Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Les tentations du mâle
Francesco Piccolo  (Editions Grasset)  avril 2010

Une fois encore, mieux vaut ne pas s'attacher au titre français accrocheur, "Les tentations du mâle", même si le jeu de mots usé jusqu'à la corde émoustille encore, et faire abstraction de la première de couverture de l'édition française du roman de de l'écrivain et scénariste italien Francesco Piccolo.

En effet, le torse de la sylphide à peine pubère et quasi androgyne de la photo se situe aux antipodes des canons féminins du narrateur obsédé par les courbes généreuses, primordialement callipyges, des femmes leur pleine maturité.

Par ailleurs, son titre original, "La separazione del maschio”, est plus significatif du contenu qui traite des différents états du mâle, l'auteur n'ayant pas voulu rendre compte uniquement de l'imaginaire érotique d'une certaine génération de mâle, en l'espèce, le quadra urbain latin appréhendé comme un standard élémentaire et primaire, qu'il qualifie de "plus bas niveau sur l'échelle de l'évolution du monde contemporain".

Par le portrait qu'un homme ordinaire, marié, père de famille, et apparemment sans histoire même s'il entretient pléthore de liaisons clandestines, qui se trouve confronté subitement au départ inexpliqué, ni même précédé de symptômes de détérioration du couple, de son épouse qui quitte le domicile conjugal, Francesco Piccolo entreprend de montrer l'état de schizophrénie permanente de l'homme contemporain pris dans un étau, dont il s'accommode d'ailleurs fort bien dès lors qu'il lui permet, selon une expression triviale, d'avoir le beurre et l'argent du beurre.

D'une part, la figure masculine traditionnelle, conforme au modèle social conformiste, et d'une certaine manière post-romantique, qui a encore de beaux jours devant lui, ce qui n'est d'ailleurs pas antinomique avec le bonheur et l'accomplissement de soi dans le mariage pérenne dès lors que le protagoniste pratique une certaine esthétique du quotidien.

D'autre part, le mâle ataviquement polygame dont la frénésie sexuelle trouve sa pleine réalisation du fait de la libération des mœurs et des conquêtes féministes qui favorisent l'état permanent de disponibilité sexuelle des hommes comme des femmes.

Pour concilier les deux, le héros du roman, qui est monteur de films, procède dans sa vie privée comme dans son métier en la découpant par plans-séquence et en lui appliquer la technique et le concept de la quasi vérité, ou mensonge par omission en agençant faussement les seuls utiles pour élaborer la vraie fausse vérité qui lui donne un sentiment de toute puissance et d'inattaquabilité.

Mais Francesco Piccolo va au-delà de la démonstration du simple pragmatisme, et là réside l'intérêt de ce roman, même si ce n'est pas totalement novateur au fond, en procédant à une sorte d'analyse géologique illustrée, strate par strate, des différents plans de la perception et du vécu et du ressenti, en distinguant, et dissociant, l'amour, le désir, le plaisir et le bonheur.

Alors, même s'il proclame de manière réitérée qu'il n'éprouve aucun sentiment de culpabilité, ce latin lover se garde bien d'afficher ses liaisons. Il a même mis au point un système d'élimination drastique des preuves quand ses frasques se déroulent au domicile conjugal : muni de l'aspirateur et d'une pince à épiler, il passe le lieu au peigne fin, pire que les experts, pour ôter tous les indices mêmes microscopiques. Travail fatigant mais qui lui procure une satisfaction onaniste qui prolongeait le plaisir de "la baise" en y ajoutant "une excitation spéciale et du bonheur quand la peur d'être pris se révèle infondée", ce qui semble lui apporter au moins autant, sinon plus, de plaisir que l'acte sexuel.

Ainsi dit-il : "Ce moment, le moment exact où je m'aperçois que le danger est écarté, est inestimable, inégalable, si je devais, avec un peu de cynisme - facile à avoir chez un être dépourvu du sentiment de culpabilité - dire le moment que j'aime le plus, celui qui m'émeut le plus dans ma vie, je n'aurais aucun doute : c'est quand je me présente dans le couloir comme au-dessus d'un abîme et que Teresa lève les yeux de son journal, qu'elle me sourit et me dit salut. Cela me procure un tel état de bonheur, un bonheur excité, que je trouve merveilleux". L'auteur entomologiste aborde ainsi la coexistence du sentiment, du plaisir physique procuré par l'acte sexuel, de la forme de jouissance collatérale résultant des conditions et circonstances dans lesquelles ce dernier intervient et son véritable bénéfice psychique, émotionnel ou affectif, au sens de l'analyse transactionnelle.

Bien évidemment le sentiment de culpabilité judéo-chrétienne et la transgression de l'interdit ne sont pas étrangers à l'affaire ce qui ressortit au déterminisme des schémas originels.

En l'occurrence, ce dernier constitue un des leviers pulsionnels du héros dont la sexualité et les obsessions érotiques se sont forgées à l'adolescence en pleine révolution érotico-pornographique avec les films italiens des années 70 et les sex-symbols italiens de l'époque qu'étaient les voluptueuses Laura Antonelli et Stefania Sandrelli. Qui plus est pour leur rôle de femmes transgressives notamment célébrées respectivement par Salvatore Samperi dans "Malizia" et Tinto Brass dans "La clé" au demeurant expressément cités par l'auteur.

Mais, au fait, son épouse a-t-elle découvert son infidélité et n'y aurait-il pas une part d'autofiction dans ce roman écrit par un homme né en 1964 ?

 

MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=