Bam ! Pour la première In Your Face Party, nous revoilà exilé au Fil ce vendredi soir. Pour une fois, j'arrive à l'heure, c'est moins par ma ponctualité que par le fait que la soirée commence à 21h. Après le passage des agents de sécurité zélés, direction le bar club pour un rafraichissement décent, c'est-à-dire une bonne Guinness. Sur la scène la DJ Barbara Novak (je vous épargne le vilain terme DJette) commence un set plutôt sympathique. Oscillant entre breakbeat et drum & bass, le 8-bit qui vient s’insinuer dans temps en temps colore les morceaux d'une ambiance jeu vidéo. Caché derrière ses nombreuses machines, elle fait rapidement remuer les têtes alors que le public est seulement attiré par le bar. Le talent n'attend pas le nombre des années pour cette petite qui n'est pas encore sortie du lycée. Cela se remarque d'ailleurs par la petite masse adolescente et stéréotypée qui s'assemble devant elle. Il va falloir garder un œil sur la miss à l'avenir car elle pourrait bien se faire un nom.
Après cet apéritif sonore, le public se dirige vers la grande salle qui peine à se remplir. Micromachine démarre son show sous les chapeaux de roues et nous en met plein les oreilles. Les 3 machinistes nous livrent du big drum & bass qui tache. Les grosses basses et le rythme effréné gagnent les faveurs de la foule. Les dreadeux près de la scène commencent à se secouer, mais l'ensemble de la foule n'est pas des plus démonstratifs. Les deux claviers varient les fringues et les accessoires en fonction des morceaux mais cela reste très cheap. Un petit interlude antimilitariste mal goupillé vient casser le rythme. Heureusement le VJ qui les accompagne assure un très bon visuel sur le grand écran central. Les images développent une esthétique abstraite et industrielle sur un rythme syncopé voire épileptique qui sert à merveille la musique. Sur quelques morceaux une sorte de Pokémon à dread vient poser sa jolie voix. Son style de chant sombre, presque lyrique détonne complètement avec la musique et le doute est permis sur la pertinence de son apport aux micromachines. Dans l'ensemble, c'est une bonne prestation pour le groupe de Valence même si elle ne marquera pas les mémoires.
Après un nouveau passage par le bar club et le son plaisant de Barbara Novak, nous retournons dans la grande salle pour le clou de la soirée, j'ai nommé Maniacx ! Ces trois zinzins de l'espace originaire de Cannes nous délivrent un furieux mélange entre crunk, big beat électro, 8-bits et rock ! L’effet est dévastateur et au son du tube "rime’s shot" la foule timide et clairsemée semble plus nombreuse et saute à présent dans tous les sens. Puisant sa source dans les jeux vidéo, leur univers loufoque conquiert le public aisément grâce à l’immense énergie qu’ils déploient sur la scène devant ou derrière leurs immense ghettos-blasters qui leur servent de tables. Les loustiques se métamorphosent en rockeur des années 80 sur le titre "I want a mullet" pour ensuite revenir armés de gros pistolets à eau, faisant feu sur tout ce qui bouge, eux y compris. Les morceaux s’enchaînent au fil des spectateurs qui exécutent des slams expéditifs voire plongeants. Le concert se termine avec l’arrivée de mister "boule à facette" et d’un ours géant qui apportent encore un peu plus de folie sur la scène. Un condensé jouissif qu’on aurait voulu voir durer plus longtemps.
Après un dernier entracte délivré par Barbara, c’est au tour du dernier groupe Tambour battant de venir nous en mettre plein la face. A la croisée de leurs influences, le duo délivre une musique entre gros concert rock et big beat de club à l’accent hip-hop, et le BPM devient si serré qu’il en devient hypnotique. Assurément Tambour battant est le groupe qui en a le plus dans le ventre, s’ils ne possèdent pas la présence scénique des Maniacx, ils ont la fureur du beat. Ils varient les plaisirs en explorant les possibilités de leurs samples et de leurs machines donnant des accents variés à chacun de leurs morceaux qui permettraient presque de cataloguer tous les sous-genres de l’électro. Malgré un set excellent, le malheur pour eux, c’est qu’à 2h du matin, après 5h de musique non-stop, le public commence à s’essouffler et la ferveur présente sur Maniacx s’évanouit doucement devant les tambours. Durant la dernière partie du concert, on retrouve alors quasiment autant de monde côté bar que côté scène. On aperçoit en fait les limites du format de la soirée, salle trop grande pour le public rassemblé, durée trop longue pour sa faible endurance, horaires pas forcément évidents non plus.
La fin de la soirée se termine dans le bar club avec le Dj set de Metastaz. Son style électro-dub passe à vrai dire un peu inaperçu. La raison principale étant que la majeure partie du public, discute, flirte, boit et rit devant le bar, n’écoutant plus vraiment attentivement la musique. Dommageable pour Metastaz. Cette ambiance est une première pour moi au Fil. Souffrant habituellement de sa position excentrée, de l’aspect salle de concert manquant de chaleur, le Fil réussit à se transformer en un lieu de vie intense, l’hôte d’une "party" vraiment réussie ! La musique et le débit de boisson s’interrompent à 4h du matin, forçant les gens à rejoindre leurs pénates pour finir dignement leur soirée. On attendra avec impatience le renouvellement d’une soirée de ce genre ! |