Poème
dramatique écrit et mis en scène par Laurent Fréchuret
dit par Laurence Vielle.
Laurence Vielle, magnifique comédienne venue du plat pays, découverte pour ma part dans "Solinge", un monologue dramatique de Pia Divoka qu'elle a interprété à l'Atelier du Plateau en 2007, embrase la scène de la Maison de la Poésie.
C'est dans une minuscule cave voutée que se déroule une étrange
célébration, qui ressortit à l'alchimie et à la cérémonie secrète,
avec "Sainte dans l'incendie",
un texte magnifique de Laurent Fréchuret
qui exalte, à travers, revisitée, réinventée et transcendée
en métaphore, l'épopée lumineuse et tragique de Jeanne d'Arc,
celle qui a une tâche de naissance qui indique qu'elle vieillira
mal et un "mur mitoyen avec Dieu", cet art mystérieux et quasi
mystique qu'est le théâtre.
Pour cerner le propos, inutile de plagier ceux de l'auteur
qui a écrit "une fantaisie héroïque,
une suite de variations sur une petite paysanne de légende,
brûlée par la vie, traversée par des voix
oubliées, échafaudant une autre histoire de France,
faisant théâtre de tout. …une rêverie
éveillée….un hommage au jeu du fou au pied
du bûcher".
Pour porter ce texte magnifique, dense, flamboyant, inspiré
et d'une écriture très contemporaine qui travaille
la matière, le verbe, les mots qui ont sans doute été
radiographiés, décantés, polis un à
un pour sonner juste et s'implémenter un par un pour
constituer cette ode fascinante, il faut, comme il l'indique
également, un athlète du verbe. Cet athlète,
qu'il accompagne par la mise en scène, c'est Laurence
Vielle, silhouette longiligne, visage singulier d'enfant dépouillé
de tout artifice, qui "déboule" sur scène,
à la fois exaltée et totalement maître de
ses moyens, pour porter un.
Elle raconte cette épopée historique et mystique
d'une sainte, qui est aussi celle du comédien, n'évoque-t-on
pas à son sujet le sacerdoce du comédien, qui
brûle les feux de la rampe, avec la magie du conteur des
temps anciens ou des pays de culture orale qui recrée
à chaque fois une histoire immémoriale et l'art
du comédien.
Elle aussi a travaillé sur ces mots, sur cette parole
et sur ce mystère comme elle travaille et s'adresse à
chacun des spectateurs sur lequel s'attarde son regard enflammé
et pénétrant. Elle est ce buisson ardent, habité
et incarné, qui s'embrase et se consume pour vivre et
renaître à chaque fois.
Tout repose sur l'élément bipolaire à
la symbolique forte qu'est le feu, ce qui induit d'ailleurs
inconsciemment le vocabulaire de cette chronique. La compagnie
de Laurent Fréchuret ne porte-t-elle pas le nom de Théâtre
de l’Incendie ?
Bien évidemment, ce moment est magnifique et précieux.
Et il confirme aussi, si besoin était, mais le rappeler
ne nuit pas, la grande qualité de la programmation de
la Maison de la Poésie depuis que Claude Guerre préside
à sa destinée. |