Comédie
dramatique de Jean-Dominique Hamel, mise en scène de
Nathalie Hamel et Bernard Lefebvre, avec Hélène
Robin, Alain Michel, Nathalie Hamel, Annie Monange, Esther Segal
(ou Marie Lussignol en alternance) et Bernard Lefebvre.
En 1957, pendant les répétitions de la création parisienne de son opéra "Dialogues des carmélites", composé d'après l'oeuvre éponyme de Georges Bernanos qui relate le martyre des carmélites de Compiègne conduites à l'échafaud sous la Terreur, Francis Poulenc, homme de foi, emmène ses interprètes, parmi lesquels figure notamment la cantatrice Régine Crespin qui n'avait encore atteint la célébrité, au carmel, pour qu'ils puissent s'imprégner de la vie du couvent afin de mieux incarner leurs personnages.
Voilà le point de départ historique retenu par Jean-Dominique Hamel dans "Dialogues avec une carmélite" pour créer une oeuvre de fiction qui met en présence des artistes du petit microcosme impitoyable de l'opéra, complètement obsédés par les rivalités, les ragots et leur carrière, et la supérieure du carmel qui vit retirée du monde à qui Hélène Robin, magistrale, apporte une densité, une ferveur et une humanité exceptionnelles. Et cette "retraite", qui confronte la société des vanités et le monde de la spiritualité, ne sera pas sans incidence sur les différents protagonistes.
Jean-Dominique Hamel a écrit, dans une jolie langue, une comédie
dramatique caustique sur les rapports professionnels dans la
petite chapelle du lyrique en l'émaillant d'amusantes anecdotes
et une intrigue inattendue et pudique sur la troublante communion
des âmes, qui clôt la pièce dans une véritable émotion, en l'émaillant
d'intermèdes constitués pour la quasi totalité d'extraits dudit
opéra.
Bernard Lefebvre, qui joue le rôle du compositeur, a su mettre en scène avec simplicité, rigueur et justesse ces différents registres.
Bien distribués, les comédiens assurent un spectacle de qualité
en donnant vie à des personnages ayant existé et qui ont effectivement
participé à la création de cet opéra : le bonhomme ténor Louis
Rialland (Alain Michel), la mezzo-soprano
langue de vipère Denise Scharley (Annie Monange),
la soprano et douce muse de Poulenc qu'il appelait "mon rossignol
à larmes", Denise Duval, (Esther Segal)
et la pétulante soprano Régine Crespin au franc parler ravageur
incarnée par Nathalie Hamel qui assure
également les partitions chantées qui sont un vrai ravissement. |