de Brauer, Matthieu Dessertine, Julie Duclos,
William Edimo, Thibaut Evrar, Vanessa Fonte, David Houri, Yohan
Lopez, Aurélie Nuzillard, Guillaume Ravoire, Alix Riemer,
Manon Vincent et Pierre Yvon.
Pour clôre le cursus de formation des élèves de troisième année du Centre National Supérieur d'Art Dramatique, Gérard Desarthe, qui après avoir été professeur y revient pour animer des ateliers d'interprétation, a choisi "Les estivants" de Maxime Gorki non seulement en raison de sa large distribution mais également parce qu'il s'agit d'un des auteurs qui, à la charnière du 19ème et du 20ème siècle a permis la théorisation et le renouveau de la pratique de l'art dramatique.
Cette comédie dramatique reprend, un siècle et demi après, la thématique du volet central de "La trilogie de la villégiature" de Carlo Goldoni transposée à la Russie pré-révolutionnaire dans laquelle la société bourgeoise issue du peuple se complaît dans un immobilisme fin de siècle tout en pressentant de manière plus ou moins consciente les frémissements des bouleversements à venir.
Et, à travers une belle galerie de portraits et des scènes courtes au dialogues terriblement incisifs et révélateurs des tensions comme des illusions perdues et des idéaux encore vivaces, Maxime Gorki met en évidence l'universelle quête de bonheur.
Avec l'adaptation scénique de Botho Strauss et Peter Stein et l'excellente dramaturgie de Jean Badin, Gérard Desarthe propose, sans transposition spatio-temporelle, un spectacle d'une intelligence et d'une rigueur absolues, respectueuse du texte et de l'auteur, dans la grande, et jamais désuète, tradition du théâtre de répertoire.
La direction d'acteur, qui maintient l'unité de ton et le
jeu choral tout en laissant affleurer la chair et la personnalité
de chacun des personnages, que la jeunesse des interprètes rendent
profondément humains et "contemporains", est magistrale.
Les jeunes comédiens évoluent avec aisance et fluidité
dans une peinture de genre pour laquelle Delphine
Brouard, qui abandonne le réalisme folklorique des datchas,
a conçu une scénographie simple et astucieuse en terrasse qui
permet, sans lourds artifices, de ménager différents espaces
scéniques qui restent toutefois totalement intégrés dans une
unité de lieu.
Ce magnifique travail confirme également un constat que les
précédentes représentations publiques avaient déjà mis en évidence
à savoir - même si ce soir-là le coup de coeur allait vers Vanessa
Fonte, Julie Duclos, Julien
Bouanich et Thibaut Evrard
- l'homogénéité et la qualité de la promotion 2010 du CNSAD. |