Après
le jardin qui constituait le fil rouge de sa dernière exposition
en date, "Le jardin de Monet à Giverny : l'invention d'un paysage",
c'est l'élément aquatique, et plus particulièrement la Seine,
qui est retenue comme thématique pour l'exposition "L'impressionnisme
au fil de la Seine" qui, par ailleurs, s'inscrit au sein
des nombreux événements qui, de juin à septembre 21010, émailleront
la première édition du Festival Normandie impressionniste.
Sous le commissariat de son directeur scientifique-conservateur
Marina Ferretti Bocquillon, le Musée
des impressionnismes de Giverny présente, grâce aux prêts
exceptionnels du Musée d’Orsay et
de la National Gallery of Art de Washington,
plus d'une cinquantaine de toiles qui mettent en évidence, pour
la seconde moitié du 19ème siècle, le sujet de référence que
fût la Seine en tant que "berceau de la nouvelle peinture".
Berceau
de la nouvelle peinture mais également témoin des changements
successifs qui vont secouer cette époque, de l'industrialisation
au développement d'une civilisation des loisirs.
Les paysages d'eau sont également propices aux études sur la
lumière, le reflet et le mouvement au sein des préoccupations
des impressionnistes.
La vie au fil de l'eau
Selon un parcours chrono-thématique, l'exposition, qui
rassemble tout le gotha des pré-impressionnistes aux
néo-impressionnistes, met en évidence l'originalité
et la novation opérée par le regard impressionniste
sur la peinture de paysage en commençant avec quelques
toiles pré-impressionnistes, avec Corot notamment, et
s'achevant par celles des Fauves.
Mais
les impressionnistes, quasi unanimistes, de contemplation et
de fusion de l'homme et de la nature n'en sont pas moins sensibles
à la réalité de la vie quotidienne et immortalisent
un fleuve duel.
Fleuve marchand, les berges de la Seine vont s'industrialiser.
La dame qui promène son chien dans "La Seine à
Courbevoie" de Seurat et la lavandière de "La
Seine à Port-Marly" de Pissaro cèdent leur
place à aux usines ("Les déchargeurs de charbon"
de Monet).
Fleuve de loisirs, la Seine accueille sans discriminations
sociale les divertissements bourgeois et les distractions populaires.
(Henri Rouart "La terrasse en bord de Seine à
Melun", Monet "Le bassin d'Argenteuil" et "Les
bateaux rouges", Caillebotte "Partie de bateau",
"Les périssoires" et "Voiliers d'Argenteuil")
Ses
rives fédèrent toutes les classes sociales : guinguettes
pour les grisettes et les ouvriers qui oublient le labeur de
la semaine (Renoir "Les canotiers à Chatou"
et "Alphonsine Fournaise"), régate pour les
nantis et villégiature en bordure du fleuve pour les
peintres qui y ont élu résidence pour "vivre
et peindre au bord de l'eau" et qui formeront de véritables
colonies d'artistes.
La salle qui leur est consacrée fait d'ailleurs le lien
avec une belle exposition organisée en ce lieu par le
défunt Musée d'Art Américain, "Giverny
impressionniste, une colonie d'artistes, 1885-1915".
Derniers regards avec les vues du pont Saint Michel et du pont
de Chatou peints par Matisse, Marquet et Vlaminck qui tournent
une page de l'histoire de la peinture. |